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Histoire de la Revolution francaise, III d'emettre le papier qui les representait, et on n'hesita pas a le faire: une nouvelle creation d'assignats fut donc ordonnee.

Publié le 11/04/2014

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Histoire de la Revolution francaise, III d'emettre le papier qui les representait, et on n'hesita pas a le faire: une nouvelle creation d'assignats fut donc ordonnee. Roland fut entendu sur l'etat de la France et de la capitale. Aussi severe et plus hardi encore qu'au 3 septembre, il exposa avec energie les desordres de Paris, les causes et les moyens de les prevenir. Il recommanda l'institution prompte d'un gouvernement fort et vigoureux, comme la seule garantie d'ordre dans les etats libres. Son rapport, entendu avec faveur, fut couvert d'applaudissemens, et n'excita cependant aucune explosion chez ceux qui se regardaient comme accuses des qu'il s'agissait des troubles de Paris. Mais a peine ce premier coup d'oeil etait-il jete sur la situation de la France, qu'on apprend la nouvelle de la propagation du desordre dans certains departemens. Roland ecrit une lettre a la convention pour lui denoncer de nouveaux exces, et en demander la repression. Aussitot cette lecture achevee, les deputes Kersaint, Buzot, s'elancent a la tribune pour denoncer les violences de tout genre qui commencent a se commettre partout. "Les assassinats, disent-ils, sont imites dans les departemens. Ce n'est pas l'anarchie qu'il faut en accuser, mais des tyrans d'une nouvelle espece, qui s'elevent sur la France a peine affranchie. C'est de Paris que partent tous les jours ces funestes inspirations du crime. Sur tous les murs de la capitale, on lit des affiches qui provoquent aux meurtres, aux incendies, aux pillages, et des listes de proscription ou sont designees chaque jour de nouvelles victimes. Comment preserver le peuple d'une affreuse misere, si tant de citoyens sont condamnes a cacher leur existence? Comment faire esperer a la France une constitution, si la convention, qui doit la decreter, delibere sous les poignards? Il faut, pour l'honneur de la revolution, arreter tant d'exces, et distinguer entre la bravoure civique qui a brave le despotisme au 10 aout, et la cruaute servant, aux 2 et 3 septembre, une tyrannie muette et cachee." En consequence, les orateurs demandent l'etablissement d'un comite charge, 1. De rendre compte de l'etat de la republique et de Paris en particulier; 2. De presenter un projet de loi contre les provocateurs au meurtre et a l'assassinat; 3. De rendre compte des moyens de donner a la convention nationale une force publique a sa disposition, prise dans les quatre-vingt-trois departemens. A cette proposition, tous les membres du cote gauche, ou s'etaient ranges les esprits les plus ardens de la nouvelle assemblee, poussent des cris tumultueux. On exagere, suivant eux, les maux de la France. Les plaintes hypocrites qu'on vient d'entendre partent du fond des cachots, ou ont ete justement plonges les suspects qui, depuis trois ans, appelaient la guerre civile sur leur patrie. Les maux dont on se plaint etaient inevitables; le peuple est en etat de revolution, et il devait prendre des mesures energiques pour son salut. Aujourd'hui, ces momens critiques sont passes, et les declarations que vient de faire la convention suffiront pour apaiser les troubles. D'ailleurs, pourquoi une juridiction Extraordinaire? Les anciennes lois existent, et suffisent pour les provocations au meurtre. Serait-ce encore une nouvelle loi martiale qu'on voudrait etablir? Par une contradiction bien ordinaire chez les partis, ceux qui avaient demande la juridiction extraordinaire du 17 aout, ceux qui allaient demander le tribunal revolutionnaire, s'elevaient contre une loi qui, disaient-ils, etait une loi de sang! "Une loi de sang, repond Kersaint, lorsque je veux au contraire en prevenir l'effusion!" Cependant l'ajournement est vivement demande. "Ajourner la repression des meurtres, s'ecrie Vergniaud, c'est les ordonner! Les ennemis de la France sont en armes sur notre territoire, et l'on veut que les citoyens francais, au lieu de combattre, s'entr'egorgent comme les soldats de Cadmus!..." Enfin la proposition de Kersaint et Buzot est adoptee tout entiere. On decrete qu'il sera prepare des lois pour la punition des provocateurs au meurtre, et pour l'organisation d'une garde departementale. Histoire de la Revolution francaise, III 9 Histoire de la Revolution francaise, III Cette seance du 24 septembre avait cause une grande emotion dans les esprits; cependant aucun nom n'avait ete prononce, et les accusations etaient restees generales. Le lendemain, on s'aborde avec les ressentimens de la veille, et d'une part on murmure contre les decrets rendus, de l'autre on eprouve le regret de n'avoir pas assez dit contre