Devoir de Philosophie

pas de méthode.

Publié le 31/10/2013

Extrait du document

pas de méthode. « C'est là aussi que se situe une Réponse à Monsieur de Lamartine, Lamartine dont il avait peu apprécié certaines charges contre le Consulat et l'Empire. S'y ajoute un texte sur le Clergé et l'État qui révèle chez cet omme -- dont la captivité a pourtant ranimé et affermi la foi -- une profonde aversion pour un catholicisme politique auquel, tout au long de ses années de pouvoir, il sera néanmoins amené à faire bien des concessions: « Les ministres de la Religion en France sont, en général, opposés aux doctrines démocratiques; leur permettre d'élever sans contrôle des écoles, c'est leur permettre d'enseigner au peuple la haine de la révolution et de la iberté. « n imagine, devant cet exposé de sa pensée, ce que durent être ses sentiments quand, plus tard, il lui fallut laisser voter la loi Falloux dont l'objet était si évidemment à l'opposé de ses intimes convictions. our l'heure, l'activité de Louis Napoléon prend aussi la forme de multiples articles qu'il adresse au Progrès du as-de-Calais, au Guetteur de Saint-Quentin, au Journal du Loiret, au Journal du Maine-et-Loire. Aucune publication n'est trop modeste quand il s'agit de propager ses idées, dans le domaine militaire, par exemple. C'est par cette obscure voie qu'il fait connaître sa conception d'une armée d'un million et demi d'hommes, qui comprendrait un corps professionnel représentant le cinquième de l'effectif, et, en réserve, outre la garde nationale, un contingent constitué sur la base d'un service de quatre ans. Mais les années de Ham, d'abord et surtout, lui ont fourni l'occasion de préciser et de fortifier ses idées économiques et sociales, et de définir en ces domaines une ligne de conduite dont il ne se départira jamais. Cela fait longtemps qu'il a reconnu et célébré l'importance, voire le primat, de l'économie. Déjà, dans les Idées napoléoniennes, il annonce que « le temps des conquêtes est passé et ne peut revenir« et que « l'on entrevoit, à travers la gloire des armes, une gloire civile plus grande et plus durable «. Et quand il proclame fièrement que son oncle fut« César « et que lui veut être « Auguste «, il ne dit pas autre chose. Reste à déterminer les objectifs au service desquels doit être mis le développement économique. C'est dans ce contexte que se situe, en 1844, la rédaction du livre qui est probablement son oeuvre majeure, et qui, en tout cas, exprime le mieux sa pensée, l'Extinction du paupérisme. L'intérêt manifeste de Louis Napoléon pour la classe ouvrière -- intérêt original et même à proprement parler scandaleux dans le contexte de l'époque -- trouve son origine aussi bien dans une inclination de caractère personnel et sentimental que dans une sorte d'intuition historique. Son inclination, par certains côtés, s'apparente à de la commisération: il a été touché par les difficultés sans nombre qu'éprouve le monde du travail, et par ses conditions de vie qui lui paraissent intolérables. Mais, toute compassion mise à part, il éprouve aussi une évidente sympathie pour le petit peuple des ouvriers et artisans, dont il sait que, par deux fois -- en 1814 et 1815 --, ils ont voulu défendre Paris, alors que tant de dignitaires et de bourgeois -- sa mère la première -- ne songeaient qu'à composer... Quant à son intuition, elle consiste à pressentir la force politique que va représenter un tel groupe, et la menace qu'il pourrait faire peser sur l'avenir national si l'on refusait de prendre en compte ses intérêts. Bref, Louis Napoléon est aussi sensible au rôle nouveau que va jouer la classe ouvrière qu'il est touché par la misère dans laquelle on la tient. Encore faut-il aller plus loin, construire une théorie et définir une politique. Pour cela, il a beaucoup lu: d'abord, et depuis longtemps, Saint-Simon, le comte et non le duc... C'est Narcisse Vieillard qui le lui a fait découvrir; mieux encore, qui lui en a facilité l'accès et l'a initié à sa compréhension. « Jusqu'à présent, lui écrit Louis Napoléon, toutes les fois que j'ai entrepris une discussion saint-simonienne, j'ai parlé de votre doctrine comme un aveugle de couleurs... « Il n'est plus aveugle, Saint-Simon et son disciple lui ont dessillé les yeux. Encore possède-t-il assez de sens critique pour ne retenir de la « révélation « que ce qui pourra éclairer son action future. Il élimine donc le superflu et reste étranger à tout ce qui fait du saint-simonisme une sorte de religion, l'ébauche d'un système totalitaire, un quasi-intégrisme. Ce qu'il en retient, c'est un certain idéalisme humanitaire et l'affirmation que les préoccupations économiques et sociales doivent tenir désormais un rang prioritaire dans le gouvernement des hommes. Et cela répond bien à sa propre conviction : « La France est un vaste pays, puissant, plein de ressources et de richesses, mais sordidement géré. « Il y a là un défi qu'il est d'autant plus décidé à relever que, pense-t-il, l'influence de la France sera proportionnelle à son rôle économique et à sa capacité de préserver un équilibre social. Saint-Simon a été le tout premier à évoquer « l'exploitation de l'homme par l'homme «. Louis Napoléon est persuadé, avec lui, que la façon la plus efficace de lutter contre le paupérisme, c'est l'industrialisation et l'équipement économique. Mais, comme lui, il ne croit tout de même pas possible d'obtenir l'amélioration de