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commun, chez moi bien dissimulé, celui des solennités mondaines.

Publié le 31/10/2013

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commun, chez moi bien dissimulé, celui des solennités mondaines. Elle m'en embrassa même spontanément d'émotion, ce qui lui arrivait rarement, je dois le dire. Et puis la mélancolie des choses à la mode révolues la touchait. hacun pleure à sa façon le temps qui passe. Lola c'était par les modes mortes qu'elle s'apercevait de la fuite des années. Ferdinand, demanda-t-elle, croyez-vous qu'il y en Voyage au bout de la nuit aura encore des courses dans ce champ-là ? -- Quand la guerre sera finie, sans doute, Lola... Cela n'est pas certain, n'est-ce pas ?... Non, pas certain... ette possibilité qu'il n'y eût plus jamais de courses à ongchamp la déconcertait. La tristesse du monde saisit les êtres comme elle peut, mais à les saisir elle semble parvenir resque toujours. Supposez qu'elle dure encore longtemps la guerre, erdinand, des années par exemple... Alors il sera trop tard pour moi... Pour revenir ici... Me comprenez-vous erdinand ?... J'aime tant, vous savez, les jolis endroits comme ceux-ci ... Bien mondains... Bien élégants... Il sera trop ard... Pour toujours trop tard... Peut-être... Je serai vieille alors, Ferdinand. Quand elles reprendront les éunions... Je serai vieille déjà... Vous verrez Ferdinand, il sera trop tard... Je sens qu'il sera trop tard... t la voilà retournée dans sa désolation, comme pour es deux livres. Je lui donnai pour la rassurer toutes les espérances auxquelles je pouvais penser... Qu'elle n'avait en omme que vingt et trois années... Que la guerre allait passer bien vite... Que les beaux jours reviendraient... Comme vant, plus beaux qu'avant. Pour elle au moins... Mignonne comme elle était... Le temps perdu ! Elle le rattraperait sans ommage !... Les hommages... Les admirations, ne lui manqueraient pas de sitôt... Elle fit semblant de ne plus avoir de peine pour me faire plaisir. -- Il faut marcher encore ? demandait-elle. -- Pour maigrir ? -- Ah ! c'est vrai, j'oubliais cela... Nous quittâmes Longchamp, les enfants étaient partis des alentours. Plus que de la poussière. Les permissionnaires pourchassaient encore le Bonheur, mais hors des futaies à présent, traqué qu'il devait être, le Bonheur, entre les terrasses de la Porte Maillot. Nous longions les berges vers Saint-Cloud, voilées du halo dansant des brumes qui montent de l'automne. Près du pont, quelques péniches touchaient du nez les arches, durement enfoncées dans l'eau par le charbon jusqu'au platbord. L'immense éventail de verdure du parc se déploie audessus des grilles. Ces arbres ont la douce ampleur et la force des grands rêve . Seulement des arbres, je m'en méfiais aussi depuis que j'étais passé par leurs embuscades. Un mort derrière chaque arbre. La grande allée montait entre deux rangées roses vers les fontaines. Voyage au bout de la nuit À côté du kiosque la vieille dame aux sodas semblait lentement rassembler toutes les ombres du soir autour de sa jupe. Plus loin dans les chemins de côté flottaient les grands cubes et rectangles tendus de toiles sombres, les baraques d'une fête que la guerre avait surprise là, et comblée soudain de silence. -- C'est voilà un an qu'ils sont partis déjà ! nous rappelait la vieille aux sodas. À présent, il n'y passe pas deux personnes par jour ici... J'y viens encore moi par l'habitude... On voyait tant de monde par ici !... Elle n'avait rien compris la vieille au reste de ce qui s'était passé, rien que cela. Lola voulut que nous passions auprès de ces tentes vides, une drôle d'envie triste qu'elle avait. Nous en comptâmes une vingtaine, des longues garnies de glaces, des petites, bien plus nombreuses, des confiseries foraines, des loteries, un petit théâtre même, tout traversé de courants d'air ; entre chaque arbre il y en avait, partout, des baraques, l'une d'elles, vers la grande allée, n'avait même plus ses rideaux, éventée comme un vieux mystère. Elles penchaient déjà vers les feuilles et la boue les tentes. Nous nous arrêtâmes auprès de la dernière, celle qui s'inclinait plus que les autres et tanguait sur ses poteaux, dans le vent, comme un bateau, voiles folles, prêt à rompre sa dernière corde. Elle vacillait, sa toile du milieu secouait dans le vent montant, secouait vers le ciel, au-dessus du toit. Au fronton de la baraque on lisait son vieux nom en vert et rouge ; c'était la baraque d'un tir : Le Stand des Nations qu'il s'appelait. Plus personne pour le garder non plus. Il tirait peutêtre avec les autres le propriétaire à présent, avec les clients. Comme les petites cibles dans la boutique en avaient reçu des balles ! Toutes criblées de petits points blancs ! Une noce pour la rigolade que ça représentait : au premier rang, en zinc, la mariée avec ses fleurs, le