la facon appelee desorganisatrice. Tandis qu'on attaque les decrets, ou qu'on les defend, Merlin, autrefois huissier et officier municipal a Thionville, puis depute a la legislative, ou il se signala parmi les patriotes les plus prononces, Merlin, fameux par son ardeur et sa bravoure, demande la parole. "L'ordre du jour, dit-il, est d'eclaircir si, comme Lasource me l'a assure hier, il existe, au sein de la convention nationale, une faction qui veuille etablir un triumvirat ou une dictature: il faut ou que les defiances cessent, ou que Lasource indique les coupables, et je jure de les poignarder en face de l'assemblee." Lasource, si vivement somme de s'expliquer, rapporte sa conversation avec Merlin, et designe de nouveau, sans les nommer, les ambitieux qui veulent s'elever sur les ruines de la royaute detruite. "Ce sont ceux qui ont provoque le meurtre et le pillage, qui ont lance des mandats d'arret contre des membres de la legislative, qui designent aux poignards les membres courageux de la convention, et qui imputent au peuple les exces qu'ils ordonnent eux-memes. Lorsqu'il en sera temps, il arrachera le voile qu'il ne fait que soulever, dut-il perir sous leurs coups." Cependant les triumvirs n'etaient pas nommes. Osselin monte a la tribune et designe la deputation de Paris, dont il est membre; il dit que c'est contre elle qu'on s'etudie a exciter des defiances, qu'elle n'est ni assez profondement ignorante, ni assez profondement scelerate, pour avoir concu des projets de triumvirat et de dictature; qu'il fait serment du contraire, et demande l'anatheme et la mort contre le premier qui serait surpris meditant de pareils projets. "Que chacun, ajoute-t-il, me suive a la tribune, et y fasse la meme declaration:--Oui, s'ecrie Rebecqui, le courageux ami de Barbaroux; oui, ce parti accuse de projets tyranniques existe, et je le nomme: c'est le parti Robespierre. Marseille le connait, et nous envoie ici pour le combattre." Cette apostrophe hardie cause une grande rumeur dans l'assemblee. Les yeux se dirigent sur Robespierre. Danton se hate de prendre la parole pour apaiser ces divisions, et ecarter des accusations qu'il savait en partie dirigees contre lui-meme. "Ce sera, dit-il, un beau jour pour la republique que celui ou une explication franche et fraternelle calmera toutes ces defiances. On parle de dictateurs, de triumvirs; mais cette accusation est vague et doit etre signee.--Moi je la signerai, s'ecrie de nouveau Rebecqui, en s'elancant au bureau.--Soit, repond Danton; s'il est des coupables, qu'ils soient immoles, fussent-ils les meilleurs de mes amis. Pour moi, ma vie est connue. Dans les societes patriotiques, au 10 aout, au conseil executif, j'ai servi la cause de la liberte sans aucune vue personnelle, et avec l'energie de mon temperament. Je ne crains donc pas les accusations pour moi-meme; mais je veux les epargner a tout le monde. Il est, j'en conviens, dans la deputation de Paris, un homme qu'on pourrait appeler le Royou des republicains: c'est Marat. Souvent on m'a accuse d'etre l'instigateur de ses placards; mais j'invoque le temoignage du president, et je lui demande de declarer si, dans la commune et les comites, il ne m'a pas vu souvent aux prises avec Marat. Au reste, cet ecrivain tant accuse a passe une partie de sa vie dans les souterrains et les cachots. La souffrance a altere son humeur, il faut excuser ses emportemens. Mais laissez la des discussions tout individuelles, et tachez de les faire servir a la chose publique. Portez la peine de mort contre quiconque proposera la dictature ou le triumvirat." Cette motion est couverte d'applaudissemens. "Ce n'est pas tout, reprend Danton, il est une autre crainte repandue dans le public, et il faut la dissiper. On pretend qu'une partie des deputes medite le regime federatif, et la division de la France en une foule de sections. Il nous importe de former un tout. Declarez donc, par un autre decret, l'unite de la France et de son gouvernement. Ces bases posees, ecartons nos defiances, soyons unis, et marchons a notre but!" Buzot repond a Danton que la dictature se prend, mais ne se demande pas, et que porter des lois contre cette demande est illusoire; que quant au systeme federatif, personne n'y a songe; que la proposition d'une garde departementale est un moyen d'unite, puisque tous les departemens seront appeles a garder en commun la representation nationale; qu'au reste, il peut etre bon de faire une loi sur ce sujet, mais qu'elle doit etre murement reflechie, et qu'en consequence il faut renvoyer les propositions de Danton a la commission des six; Histoire de la Revolution francaise, III 10
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« Cette seance du 24 septembre avait cause une grande emotion dans les esprits; cependant aucun nom n'avait ete prononce, et les accusations etaient restees generales.