la condition ouvrière par le seul accroissement de la prospérité générale. Il faut davantage pour atteindre le «grand but de l'amélioration la plus rapide possible du sort de la classe la plus pauvre «. Louis Napoléon estimera donc -- et de plus en plus, au fur et à mesure qu'il sera confronté aux réalités -- que des dispositions spécifiques s'imposent et que le progrès social ne saurait résulter seulement du progrès économique. Il creuse ainsi l'idée d'une association du capital et du travail, se plaçant du même coup dans la lignée de ce socialisme évolutif et national, parfois quelque peu anarchiste, des premiers théoriciens français. Entre Marx et lui, le divorce est donc total. Comme l'a écrit excellemment le général Georges Spillmann, « dès le début, Marx tient pour dangereuses et radicalement fausses les vues de Louis Napoléon, qu'il qualifie 'enfantines, d'utopiques, de nuageuses. Ce prince qui prétendait réconcilier les abeilles prolétariennes et les relons capitalistes ne lui disait rien qui vaille «. version largement partagée au demeurant. Louis Napoléon n'éprouve aucune sympathie pour Marx. L'antisémitisme outrancier de ce juif converti, petitfils de rabbin, le choque profondément et il tient son "Pamphlet sur la question juive", écrit et publié à Paris en 1844, pour une mauvaise action. Bref, il y a entre les deux hommes antinomie complète. Plus tard, Marx reprochera d'ailleurs à Napoléon III ses excellentes relations avec les grands capitalistes juifs, tels les othschild, les Pereire, les Fould. « u fort de Ham, Louis Napoléon n'a pas restreint le champ de ses lectures. Il a lu Adam Smith et Jean-Baptiste ay. Il a découvert l'Organisation du travail de Louis Blanc et consulté régulièrement les livraisons de l'Atelier, ui était alors l'organe de l'élite ouvrière. C'est dire, si l'on considère qu'il a étudié aussi Pierre Joseph roudhon, le père Enfantin, Victor Considérant et Pierre Leroux, qu'il n'y a pas un auteur, pas une analyse, pas ne proposition économique ou sociale de l'époque qui ait échappé à son attention et dont il n'ait pris la esure. e résultat, ce sera donc l'Extinction du paupérisme. On a souvent dit que ce livre valait moins par son ontenu que par son titre, en forme de slogan, et que l'important, c'est qu'il ait été écrit, non qu'il ait été lu. e n'est sans doute pas tout à fait inexact. ourtant, l'ouvrage ne vaut pas que par l'intention et la détermination qu'il exprime. Si certaines de ses ropositions peuvent prêter à discussion et sembler carrément irréalistes, beaucoup de ses analyses ne euvent manquer d'impressionner encore par leur exactitude et leur modernité. éduit à l'essentiel, le projet du livre ressemble à une véritable proclamation: «La classe ouvrière n'est rien, il aut la rendre propriétaire. Elle n'a de richesse que ses bras, il faut donner à ces bras un emploi utile pour tous. lle est comme un peuple d'ilotes au milieu d'un peuple de sybarites. Il faut lui donner une place dans la société t attacher ses intérêts à ceux du sol. Enfin, elle est sans organisation et sans liens, sans droits et sans avenir: il faut lui donner des droits et un venir et la relever à ses propres yeux par l'association, l'éducation, la discipline. « omment s'étonner, dès lors, de ce que sera la politique sociale de Louis Napoléon? Comment s'étonner aussi e l'attraction qu'un tel discours exercera, un jour ou l'autre, sur une partie non négligeable de la classe uvrière? Comment s'étonner enfin de l'ampleur des suffrages populaires qui se porteront sur lui, lors de sa andidature à la magistrature suprême? ourtant il ne s'agit pas de simples rêveries ou d'un catalogue de bonnes intentions. Louis Napoléon, quoi qu'on n ait dit, sait être réaliste et ne se paye pas de mots. Qu'on en juge: «Les Caisses d'Épargne sont utiles sans oute pour la classe aisée des ouvriers, mais pour la classe la plus nombreuse, qui n'a aucun moyen de faire es économies, ce système est complètement insuffisant. Vouloir, en effet, soulager la misère des hommes qui 'ont pas de quoi vivre en leur proposant de mettre tous les ans de côté un quelque chose qu'ils n'ont pas est ne dérision ou une absurdité... « e même, il y a tout lieu d'être frappé par la qualité de son analyse de la question fiscale, à la faveur de aquelle, dans des lignes remarquablement écrites, il pose le principe d'une véritable politique des revenus. Le prélèvement de l'impôt peut se comparer à l'action du soleil qui absorbe les vapeurs de la terre pour les épartir ensuite, à l'état de pluie, sur tous les lieux qui ont besoin d'eau pour être fécondés et pour produire. orsque cette restitution s'opère régulièrement, la fertilité s'ensuit, mais lorsque le ciel, dans sa colère, déverse artiellement en orages, en trombes et en tempêtes, les vapeurs absorbées, les germes de production sont étruits et il en résulte la stérilité... C'est toujours la même quantité d'eau qui a été prise et rendue. La répartition eule fait donc la différence. Équitable et régulière, elle crée l'abondance; prodigue et partielle, elle amène la isette. Il en est de même d'une bonne ou mauvaise administration. Si les sommes prélevées chaque année sur la énéralité des habitants sont employées à des usages improductifs, comme à créer des places inutiles, à élever es monuments stériles, à entretenir au milieu d'une paix profonde, une armée plus dispendieuse que celle qui ainquit à