cousin, le militaire, le promis, avec une grosse gueule rouge, et puis au deuxième rang des invités encore, qu'on avait dû tuer bien des fois quand elle marchait encore la fête. -- Je suis sûre que vous devez bien tirer, vous Ferdinand ? Si c'était la fête encore, je ferais un match avec vous !... N'est-ce pas que vous tirez bien Ferdinand ? -- Non, je ne tire pas très bien... Au dernier rang derrière la noce, un autre rang Voyage au bout de la nuit peinturluré, la Mairie avec son drapeau. On devait tirer dans la Mairie aussi quand ça fonctionnait, dans les fenêtres qui 'ouvraient alors d'un coup sec de sonnette, sur le petit drapeau en zinc même on tirait. Et puis sur le régiment qui éfilait, en pente, à côté, comme le mien, place Clichy, celuici entre les pipes et les petits ballons, sur tout ça on avait tiré ant qu'on avait pu, à présent sur moi on tirait, hier, demain. -- Sur moi aussi qu'on tire Lola ! que je ne pus m'empêcher de lui crier. Venez ! fit-elle alors... Vous dites des bêtises, erdinand, et nous allons attraper froid. ous descendîmes vers Saint-Cloud par la grande llée, la Royale, en évitant la boue, elle me tenait par la main, la sienne était toute petite, mais je ne pouvais plus penser à utre chose qu'à la noce en zinc du Stand de là-haut qu'on avait laissée dans l'ombre de l'allée. J'oubliais même de 'embrasser Lola, c'était plus fort que moi. Je me sentais tout bizarre. C'est même à partir de ce moment-là, je crois, que a tête est devenue si difficile à tranquillise avec ses idées dedans. uand nos parvînmes au pont de Saint-Cloud, il faisait tout à fait sombre. Ferdinand, voulez-vous dîner chez Duval ? Vous imez bien Duval, vous... Cela vous changerait les idées... On y rencontre toujours beaucoup de monde... À moins que ous ne préfériez dîner dans ma chambre? Elle était bien prévenante, en somme, ce soir-là. ous nous décidâmes finalement pour Duval. Mais à eine étions-nous à table que l'endroit me parut insensé. Tous ces gens assis en rangs autour de nous me onnaient l'impression d'attendre eux aussi que des balles les assaillent de partout pendant qu'ils bouffaient. Allez-vous-en tous ! que je les ai prévenus. Foutez le camp ! on va tirer ! Vous tuer ! Nous tuer tous ! n m'a ramené à l'hôtel de Lola, en vitesse. Je voyais partout la même chose. Tous les gens qui défilaient dans les couloirs u Paritz semblaient aller se faire tirer et les employés derrière la grande Caisse, eux aussi, tout juste faits pour ça, et le ype d'en bas même, du Paritz, avec son uniforme bleu comme le ciel et doré comme le soleil, le concierge qu'on 'appelait, et puis des militaires, des officiers déambulants, des généraux, moins beaux que lui bien sûr, mais en uniforme uand même, partout un tir immense, ont on ne sortirait pas, ni les uns ni les autres. Ce n'était plus une rigolade. Voyage au bout de la nuit -- On va tirer ! que je leur criais moi, du plus fort que je pouvais, au milieu du grand salon. On va tirer ! Foutez donc le amp tous !... Et puis par la fenêtre que j'ai crié ça aussi. Ça me tenait. Un vrai scandale. « Pauvre soldat ! « qu'on disait. Le concierge m'a emmené au bar bien doucement, par l'amabilité. Il m'a fait boire et j'ai bien bu, et puis enfin les endarmes sont venus me chercher, plus brutalement eux. Dans le Stand des Nations il y en avait aussi des gendarmes. Je es avais vus. Lola m'embrassa et les aida à m'emmener avec leurs menottes. lors je suis tombé malade, fiévreux, rendu fou, qu'ils ont expliqué à l'hôpital, par la peur. C'était possible. La meilleure es choses à faire, n'est-ce pas, quand on est dans ce monde, c'est d'en sortir ? Fou ou pas, peur ou pas. Ça a fait des istoires. Les uns ont dit : « Ce garçon-là, c'est un anarchiste, on va donc le fusiller, c'est le moment, et tout de suite, y a as à hésiter, faut pas lanterner, puisque c'est la guerre !... « Mais il y en avait d'autres, plus patients, qui voulaient que je oye seulement syphilitique et bien sincèrement fol et qu'on m'enferme en conséquence jusqu'à a paix, ou tout au moins pendant des mois, parce qu'eux les pas fous, qui avaient toute leur raison, qu'ils disaient, ils oulaient me soigner pendant qu'eux seulement ils feraient la guerre. Ça prouve que pour qu'on vous croye raisonnable, ien de tel que de posséder un sacré culot. Quand on a un bon culot, ça suffit, presque tout alors vous est permis, bsolument tout, on a la majorité pour soi et c'est la majorité ui décrète de ce qui est fou et ce qui ne l'est pas. ependant mon diagnostic demeurait très douteux. Il ut donc décidé par les autorités de me mettre en bservation pendant un temps. Ma petite amie Lola eut la permission de me rendre quelques visites, et ma mère aussi. 'était tout. ous étions hébergés nous, les blessés troubles, dans un lycée d'Issy-les-Moulineaux, organisé bien exprès pour recevoir et traquer doucement ou fortement aux aveux,