Le lendemain, on s'aborde avec les ressentimens de la veille, et d'une part on murmure contre les decrets rendus, de l'autre on eprouve le regret de n'avoir pas assez dit contre la facon appelee desorganisatrice.

Tandis qu'on attaque les decrets, ou qu'on les defend, Merlin, autrefois huissier et officier municipal a Thionville, puis depute a la legislative, ou il se signala parmi les patriotes les plus prononces, Merlin, fameux par son ardeur et sa bravoure, demande la parole.

“L'ordre du jour, dit-il, est d'eclaircir si, comme Lasource me l'a assure hier, il existe, au sein de la convention nationale, une faction qui veuille etablir un triumvirat ou une dictature: il faut ou que les defiances cessent, ou que Lasource indique les coupables, et je jure de les poignarder en face de l'assemblee.” Lasource, si vivement somme de s'expliquer, rapporte sa conversation avec Merlin, et designe de nouveau, sans les nommer, les ambitieux qui veulent s'elever sur les ruines de la royaute detruite.

“Ce sont ceux qui ont provoque le meurtre et le pillage, qui ont lance des mandats d'arret contre des membres de la legislative, qui designent aux poignards les membres courageux de la convention, et qui imputent au peuple les exces qu'ils ordonnent eux-memes.

Lorsqu'il en sera temps, il arrachera le voile qu'il ne fait que soulever, dut-il perir sous leurs coups.” Cependant les triumvirs n'etaient pas nommes.

Osselin monte a la tribune et designe la deputation de Paris, dont il est membre; il dit que c'est contre elle qu'on s'etudie a exciter des defiances, qu'elle n'est ni assez profondement ignorante, ni assez profondement scelerate, pour avoir concu des projets de triumvirat et de dictature; qu'il fait serment du contraire, et demande l'anatheme et la mort contre le premier qui serait surpris meditant de pareils projets.

“Que chacun, ajoute-t-il, me suive a la tribune, et y fasse la meme declaration:—Oui, s'ecrie Rebecqui, le courageux ami de Barbaroux; oui, ce parti accuse de projets tyranniques existe, et je le nomme: c'est le parti Robespierre.

Marseille le connait, et nous envoie ici pour le combattre.” Cette apostrophe hardie cause une grande rumeur dans l'assemblee.

Les yeux se dirigent sur Robespierre. Danton se hate de prendre la parole pour apaiser ces divisions, et ecarter des accusations qu'il savait en partie dirigees contre lui-meme.

“Ce sera, dit-il, un beau jour pour la republique que celui ou une explication franche et fraternelle calmera toutes ces defiances.

On parle de dictateurs, de triumvirs; mais cette accusation est vague et doit etre signee.—Moi je la signerai, s'ecrie de nouveau Rebecqui, en s'elancant au bureau.—Soit, repond Danton; s'il est des coupables, qu'ils soient immoles, fussent-ils les meilleurs de mes amis.

Pour moi, ma vie est connue.

Dans les societes patriotiques, au 10 aout, au conseil executif, j'ai servi la cause de la liberte sans aucune vue personnelle, et avec l'energie de mon temperament.

Je ne crains donc pas les accusations pour moi-meme; mais je veux les epargner a tout le monde.

Il est, j'en conviens, dans la deputation de Paris, un homme qu'on pourrait appeler le Royou des republicains: c'est Marat.

Souvent on m'a accuse d'etre l'instigateur de ses placards; mais j'invoque le temoignage du president, et je lui demande de declarer si, dans la commune et les comites, il ne m'a pas vu souvent aux prises avec Marat.

Au reste, cet ecrivain tant accuse a passe une partie de sa vie dans les souterrains et les cachots.

La souffrance a altere son humeur, il faut excuser ses emportemens.

Mais laissez la des discussions tout individuelles, et tachez de les faire servir a la chose publique.

Portez la peine de mort contre quiconque proposera la dictature ou le triumvirat.” Cette motion est couverte d'applaudissemens.

“Ce n'est pas tout, reprend Danton, il est une autre crainte repandue dans le public, et il faut la dissiper.

On pretend qu'une partie des deputes medite le regime federatif, et la division de la France en une foule de sections.

Il nous importe de former un tout.

Declarez donc, par un autre decret, l'unite de la France et de son gouvernement.

Ces bases posees, ecartons nos defiances, soyons unis, et marchons a notre but!” Buzot repond a Danton que la dictature se prend, mais ne se demande pas, et que porter des lois contre cette demande est illusoire; que quant au systeme federatif, personne n'y a songe; que la proposition d'une garde departementale est un moyen d'unite, puisque tous les departemens seront appeles a garder en commun la representation nationale; qu'au reste, il peut etre bon de faire une loi sur ce sujet, mais qu'elle doit etre murement reflechie, et qu'en consequence il faut renvoyer les propositions de Danton a la commission des six; Histoire de la Revolution francaise, III Histoire de la Revolution francaise, III 10. »

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