Austerlitz, l'impôt, dans ce cas, devient un fardeau écrasant, il épuise le pays, il prend sans rendre... C'est dans le budget qu'il faut trouver le premier point d'appui de tout système, qui a pour but le soulagement de la classe ouvrière. « Le point de savoir si Louis Napoléon se situe bien, comme nous l'avons dit, dans le lignage des premiers ocialistes français, prête à discussion. Germain Bapst n'en doute pas, qui le considère comme un socialiste vant l'heure, un socialiste dont la source d'inspiration est d'ordre sentimental et philanthropique. drien Dansette, tout en lui rendant justice, est beaucoup moins affirmatif. Dans la revue de l'Institut Napoléon, l a présenté sa façon de voir: Ce qui est intéressant pour nous dans ce projet, c'est moins les parcelles d'avenir qu'on peut y trouver (les olonies agricoles de l'Extinction du paupérisme n'apparaissent-elles pas comme une ébauche des kibboutz sraéliens d'aujourd'hui, et leurs prud'hommes comme les ancêtres de nos délégués d'entreprise?) que ce qu'elles révèlent des tendances sociales du futur empereur. D'abord son projet n'est ni socialiste, ni révolutionnaire. Il n'est pas socialiste puisqu'il laisse subsister 'économie capitaliste, l'économie du profit, non seulement dans l'ensemble de la société, mais au sein même es colonies agricoles. Il n'est pas révolutionnaire, puisqu'il n'est pas le fruit d'un bouleversement brutal, mais 'une réforme progressive. Il est démocratique puisqu'il fait appel au suffrage universel. Il est aussi étatiste et ilitaire par le caractère de l'organisation qu'il prévoit. « otons, une fois encore, que les analogies avec la pensée de Charles de Gaulle sont évidentes. Francis Choisel les a remarquablement mises en relief: « Les principes économiques et les idées sociales du onapartisme et du gaullisme ne leur sont guère propres. Empruntés au libéralisme ou au socialisme saintimonien et au catholicisme social et libéral, ou les rejoignant, ils se combinent malgré tout en un ensemble riginal tel qu'il ne se confond avec aucun autre projet économique et social. Du libéralisme, ils se distinguent ar leur souci de l'épanouissement de l'homme et du bien-être matériel des plus faibles; du socialisme, ils ejettent l'omnipotence de l'État et l'irréalisme de bien des solutions; du saint-simonisme, ils se séparent par la réoccupation nationale et le refus de voir en l'économie le seul objet d'un gouvernement; du catholicisme ocial, ils retranchent la référence explicite à l'Évangile et le paternalisme charitable et clérical. « n retrouve ainsi, à un siècle de distance, une même critique à l'égard de la société industrielle et du apitalisme libéral, et un même rejet du socialisme; une commune mystique du rôle économique de l'État, qui 'exclut pas l'adhésion à l'idéal du libre-échange; une même exigence de progrès social et une même volonté e mettre un terme à l'affrontement entre patrons et ouvriers. omment s'en étonner, dès lors que l'économie n'est pour les deux hommes qu'un moyen à mettre au service e la France? Chacun d'eux, si séparés qu'ils soient dans le temps, exprime à ce sujet la même chose. ue dit Charles de Gaulle à Michel Droit et aux téléspectateurs en 1968? « Il faut que le peuple français soit rospère. Il le faut parce que, s'il n'est pas prospère, la France [...] ne pourrait pas jouer son rôle dans le monde 'aujourd'hui. « t Louis Napoléon lui a donné son accord par avance, le 31 août 1849, lorsqu'il déclare au cours du banquet de lôture d'une exposition: « Aujourd'hui, c'est par le perfectionnement de l'industrie, par les conquêtes du ommerce, qu'il faut lutter avec le monde entier. « t quand de Gaulle renchérit en soulignant que « le but de l'effort pour la prospérité n'est pas tant de rendre la ie commode à tels ou tels Français que de bâtir l'aisance, la puissance et la grandeur de la France «, Louis apoléon l'a anticipé en évoquant « le travailleur des villes qui, par l'industrie et le commerce, contribue à la gloire et à la prospérité du pays «. 'économie, ils la conçoivent l'un et l'autre comme un système mixte, empruntant le meilleur du socialisme et du ibéralisme, et dans lequel, par définition, le progrès économique et le progrès social sont des objectifs ndissolublement liés. L'État est certes un animateur et un garant, mais il ne saurait pour autant se substituer ux entreprises. C'est Louis Napoléon qui, au cours de la campagne présidentielle de 1848, présente cette ision des choses dont l'actualité est évidente et la vérité sans doute démontrée. l faut, précise-t-il - et qui aujourd'hui lui donnerait tort? --, «éviter cette tendance funeste qui entraîne l'État à xécuter lui-même ce que les particuliers peuvent faire aussi bien et mieux que lui «. partir de là, les deux hommes suivent un même chemin. Ils parviennent à se dégager d'un certain nombre de tabous, tels que le droit de propriété, pour aborder ardiment le problème de la modification nécessaire des rapports sociaux. Et leur sentiment s'exprime dans des ermes pratiquement identiques: ouis Napoléon, dans les Idées napoléoniennes, souligne que « l'esprit de propriété est par lui-même nvahissant et exclusif. La Révolution affranchit la terre. La propriété du sol avait eu ses vassaux et ses serfs. ais la nouvelle propriété de l'industrie, s'agrandissant journellement, tendait à passer par les mêmes phases ue la première et à avoir comme elle ses vassaux et ses serfs «.