« reçu desballes !Toutes criblées depetits points blancs !Une noce pourlarigolade queçareprésentait :au premier rang, en zinc, lamariée avecsesfleurs, lecousin, lemilitaire, lepromis, avecunegrosse gueule rouge,etpuis audeuxième rang des invités encore, qu’onavaitdûtuer bien desfois quand ellemarchait encorelafête. — Jesuis sûre quevous devez bientirer, vous Ferdinand ?Si c’était lafête encore, jeferais unmatch avecvous !...N’est-ce pasque vous tirezbienFerdinand ? — Non, jene tire pastrès bien... Au dernier rangderrière lanoce, unautre rang Voyage aubout delanuit peinturluré, laMairie avecsondrapeau.

Ondevait tirerdans laMairie aussiquand çafonctionnait, danslesfenêtres qui s’ouvraient alorsd’uncoup secdesonnette, surlepetit drapeau enzinc même ontirait.

Etpuis surlerégiment qui défilait, enpente, àcôté, comme lemien, placeClichy, celuicientrelespipes etles petits ballons, surtout çaon avait tiré tant qu’on avaitpu,àprésent surmoi ontirait, hier,demain. — Sur moi aussi qu’on tireLola !que jene pus m’empêcher deluicrier. — Venez !fit-elle alors...

Vousditesdesbêtises, Ferdinand, etnous allons attraper froid. Nous descendîmes versSaint-Cloud parlagrande allée, laRoyale, enévitant laboue, ellemetenait parlamain, lasienne étaittoute petite, maisjene pouvais pluspenser à autre chose qu’àlanoce enzinc duStand delà-haut qu’onavaitlaissée dansl’ombre del’allée.

J’oubliais mêmede l’embrasser Lola,c’était plusfortque moi.

