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Histoire de la Revolution francaise, III puissance, et ne savait ni jouir de ses triomphes, ni se les faire pardonner.

Publié le 11/04/2014

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Histoire de la Revolution francaise, III puissance, et ne savait ni jouir de ses triomphes, ni se les faire pardonner. "On etait parvenu a persuader aux uns que tant que l'etat revolutionnaire durait, le pouvoir etait remonte a sa source, que l'assemblee nationale etait sans caractere, que son existence etait precaire, et que les assemblees des communes etaient les seules autorites legales et puissantes. "On avait insinue aux autres que les chefs d'opinion dans l'assemblee nationale avaient des projets perfides, voulaient renverser la liberte et livrer la republique aux etrangers. "De sorte qu'un grand nombre de membres du conseil croyaient user d'un droit legitime lorsqu'ils usurpaient l'autorite, croyaient resister a l'oppression lorsqu'ils s'opposaient a la loi, croyaient faire un acte de civisme lorsqu'ils manquaient a leurs devoirs de citoyens: neanmoins, au milieu de cette anarchie, la commune prenait de temps en temps des arretes salutaires. "J'avais ete conserve dans ma place; mais elle n'etait plus qu'un vain titre; j'en cherchais inutilement les fonctions, elles etaient eparses entre toutes les mains, et chacun les exercait. "Je me rendis les premiers jours au conseil; je fus effraye du desordre qui regnait dans cette assemblee, et surtout de l'esprit qui la dominait: ce n'etait plus un corps administratif deliberant sur les affaires communales; c'etait une assemblee politique se croyant investie de pleins pouvoirs; discutant les grands interets de l'etat, examinant les lois faites et en promulguant de nouvelles; on n'y parlait que de complots contre la liberte publique; on y denoncait des citoyens; on les appelait a la barre; on les entendait publiquement; on les jugeait, on les renvoyait absous ou on les retenait; les regles ordinaires avaient disparu; l'effervescence des esprits etait telle, qu'il etait impossible de retenir ce torrent: toutes les deliberations s'emportaient avec l'impetuosite de l'enthousiasme; elles se succedaient avec une rapidite effrayante; le jour, la nuit, sans aucune interruption, le conseil etait toujours en seance. "Je ne voulus pas que mon nom fut attache a une multitude d'actes aussi irreguliers, aussi contraires aux principes. "Je sentis egalement combien il etait sage et utile de ne pas approuver, de ne pas fortifier par ma presence tout ce qui se passait. Ceux qui dans le conseil craignaient de m'y voir, ceux que mon aspect genait, desiraient fortement que le peuple, dont je conservais la confiance, crut que je presidais a ses operations, et que rien ne se faisait que de concert avec moi: ma reserve a cet egard accrut leur inimitie; mais ils n'oserent pas la manifester trop ouvertement, crainte de deplaire a ce peuple dont ils briguaient la faveur. "Je parus rarement; et la conduite que je tins dans cette position tres delicate entre l'ancienne municipalite, qui reclamait contre sa destitution, et la nouvelle, qui se pretendait legalement instituee, ne fut pas inutile a la tranquillite publique; car, si alors je me fusse prononce fortement pour ou contre, j'occasionnais un dechirement qui aurait pu avoir des suites funestes: en tout il est un point de maturite qu'il faut savoir saisir. "L'administration fut negligee, le maire ne fut plus un centre d'unite; tous les fils furent coupes entre mes mains; le pouvoir fut disperse; l'action de surveillance fut sans force; l'action reprimante le fut egalement. "Robespierre prit donc l'ascendant dans le conseil, et il etait difficile que cela ne fut pas ainsi dans les circonstances ou nous nous trouvions, et avec la trempe de son esprit. Je lui entendis prononcer un discours qui me contrista l'ame: il s'agissait du decret qui ouvrait les barrieres, et a ce sujet il se livra a des declamations extremement animees, aux ecarts d'une imagination sombre; il apercut des precipices sous ses pas, des complots liberticides; il signala les pretendus conspirateurs; il s'adressa au peuple, echauffa les esprits, et occasionna, parmi ceux qui l'entendaient, la plus vive fermentation. NOTES ET PIECES JUSTIFICATIVES[1] DU TOME TROISIEME. 105 Histoire de la Revolution francaise, III "Je repondis a ce discours pour retablir le calme, pour dissiper ces noires illusions, et ramener la discussion au seul point qui dut occuper l'assemblee. "Robespierre et ses partisans entrainaient ainsi la commune dans des demarches inconsiderees, dans les partis extremes. "Je ne suspectais pas pour cela les intentions de Robespierre; j'accusais sa tete plus que son coeur; mais les suites de ces noires visions ne m'en causaient pas moins d'alarmes. "Chaque jour les tribunes du conseil retentissaient de diatribes violentes; les membres ne pouvaient pas se persuader qu'ils etaient des magistrats charges de veiller a l'execution des lois et au maintien de l'ordre; ils s'envisageaient toujours comme formant une association revolutionnaire. "Les sections assemblees recevaient cette influence, la communiquaient a leur tour; de sorte qu'en meme temps tout Paris fut en fermentation. "Le comite de surveillance de la commune remplissait les prisons; on ne peut pas se dissimuler que si plusieurs de ces arrestations furent justes et necessaires, d'autres furent legalement hasardees. Il faut moins en accuser les chefs que leurs agens: la police etait mal entouree; un homme entre autres, dont le nom seul est devenu une injure, dont le nom seul jette l'epouvante dans l'ame de tous les citoyens paisibles, semblait s'etre empare de sa direction et de ses mouvemens; assidu a toutes les conferences, il s'immiscait dans toutes les affaires; il parlait, il ordonnait en maitre; je m'en plaignis hautement a la commune, et je terminai mon opinion par ces mots: Marat est ou le plus insense ou le plus scelerat des hommes. Depuis je n'ai jamais parle de lui. "La justice etait lente a prononcer sur le sort des detenus, et ils s'entassaient de plus en plus dans les prisons. Une section vint en deputation au conseil de la commune le 23 aout et declara formellement que les citoyens, fatigues, indignes des retards que l'on apportait dans les jugemens, forceraient les portes de ces asiles, et immoleraient a leur vengeance les coupables qui y etaient renfermes... Cette petition, concue dans les termes les plus delirans, n'eprouva aucune censure; elle recut meme des applaudissemens! "Le 25, mille a douze cents citoyens armes sortirent de Paris pour enlever les prisonniers d'etat detenus a Orleans, et les transferer ailleurs. "Des nouvelles facheuses vinrent encore augmenter l'agitation des esprits: on annonca la trahison de Longwy, et, quelques jours apres, le siege de Verdun. "Le 27, l'assemblee nationale invita le departement de Paris et ceux environnans a fournir trente mille hommes armes pour voler aux frontieres: ce decret imprima un nouveau mouvement qui se combina avec ceux qui existaient deja. "Le 31, l'absolution de Montmorin souleva le peuple; le bruit se repandit qu'il avait ete sauve par la perfidie d'un commissaire du roi, qui avait induit les jures en erreur. "Dans le meme moment, on publia la revelation d'un complot, faite par un condamne, complot tendant a faire evader tous les prisonniers, qui devaient ensuite se repandre dans la ville, s'y livrer a tous les exces et enlever le roi. "L'effervescence etait a son comble. La commune, pour exciter l'enthousiasme des citoyens, pour les porter en foule aux enrolemens civiques, avait arrete de les reunir avec appareil au Champ-de-Mars au bruit du canon. NOTES ET PIECES JUSTIFICATIVES[1] DU TOME TROISIEME. 106
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« “Je repondis a ce discours pour retablir le calme, pour dissiper ces noires illusions, et ramener la discussion au seul point qui dut occuper l'assemblee. “Robespierre et ses partisans entrainaient ainsi la commune dans des demarches inconsiderees, dans les partis extremes. “Je ne suspectais pas pour cela les intentions de Robespierre; j'accusais sa tete plus que son coeur; mais les suites de ces noires visions ne m'en causaient pas moins d'alarmes. “Chaque jour les tribunes du conseil retentissaient de diatribes violentes; les membres ne pouvaient pas se persuader qu'ils etaient des magistrats charges de veiller a l'execution des lois et au maintien de l'ordre; ils s'envisageaient toujours comme formant une association revolutionnaire. “Les sections assemblees recevaient cette influence, la communiquaient a leur tour; de sorte qu'en meme temps tout Paris fut en fermentation. “Le comite de surveillance de la commune remplissait les prisons; on ne peut pas se dissimuler que si plusieurs de ces arrestations furent justes et necessaires, d'autres furent legalement hasardees.