« Louis Napoléon estimeradonc—etde plus enplus, aufur etàmesure qu'ilsera confronté auxréalités —que des dispositions spécifiquess'imposentetque leprogrès socialnesaurait résulter seulement duprogrès économique.

Ilcreuse ainsil'idée d'une association ducapital etdu travail, seplaçant dumême coupdansla lignée decesocialisme évolutifetnational, parfoisquelque peuanarchiste, despremiers théoriciens français. Entre Marxetlui, ledivorce estdonc total.Comme l'aécrit excellemment legénéral Georges Spillmann, «dès le début, Marxtientpour dangereuses etradicalement fausseslesvues deLouis Napoléon, qu'ilqualifie d'enfantines, d'utopiques,denuageuses.

Ceprince quiprétendait réconcilier lesabeilles prolétariennes etles frelons capitalistes neluidisait rienquivaille ». Aversion largement partagéeaudemeurant. « Louis Napoléon n'éprouve aucunesympathie pourMarx.

L'antisémitisme outrancierdecejuif converti, petit- fils derabbin, lechoque profondément etiltient son "Pamphlet surlaquestion juive",écritetpublié àParis en 1844, pourunemauvaise action.Bref,ily a entre lesdeux hommes antinomie complète.Plustard, Marx reprochera d'ailleursàNapoléon IIIses excellentes relationsaveclesgrands capitalistes juifs,telsles Rothschild, lesPereire, lesFould.