Jeme sentais toutbizarre.

C’estmême àpartir decemoment-là, jecrois, que ma tête estdevenue sidifficile àtranquillise avecsesidées dedans. Quand nosparvînmes aupont deSaint-Cloud, ilfaisait toutàfait sombre. — Ferdinand, voulez-vous dînerchezDuval ?Vous aimez bienDuval, vous...

Celavous changerait lesidées...

Onyrencontre toujoursbeaucoup demonde...

Àmoins que vous nepréfériez dînerdansmachambre? Elleétait bienprévenante, ensomme, cesoir-là. Nous nousdécidâmes finalement pourDuval.

Maisà peine étions-nous àtable quel’endroit meparut insensé.

Touscesgens assisenrangs autour denous me donnaient l’impression d’attendreeuxaussi quedesballes lesassaillent departout pendant qu’ilsbouffaient. — Allez-vous-en tous!que jeles aiprévenus.

Foutezlecamp !on vatirer !Vous tuer!Nous tuertous ! On m’a ramené àl’hôtel deLola, envitesse.

Jevoyais partout lamême chose.

Touslesgens quidéfilaient danslescouloirs du Paritz semblaient allersefaire tireretles employés derrièrelagrande Caisse,euxaussi, toutjuste faitspour ça,etle type d’enbasmême, duParitz, avecsonuniforme bleucomme leciel etdoré comme lesoleil, leconcierge qu’on l’appelait, etpuis desmilitaires, desofficiers déambulants, desgénéraux, moinsbeauxqueluibien sûr,mais enuniforme quand même, partout untirimmense, dont onnesortirait pas,niles uns niles autres.

Cen’était plusunerigolade. Voyage aubout delanuit — On vatirer !que jeleur criais moi,duplus fortque jepouvais, aumilieu dugrand salon.

Onvatirer !Foutez doncle camp tous!...Etpuis parlafenêtre quej’aicrié çaaussi.

Çame tenait.

Unvrai scandale.

«Pauvre soldat!» qu’on disait. Le concierge m’aemmené aubar bien doucement, parl’amabilité.

Ilm’a faitboire etj’ai bien bu,etpuis enfin les gendarmes sontvenus mechercher, plusbrutalement eux.Dans leStand desNations ilyen avait aussi desgendarmes.

Je les avais vus.Lola m’embrassa etles aida àm’emmener avecleurs menottes. Alors jesuis tombé malade, fiévreux, rendufou,qu’ils ontexpliqué àl’hôpital, parlapeur.

C’était possible.

Lameilleure des choses àfaire, n’est-ce pas,quand onest dans cemonde, c’estd’ensortir ?Fou oupas, peur oupas.

Çaafait des histoires.

Lesuns ontdit:« Ce garçon-là, c’estunanarchiste, onvadonc lefusiller, c’estlemoment, ettout desuite, ya pas àhésiter, fautpaslanterner, puisquec’estlaguerre !...»Mais ilyen avait d’autres, pluspatients, quivoulaient queje soye seulement syphilitique etbien sincèrement foletqu’on m’enferme enconséquence jusqu’à la paix, outout aumoins pendant desmois, parce qu’eux lespas fous, quiavaient touteleurraison, qu’ilsdisaient, ils voulaient mesoigner pendant qu’euxseulement ilsferaient laguerre.

Çaprouve quepour qu’on vouscroye raisonnable, rien detel que deposséder unsacré culot.

Quand onaun bon culot, çasuffit, presque toutalors vousestpermis, absolument tout,onala majorité poursoietc’est lamajorité qui décrète decequi estfou etce qui nel’est pas. Cependant mondiagnostic demeurait trèsdouteux.

Il fut donc décidé parlesautorités deme mettre en observation pendantuntemps.

Mapetite amieLolaeutlapermission deme rendre quelques visites,etma mère aussi. C’était tout. Nous étions hébergés nous,lesblessés troubles, dans un lycée d’Issy-les-Moulineaux, organisébienexprès pourrecevoir ettraquer doucement oufortement auxaveux,. »

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