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Suis-je un homme si je ne suis pas un citoyen ?

Publié le 27/02/2005

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  II.            La cité, lieu d'autoréalisation de l'homme en ce qu'il accède à ses plus hautes facultés   Lorsque Aristote définit l'homme comme un « animal politique », il nous permet de réintroduire du devenir dans la condition humaine. Aristote parle d'animal au sens grégaire, au sens social, comme on parle des abeilles. A ceci près que l'homme peut ajouter une mise en commun du langage, qui lui permet de définir le statut du juste et de l'injuste.       On commence par naître homme. Mais on n'accède véritablement à sa condition d'homme que lorsque l'on se réalise en dehors de la sphère individuelle privée : les formes de sociabilités sont d'abord la famille, puis le village, puis la polis. La cité, la communauté politique, est le seul endroit où l'homme peut se réaliser pleinement parce que c'est dans la polis que la communauté cherche le bien vivre.   Donc l'inscription dans la vie de la cité est le facteur essentiel de l'autoréalisation de l'homme.   Le citoyen comme membre de la communauté politique est-il une définition suffisante au vu de ce que la polis représente dans le processus d'épanouissement de l'homme ?     III.

  L’homme n’est pas seulement l’individu, il est aussi l’espèce. L’homme, bien que conscient de sa particularité, a conscience de son appartenance à un groupe, groupe qui dès lors l’encadre dans une définition conséquente. L’homme ainsi serait cet être social, dont la vie pratique (éthique, morale) serait le reflet des exigences imposées par le groupe. La vie de l’homme, en ce sens, serait constamment guidée par cette définition sous-jacente de l’homme social, de citoyen, définition « normative « tellement intégrée (et évidente) qu’elle n’exercerait plus aucune contrainte sur lui. L’homme comme individu se voit et se sait homme par le groupe qui le maintient en tant qu’homme. En ce sens la définition s’intègre à la vie, et l’absence de l’une est aussi l’absence de l’autre. Par ailleurs, l’homme dans sa particularité peut et doit vivre avant de remettre en cause, s’il le peut, sa condition d’homme défini. Ainsi, l’homme peut-il vivre (et surtout rester homme !) en s’échappant de ce qui semble au premier abord le définir comme tel ?  

« Introduction L'homme n'est pas seulement l'individu, il est aussi l'espèce.

L'homme, bien que conscient de sa particularité, a conscience de son appartenance à ungroupe, groupe qui dès lors l'encadre dans une définition cons équente.

L'homme ainsi serait cet être social, dont la vie pratique (éthique, morale) s erait lereflet des exigences imposées par le groupe.

La vie de l'homme, en ce sens, s erait constamment guidée par cette définition sous-jacente de l'homme social,de citoyen, définition « normative » tellement intégrée (et évidente) qu'elle n'exercerait plus aucune contrainte sur lui.

L'homme comme individu se voit etse sait homme par le groupe qui le maintient en tant qu'homme.

En ce sens la définition s'intègre à la vie, et l'absence de l'une est aussi l'absence del'autre.

Par ailleurs , l'homme dans sa particularité peut et doit vivre avant de remettre en cause, s'il le peut, sa condition d'homme défini.

A insi, l'hommepeut-il vivre (et surtout rester homme !) en s'échappant de ce qui semble au premier abord le définir comme tel ? I.

De la nature politique à la raison éthique : condition d'une définition de l'homme chez Aristote a.

Aristote donne une définition de l'homme dans les Politiques (I, 2).

C'est en voulant démontrer la naturalité de la cité qu'Aristote en vient à définir l'homme.

C ette première définition permet de mesurer ce que signifie le concept de naturehumaine, en tant qu'il rend compte aussi bien de la différence spécifique de l'humanité que de sa significationtéléologique : « […] ce que chaque chose, en effet, est une fois que sa genèse est complètement achevée, c'est c ela quenous disons être la nature de cette chose, par exemple la nature d'un homme […].

Il es t manifeste, à partir de cela, que lacité fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité,naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain [..] » (I, 2,1252b-1253a).

On comprend ici que l'humanité s'accomplit dans une certaine perfection du développement qui excèdel'individu et vise la collectivité : l'humanité est bien la définition de l'homme, au s ens où l'individu humain ne s'accomplitque génériquement.

A insi du genre animal, l'homme est l'espèce politique.

L'homme est cette espèce animale qui doitréaliser sa propre s pécificité.

b. C ela nous oblige à comprendre l'a-politicité comme inhumanité : si l'humanité est cette différence spécifique de l'animal qui ne se réalise que dans la c ité, tout être animal qui se soustrait à cet accomplissement ne peut être qu'infra ousupra humain (selon la formulation de 1253a30 : « soit une bête, soit un dieu »).

L'humanité de l'homme semble doncrésider à la fois dans un accomplissement historique (collectif) et dans un c hoix pratique (individuel).

Dès lors sans cetaccomplissement, selon Aristote, l'homme peut se trouver déchu de sa propre spécificité, et se retrouver être autrequ'homme : inférieur ou supérieur.

Mais l'humanité de l'homme est indis solublement une disposition naturelle et saréalis ation dans une histoire.