» Au fort deHam, Louis Napoléon n'apas restreint lechamp deses lectures.

Ila lu Adam SmithetJean-Baptiste Say.

Ila découvert l'Organisation dutravail deLouis Blanc etconsulté régulièrement leslivraisons del'Atelier, qui était alors l'organe del'élite ouvrière.

C'estdire,sil'on considère qu'ilaétudié aussiPierre Joseph Proudhon, lepère Enfantin, VictorConsidérant etPierre Leroux, qu'iln'yapas unauteur, pasune analyse, pas une proposition économique ousociale del'époque quiaitéchappé àson attention etdont iln'ait prisla mesure. Le résultat, cesera donc l'Extinction dupaupérisme.

Onasouvent ditque celivre valait moins parson contenu queparson titre, enforme deslogan, etque l'important, c'estqu'ilaitété écrit, nonqu'il aitété lu. Ce n'est sans doute pastout àfait inexact. Pourtant, l'ouvragenevaut pasque parl'intention etladétermination qu'ilexprime.

Sicertaines deses propositions peuventprêteràdiscussion etsembler carrément irréalistes, beaucoupdeses analyses ne peuvent manquer d'impressionner encoreparleur exactitude etleur modernité. Réduit àl'essentiel, leprojet dulivre ressemble àune véritable proclamation: «Laclasse ouvrière n'estrien,il faut larendre propriétaire.

Ellen'aderichesse quesesbras, ilfaut donner àces bras unemploi utilepour tous. Elle estcomme unpeuple d'ilotes aumilieu d'unpeuple desybarites.

Ilfaut luidonner uneplace danslasociété et attacher sesintérêts àceux du sol.

Enfin, elleestsans organisation etsans liens, sansdroits etsans avenir: ilfaut luidonner desdroits etun avenir etlarelever àses propres yeuxparl'association, l'éducation,ladiscipline.

» Comment s'étonner, dèslors, deceque sera lapolitique socialedeLouis Napoléon? Comments'étonneraussi de l'attraction qu'unteldiscours exercera, unjour oul'autre, surune partie nonnégligeable delaclasse ouvrière? Comment s'étonnerenfindel'ampleur dessuffrages populaires quiseporteront surlui,lors desa candidature àla magistrature suprême? Pourtant ilne s'agit pasdesimples rêveries oud'un catalogue debonnes intentions.

LouisNapoléon, quoiqu'on en aitdit, sait être réaliste etne sepaye pasdemots.

Qu'on enjuge: «LesCaisses d'Épargne sontutiles sans doute pourlaclasse aiséedesouvriers, maispourlaclasse laplus nombreuse, quin'aaucun moyen defaire des économies, cesystème estcomplètement insuffisant.Vouloir,eneffet, soulager lamisère deshommes qui n'ont pasdequoi vivre enleur proposant demettre touslesans decôté unquelque chosequ'ilsn'ontpasest une dérision ouune absurdité...

» De même, ily a tout lieud'être frappé parlaqualité deson analyse delaquestion fiscale,àla faveur de laquelle, dansdeslignes remarquablement écrites,ilpose leprincipe d'unevéritable politiquedesrevenus. « Le prélèvement del'impôt peutsecomparer àl'action dusoleil quiabsorbe lesvapeurs delaterre pourles répartir ensuite, àl'état depluie, surtous leslieux quiont besoin d'eaupourêtrefécondés etpour produire. Lorsque cetterestitution s'opèrerégulièrement, lafertilité s'ensuit, maislorsque leciel, dans sacolère, déverse partiellement enorages, entrombes eten tempêtes, lesvapeurs absorbées, lesgermes deproduction sont détruits etilen résulte lastérilité...

C'esttoujours lamême quantité d'eauquiaété prise etrendue.

Larépartition seule faitdonc ladifférence.

Équitableetrégulière, ellecrée l'abondance; prodigueetpartielle, elleamène la disette. « Ilen est demême d'unebonne oumauvaise administration.

Siles sommes prélevées chaqueannéesurla généralité deshabitants sontemployées àdes usages improductifs, commeàcréer desplaces inutiles, àélever des monuments stériles,àentretenir aumilieu d'unepaixprofonde, unearmée plusdispendieuse quecelle qui vainquit àAusterlitz, l'impôt,danscecas, devient unfardeau écrasant, ilépuise lepays, ilprend sansrendre...

C'estdanslebudget qu'ilfauttrouver le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles