[26] et livrés tout entiers aux humiliations du divin.
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« Elle explique, elledonne uneforme àl'espoir. Lecréateur nepeut pluss'en séparer. Ellen'est paslejeu tragique qu'elledevaitêtre.Elledonne unsens àla vie del'auteur. Il est singulier entout cas,quedes œuvres d'inspiration parentecommecellesdeKafka, Kierkegaard ou Chestov, cellespourparler bref,desromanciers etphilosophes existentiels, toutentières tournées vers l'absurde etses conséquences, aboutissentenfin decompte àcet immense crid'espoir. Ils embrassent leDieu quilesdévore. C'estparl'humilité quel'espoir s'introduit. Carl'absurde de cette existence lesassure unpeu plus delaréalité surnaturelle. Silechemin decette vieaboutit àDieu, il y adonc uneissue. Etlapersévérance, l'entêtementaveclesquels Kierkegaard, Chestovetles héros de Kafka répètent leursitinéraires sontungarant singulier dupouvoir exaltant decette certitude [29] . Kafka refuse àson dieu lagrandeur morale,l'évidence, labonté, lacohérence, maisc'est pourmieux se jeter danssesbras. L'absurde estreconnu, accepté, l'hommes'yrésigne etdès cetinstant, noussavons qu'il n'est plusl'absurde. Dansleslimites delacondition humaine,quelplusgrand espoir quecelui qui permet d'échapper àcette condition ? Jelevois unefois deplus, lapensée existentielle, contrel'opinion courante, estpétrie d'uneespérance démesurée, celle-làmêmequi,avec lechristianisme primitifet l'annonce delabonne nouvelle, asoulevé lemonde ancien. Maisdanscesaut quicaractérise toutepensée existentielle, danscetentêtement, danscetarpentage d'unedivinité sanssurface, comment nepas voir la marque d'unelucidité quiserenonce ? Onveut seulement quecesoit unorgueil quiabdique poursesauver. Ce renoncement seraitfécond. Maiscecinechange pascela. Onnediminue pasàmes yeux lavaleur morale delalucidité enladisant stérile comme toutorgueil. Carunevérité aussi,parsadéfinition même, est stérile. Touteslesévidences lesont. Dansunmonde oùtout estdonné etrien n'est expliqué, la fécondité d'unevaleur oud'une métaphysique estune notion videdesens. On voit icientout casdans quelle tradition depensée s'inscrit l'œuvredeKafka. Ilserait inintelligent en effet deconsidérer commerigoureuse ladémarche quimène du Procès auChâteau . Joseph K...et l'arpenteur K...sont seulement lesdeux pôles quiattirent Kafka [30] . Je parlerai commeluietjedirai quesonœuvre n'estprobablement pasabsurde. Maisquecela ne nous prive pasdevoir sagrandeur etson universalité. Ellesviennent decequ'il asu figurer avectant d'ampleur cepassage quotidien del'espoir àla détresse etde lasagesse désespérée àl'aveuglement volontaire. Sonœuvre estuniverselle (uneœuvre vraiment absurden'estpasuniverselle), danslamesure où s'y figure levisage émouvant del'homme fuyantl'humanité, puisantdanssescontradictions desraisons de croire, desraisons d'espérer danssesdésespoirs fécondsetappelant vieson terrifiant apprentissage de lamort. Elleestuniverselle parcequed'inspiration religieuse.Commedanstoutes lesreligions, l'homme yest délivré dupoids desapropre vie.Mais sije sais cela, sije peux aussi l'admirer, jesais aussi que jene cherche pascequi est universel, maiscequi est vrai. Lesdeux peuvent nepas coïncider. On entendra mieuxcettefaçon devoir sije dis que lapensée vraiment désespérante sedéfinit précisément parlescritères opposésetque l'œuvre tragique pourraitêtrecelle, toutespoir futurétant exilé, quidécrit lavie d'un homme heureux. Pluslavie est exaltante etplus absurde estl'idée dela perdre. C'estpeut-être icilesecret decette aridité superbe qu'onrespire dansl'œuvre deNietzsche. Dans cetordre d'idées, Nietzsche paraîtêtreleseul artiste àavoir tirélesconséquences extrêmesd'une esthétique del'Absurde, puisquesonultime message résidedansunelucidité stérileetconquérante et une négation obstinée detoute consolation surnaturelle. Ce qui précède aurasuffi cependant àdéceler l'importance capitaledel'œuvre deKafka danslecadre de cet essai. C'estauxconfins delapensée humaine quenous sommes icitransportés. Endonnant aumot son sens plein, onpeut direquetout dans cette œuvre estessentiel. Ellepose entout casleproblème »
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