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domaine, tout ce qui avait précédé n'était que faibles mots, dans ce beau pays d'Occident où l'on clamait si souvent sur tous les tons ce qu'exploitation veut dire.

Publié le 30/10/2013

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domaine, tout ce qui avait précédé n'était que faibles mots, dans ce beau pays d'Occident où l'on clamait si souvent sur tous les tons ce qu'exploitation veut dire. Cette fois, on a compris. L'exploité ne dit rien. Il paye. Le préfet réquisitionne les boulangeries. C'est égal, voici le bon temps revenu ! Rien par-devant, mais tout ce que vous voulez en passant discrètement par-derrière. La France s'est retrouvée. Elle a même retrouvé sa police. Plus exactement le besoin urgent de sa police. Sainte colique, dans la jolie tradition des trouilles les plus abjectes ! Sur la route, beaucoup se sont fait rançonner. On a perdu sa fille, enlevée monsieur le brigadier dont je lèche les bottes, sa jeune femme qu'on n'avait même pas fini de payer, soulevée monsieur le brigadier-chef dont je lèche le cul, soulevée comme dans un film sado-porno en vente libre dans les sex-shops, par des bandes de mâles terrifiants et beaux comme les anges noirs de l'écran, et son portefeuille avec tous ses papiers, volé à main armée, monsieur l'adjudant dont je baise les deux mains poilues, repentant ! On se rue vers les asernes de mobiles, les gendarmeries et les commissariats. Le pays n'est pas sûr, monsieur l'agent dont je salue bien bas 'intelligence, la force et le dévouement, on implore le droit d'asile et si vous voulez un cigare, j'en ai là d'excellents ! Les i-devant clapiers à flics apparaissent aux pauvres hommes tondus comme les monastères inviolables du lointain Moyen ge. L'anti-épopée, Messieurs-dames ! Jadis, on cherchait refuge dans les églises tandis que les hommes d'armes du vilain eigneur battaient les hauts murs comme une marée à bout de course. ujourd'hui, ce sont les hommes d'armes qui veillent aux créneaux des asiles tandis qu'à l'extérieur les curés et tous les aints christiques du dernier jour hurlent à la mort comme une bande de loups. Mais les hommes d'armes ont bien changé. e ressort est cassé. Même en ces heures troublées, on ne reconstruit pas une police d'un coup de baguette magique à partir e marionnettes brisées. Guignol a gagné. Les petits enfants applaudissent très fort, mais s'ils se font chiper leurs sucettes près la représentation, ma foi ils ne l'auront pas volé ! On ne peut applaudir et se plaindre tour à tour. On ne peut implorer près avoir méprisé. Les hommes d'armes se vengent bassement : « On ne peut vous empêcher d'entrer «, disent-ils aux ortes de leurs lugubres églises désaffectées, « mais faut pas trop compter sur nous. L'aurait fallu y penser avant ! « La engeance se mange froide et la police déguste, un vil contentement agitant ses babines. Certains crachent aux pieds des auvres persécutés. Joli dialogue ! « Je vous lèche les bottes, monsieur le brigadier-chef - Et moi je vous crache à la ueule ! « Pouah ! À minuit, la pause. Flics et moutons, tondeurs et tondus, tout le monde écoute. RTZ, en revanche, dans le grand studio, c'est la fête. Boris Vilsberg attend devant son micro, très entouré. Trop entouré, ême, du moins semble-t-il le penser, à en juger par sa mine vaguement inquiète. Rosemonde Réal l'a lâché. À son arrivée un quart d'heure plus tôt, découvrant la sordide pagaille qui règne au studio (« Pourriez-vous me laisser passer ? « demande-t-elle à trois hirsutes affalés sur des chaises en travers du couloir. « Enjambe ! Enjambe ! « disent les charmants qui ajoutent sans bouger : « Alors quoi ! T'as peur d'attraper des morpions ? « Parler progressiste à li bon peuple est une hose, mais en supporter d'aussi près les conséquences, voilà autre chose à laquelle elle n'avait jamais pensé...) « À 'ambassade des États-Unis «, jette-t-elle à son chauffeur. L'ambassadeur est de ses amis et là, au moins, les gardes ne aissent pas entrer n'importe qui. Chez tout salonnard dévoyé, il existe toujours un seuil à partir duquel l'esprit de caste eprend le dessus, n'est-ce pas, M. de La Fayette ? D'autres plus courageux se sont frayé un chemin, sente malodorante, à ravers la foule du studio. Le père Agnellu, en particulier, encore tout frétillant d'avoir bu les paroles du pape et brûlant 'envie de les commenter. Très élégant, comme à son habitude, d'une maigreur aristocratique, cheveux argentés égèrement bouclés sur les tempes, costume d'alpaga noir pour première à l'Olympia et chemise à jabot. Lui sait se faufiler. l passe comme une anguille, s'épongeant discrètement le front avec une pochette de dentelle. Car il fait une chaleur 'enfer. Le grand studio, prévu pour deux cents personnes, en comprend pour le moins cinq cents, mais comme beaucoup ont couchés par terre en attendant minuit, on voit plus de corps que de visages. Du buffet dressé dans le fond de la salle, radition des grandes nuits de RTZ, il ne reste plus rien. Tout bu tout mangé. Un grand Noir fort bien habillé secoue le malheureux serveur comme s'il espérait en faire tomber des bouteilles cachées. « Qu'en pensez-vous ? « demande le père gnellu, enfin parvenu jusqu'à Boris Vilsberg. « Pas grand-chose de bon «, répond l'autre à voix basse. « Après le discours u Président, ils s'empareront du micro et ne nous laisseront plus placer un mot. Le directeur a prévu de couper l'antenne, mais je l'ai supplié de n'en rien faire, sans quoi nous ne sortirons pas entiers d'ici ! « Dans l'empire des mass media, le rôle e Kerenski ne nourrit plus son homme. Quelques répliques et pfuit... c'est déjà fini ! hez les travailleurs africains de Paris, au fond des caves immondes où les hommes de la lumière les ont parqués par illiers, le même dialogue s'engage pour la dixième fois, psalmodié, presque chanté, refrain machinal ou programme, nul e le sait encore :  Et s'ils débarquent sans casse, demande « le Doyen «, est-ce que vous sortirez de vos trous à rats ?  Est-ce que le peuple des rats est nombreux ? chante un autre.  Le peuple des rats, dit le prêtre-éboueur, se comptera à la lumière du ciel, comme une immense forêt poussée d'un seul oup dans la nuit. Zimbawe !  Zimbawe ! chantent mille voix aveugles... ideau de fer baissé, lumières occultées, au téléphone d'un bistrot arabe de la Goutte-d'Or le cadi borgne répète nlassablement ses ordres : « Contentez-vous du nécessaire. Sachez partager avec ceux qui vous ont tout refusé. Soyez raternels et souvenez-vous : le temps des armes est révolu. Par Allah ! vous n'en aurez pas besoin, si le discours du résident ne réveille pas ce pays mort. Encore un peu de patience, mes frères... « e président de la République française préside cent gouvernements à la fois, réunis à toutes les heures des vingt-quatre useaux autour d'un poste de radio. À Rome, le pape est tombé à genoux devant un christ brésilien négroïde, tandis qu'à aris, se tortille l'archevêque des pauvres sur son tabouret de bois. « Comme tu as les yeux verts, ma chérie ! « murmure orman Haller à travers les brumes de l'alcool. Un vieux revolver qu'il tripote fascine le ministre Jean Orelle, un modèle 1937, fabrication soviétique artisanale, Dieu sait qu'il s'était enrayé souvent au temps des maquis merveilleux de sa eunesse ! Josiane hoche la tête et répète en comptant ses meubles : « Mais ça ne tiendra jamais dans les deux pièces des rabes du cinquième... « Aux lisières maritimes du massif de l'Esterel, Luc Notaras, fugitif, erre à la recherche de l'armée rançaise. Mais de tous les coups de projecteur perçant la nuit historique du dimanche de Pâques au lundi, le plus étrange emeure sans conteste ce pinceau lumineux éclairant M. Hamadura, juste au moment où il charge sa voiture avant de rendre la route du Midi. De l'acier brille sous la lune car dans le coffre capitonné de couvertures, M. Hamadura dépose récautionneusement quatre merveilles de fusils à lunette, témoins du temps où il chassait le tigre et l'éléphant indiens. Du iscours tant attendu, M. Hamadura se fiche bien. Il ne l'écoutera pas. Plus blanches encore dans son visage noir, ses dents 'écartent sur un sourire. On dirait M. Hamadura heureux. Il part pour sa dernière chasse... e vieux M. Calguès contempla son verre vide, puis, à la réflexion, le remplit à nouveau, posément. Le concerto de Mozart vait cessé d'un coup. Il y eut un court silence, l'instant de grâce où la perfection brille comme une étoile filante : la errasse sous le vent frais et doux qui commençait à se lever, l'admirable campagne qu'on devinait sous la lune, le jardin hargé d'effluves de pins, le clocher qu'on apercevait de la terrasse, scellant très haut avec le ciel une sorte d'accord éternel t enfin Dieu, tout proche, une main protectrice affectueusement posée sur l'épaule du vieux monsieur. L'étoile filante s'éteignit tandis qu'une voix disait : -- Vous allez entendre une allocution de M. le président de la République.

« modèle 1937, fabricationsoviétiqueartisanale,Dieusaitqu’il s’était enrayé souvent autemps desmaquis merveilleux desa jeunesse ! Josianehochelatête etrépète encomptant sesmeubles : « Maisçane tiendra jamaisdanslesdeux pièces des Arabes ducinquième... » Auxlisières maritimes dumassif del’Esterel, LucNotaras, fugitif,erreàla recherche del’armée française.

Maisdetous lescoups deprojecteur perçantlanuit historique dudimanche dePâques aulundi, leplus étrange demeure sansconteste cepinceau lumineux éclairantM. Hamadura, justeaumoment oùilcharge savoiture avantde prendre laroute duMidi.

Del’acier brillesouslalune cardans lecoffre capitonné decouvertures, M. Hamadura dépose précautionneusement quatremerveilles defusils àlunette, témoins dutemps oùilchassait letigre etl’éléphant indiens.Du discours tantattendu, M. Hamadura sefiche bien.Ilne l’écoutera pas.Plus blanches encoredanssonvisage noir,sesdents s’écartent surunsourire.

Ondirait M. Hamadura heureux.Ilpart pour sadernière chasse... Le vieux M. Calguès contemplasonverre vide,puis,àla réflexion, leremplit ànouveau, posément.

Leconcerto deMozart avait cessé d’uncoup.

Ilyeut uncourt silence, l’instant degrâce oùlaperfection brillecomme uneétoile filante : la terrasse souslevent frais etdoux quicommençait àse lever, l’admirable campagnequ’ondevinait souslalune, lejardin chargé d’effluves depins, leclocher qu’onapercevait delaterrasse, scellanttrèshaut avec leciel une sorte d’accord éternel et enfin Dieu, toutproche, unemain protectrice affectueusement poséesurl’épaule duvieux monsieur.

L’étoilefilante s’éteignit tandisqu’une voixdisait : — Vous allezentendre uneallocution deM.

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