Il faut moins en accuser les chefs que leurs agens: la police etait mal entouree; un homme entre autres, dont le nom seul est devenu une injure, dont le nom seul jette l'epouvante dans l'ame de tous les citoyens paisibles, semblait s'etre empare de sa direction et de ses mouvemens; assidu a toutes les conferences, il s'immiscait dans toutes les affaires; il parlait, il ordonnait en maitre; je m'en plaignis hautement a la commune, et je terminai mon opinion par ces mots: Marat est ou le plus insense ou le plus scelerat des hommes.

Depuis je n'ai jamais parle de lui. “La justice etait lente a prononcer sur le sort des detenus, et ils s'entassaient de plus en plus dans les prisons. Une section vint en deputation au conseil de la commune le 23 aout et declara formellement que les citoyens, fatigues, indignes des retards que l'on apportait dans les jugemens, forceraient les portes de ces asiles, et immoleraient a leur vengeance les coupables qui y etaient renfermes...

Cette petition, concue dans les termes les plus delirans, n'eprouva aucune censure; elle recut meme des applaudissemens! “Le 25, mille a douze cents citoyens armes sortirent de Paris pour enlever les prisonniers d'etat detenus a Orleans, et les transferer ailleurs. “Des nouvelles facheuses vinrent encore augmenter l'agitation des esprits: on annonca la trahison de Longwy, et, quelques jours apres, le siege de Verdun. “Le 27, l'assemblee nationale invita le departement de Paris et ceux environnans a fournir trente mille hommes armes pour voler aux frontieres: ce decret imprima un nouveau mouvement qui se combina avec ceux qui existaient deja. “Le 31, l'absolution de Montmorin souleva le peuple; le bruit se repandit qu'il avait ete sauve par la perfidie d'un commissaire du roi, qui avait induit les jures en erreur. “Dans le meme moment, on publia la revelation d'un complot, faite par un condamne, complot tendant a faire evader tous les prisonniers, qui devaient ensuite se repandre dans la ville, s'y livrer a tous les exces et enlever le roi. “L'effervescence etait a son comble.

La commune, pour exciter l'enthousiasme des citoyens, pour les porter en foule aux enrolemens civiques, avait arrete de les reunir avec appareil au Champ-de-Mars au bruit du canon.

Histoire de la Revolution francaise, III NOTES ET PIECES JUSTIFICATIVES[1] DU TOME TROISIEME.

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