Et c'est le langage qui sera chez l'homme la disposition s pécifique qui, parmi les animaux, enfait celui qui doit réaliser sa propre spécificité dans la cité : « seul parmi les animaux l'homme a un langage […].

Le langage existe en vue de manifester l'avantageux et le nuisible, et par suite aussi le juste et l'injuste.

Il n'y a en effet qu'une chose qui soit propre aux hommes parrapport aux autres animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l'injuste et des autres notions de ce genre.

Or avoir detelles notions en commun, c'est ce qui fait une famille et une c ité ( Politiques , 1253a15).

Ainsi l'humanité désigne en l'homme son éthicité, sa moralité (ils possèdent les notions de valeurs morale) et sa participation a une communauté.

C ela signifie que le genre humain est, du point de vue simplement physique(naturel), la somme des générations biologiques des animaux humains, mais qu'il es t également, du point de vue rationnel, la fin que doivent viser lesindividus qui composent ces générations pour ac tualiser en eux leur propre définition.

Sans cette double dimension (physique et rationnelle), l'homme seraitincomplet, il ne serait pas proprement « homme ».

II.

Pour une dignité de l'homme a.

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 affirme que « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » (art.

1) et l'article 2 stipule que « Le but de toute association politique es t la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme.

Ces droits sont laliberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression ».

J.

Bentham va relire cette Déclaration , et montrer le trouble qui pèse s ur la terminologie même du texte (voir Sophismes anarchiques ).

Ainsi, selon le « P réambule », est citoyen une personne engagée dans un C orps politique ; et par homme ? Qu'entendent-ils ? Ceux peut-être qui ne sont pas engagés, membres d'une société politique (dans l'état de nature ?..).

Bentham se demande alors cequ'est l'homme dans tout cela.

Par la suite, il distingue l'objet et les motifs dans ce préambule : l'objet c 'est d'exposer des droits naturels, inaliénables etsacrés de l'homme, des droits fondés sur la nature de l'homme, essentiels à l'homme, « sans lesquels il ne saurait exister sans cesser d'être ce qu'il est » ;il ne peut violer ces droits, au risque de commettre un sacrilège.

M ais ces droits s ont-ils vraiment compatibles avec le maintien d'une C onstitution ?Réclamer ces droits en tant que c itoyen, n'est-ce pas réclamer l'anarchie ? « Le fait est qu'il n'y a point de droits naturels , nous dit Bentham – point dedroits antérieurs à l'institution des Gouvernements .

L'expres sion droit naturel est purement figurative (imagée) », illusoire, et ne saurait caractériser l'individu à l'état de nature, individu sans droits ni lois ; la liberté n'a pas ce frein qu'est le gouvernement, mais elle est incertaine c ar elle est soumise àl'oppression continuelle du plus fort.

Ainsi pas de droits sans gouvernements .

Parler de droits naturels est pétition de principe : « S'il y avait eu des droitsnaturels, ils auraient agi sur les hommes comme l'ins tinct sur les abeilles, qui ne peuvent pas s'en écarter ».

b.

Kant a voulu de son côté montrer le caractère inaliénable de la personne humaine.

les personnes sont en effet pour Kant « des fins en soi » ; il opère une distinction qui ne manquera pas de nous avertir : « Les êtres dont l'existence dépend non pas de notre volonté, maisde la nature, n'ont cependant, quand c e sont des êtres dépourvus de raison, qu'une valeur relative, celle de moyens, etvoilà pourquoi on les nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leurnature les désigne déjà comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelque chose qui ne peut pas être employésimplement comme moyen, quelque chose qui par suite limite d'autant toute faculté d'agir c omme bon nous semble (et quiest un objet de respect) » ( Fondements de la Métaphysique des mœurs , 2e section, 1785).

Il y a bien pour Kant un « principe pratique suprême », un « impératif catégorique » capable de rendre compte de cette détermination fondamentalementhumaine, et il l'affirme comme suit : « A gis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta pers onne que dans lapersonne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen ».

L'homme ainsi,dans tout usage de sa personne, a le devoir et le droit de rester libre, et ce quelque soit sa position, savoir s'il sert ou s 'ilest servi.

Conclusion Ainsi on est toujours homme avant d'être citoyen puisque la définition du citoyen n'est déterminable qu'en tant qu'on aaffaire à des hommes raisonnables et capables de s'associer.

L'A ntiquité, certes, en attribuant à l'esclave l'épithète de« bête », ou à l'étranger celui de barbare (puisqu'on appelait « barbare » ce qui n'était pas de leur usage, pour reprendre lemot de Montaigne).

En 1510 enc ore, à travers la controverse de V alladolid, on se demandait si les indiens d'A mériqueavaient ou non une âme, s'ils étaient hommes ou animaux.

Pourquoi devoir associer le fait d'être homme à celui d'êtrecitoyen quand avant même d'être avec autrui, on est une subjectivité pensante, ressentant, faisant l'épreuve de laconscience de soi, que l'on soit seul ou acc ompagné.

C'est bien ce caractère rationnel propre au sujet pensant qui fait del'homme ce qu'il peut être (citoyen ou non ; son adaptation es t à tout épreuve) et ce qu'il s'est choisi (rester citoyen oufuir afin de vivre seul par exemple dans la forêt au milieu des bêtes sauvages ; voir le film par exemple Into the Wild de Sean Penn).. »

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