Devoir de Philosophie

Histoire de la Revolution francaise, III general.

Publié le 11/04/2014

Extrait du document

histoire
Histoire de la Revolution francaise, III general. Le president fut oblige de se couvrir pour apaiser le tumulte, et on y expliqua ce manque de respect en disant qu'il y avait des aristocrates deguises dans la salle des seances. Robespierre, Dubois de Crance, s'eleverent de nouveau contre le projet de la taxe, recommanderent au peuple de se tenir tranquille, pour ne pas donner pretexte a ses adversaires de le calomnier, et ne pas leur fournir l'occasion de rendre des lois meurtrieres. Marat, qui avait la pretention d'imaginer toujours les moyens les plus simples et les plus prompts, ecrivit dans sa feuille, le 25 au matin, que jamais l'accaparement ne cesserait, si on n'employait des moyens plus surs que tous ceux qu'on avait proposes jusque-la. S'elevant contre les monopoleurs, les marchands de luxe, les suppots de la chicane, les robins, les ex-nobles, que les infideles mandataires du peuple encourageaient au crime par l'impunite, il ajoutait: "Dans tout pays ou les droits du peuple ne seraient pas de vains titres, consignes fastueusement dans une simple declaration, le pillage de quelques magasins, a la porte desquels on pendrait les accapareurs, mettrait bientot fin a ces malversations, qui reduisent cinq millions d'hommes au desespoir, et qui en font perir des milliers de misere. Les deputes du peuple ne sauront-ils donc jamais que bavarder sur ses maux sans en proposer le remede[1]?" [Note 1: Journal de la Republique, numero du 25 fevrier 1793.] C'etait le 25 au matin que ce fou orgueilleux ecrivait ces paroles. Soit qu'elles eussent reellement agi sur le peuple, soit que l'irritation portee a son comble ne put deja plus se contenir, une multitude de femmes s'assemblerent en tumulte devant les boutiques des epiciers. D'abord on se plaignit du prix des denrees, et on en demanda tumultueusement la reduction. La commune n'avait pas ete prevenue; le commandant Santerre etait alle a Versailles pour organiser un corps de cavalerie, et aucun ordre n'etait donne pour mettre la force publique en mouvement. Aussi les perturbateurs ne trouverent aucun obstacle, et purent passer des menaces aux violences et au pillage. Le rassemblement commenca dans les rues de la Vieille-Monnaie, des Cinq-Diamans et des Lombards. On exigea d'abord que tous les objets fussent reduits a moitie prix; le savon a seize sous, le sucre a vingt-cinq, la cassonade a quinze, la chandelle a treize. Une grande quantite de denrees furent forcement arrachees a ce taux, et le prix en fut compte par les acheteurs aux epiciers. Mais bientot on ne voulut plus payer, et on enleva les marchandises sans donner en echange aucune partie de leur valeur. La force armee accourue sur un point fut repoussee, et on cria de tous cotes: A bas les baionnettes! L'assemblee, la commune, les Jacobins, etaient en seance. L'assemblee ecoutait un rapport sur ce sujet; le ministre de l'interieur lui demontrait que les denrees abondaient dans Paris, mais que le mal provenait de la disproportion entre la valeur du numeraire et celle des denrees elles-memes. Aussitot l'assemblee, voulant parer aux difficultes du moment, alloua de nouveaux fonds a la commune, pour faire delivrer des subsistances a meilleur prix. Dans le meme instant, la commune, partageant ses sentimens et son zele, se faisait rapporter les evenemens, et ordonnait des mesures de police. A chaque nouveau fait qu'on venait lui denoncer, les tribunes criaient tant mieux! A chaque moyen propose, elles criaient a bas! Chaumette et Hebert etaient hues pour avoir propose de battre la generale et de requerir la force armee. Cependant il fut arrete que deux fortes patrouilles, precedees de deux officiers municipaux, seraient envoyees pour retablir l'ordre, et que vingt-sept autres officiers municipaux iraient faire des proclamations dans les sections. Le desordre s'etait propage, on pillait dans differentes rues, et on proposait meme de passer des epiciers chez les marchands. Pendant ce temps, des gens de tous les partis saisissaient l'occasion de se reprocher ce desordre, et les maux qui en etaient la cause. "Quand vous aviez un roi, disaient dans les rues les partisans du regime aboli, vous n'etiez pas reduits a payer les choses aussi cher, ni exposes a des pillages. --Voila, disaient les partisans des girondins, ou nous conduiront le systeme de la violence et l'impunite des exces revolutionnaires." Les montagnards en etaient desoles, et soutenaient que c'etaient des aristocrates deguises, des fayettistes, des rolandins, des brissotins qui, dans les groupes, excitaient le peuple a ces pillages. Ils assuraient avoir trouve dans la foule des femmes de haut rang, des gens a poudre, des domestiques de grands seigneurs, qui CHAPITRE VI. 87 Histoire de la Revolution francaise, III distribuaient des assignats pour entrainer le peuple dans les boutiques. Enfin, apres plusieurs heures, la force armee se trouva reunie; Santerre revint de Versailles; les ordres necessaires furent donnes; le bataillon des Brestois, present a Paris, deploya beaucoup de zele et d'assurance, et on parvint a dissiper les pillards. Le soir il y eut une vive discussion aux Jacobins. On deplora ces desordres, malgre les cris des tribunes et malgre leurs dementis. Collot-d'Herbois, Thuriot, Robespierre furent unanimes pour conseiller la tranquillite, et rejeter les exces sur les aristocrates et les girondins. Robespierre fit sur ce sujet un long discours ou il soutint que le peuple etait impeccable, qu'il ne pouvait jamais avoir tort, et que, si on ne l'egarait pas, il ne commettrait jamais aucune faute. Il soutint que dans ces groupes de pillards on plaignait le roi mort, qu'on y disait du bien du cote droit de l'assemblee, qu'il l'avait entendu lui-meme, et que par consequent il ne pouvait pas y avoir de doute sur les veritables instigateurs qui avaient egare le peuple. Marat lui-meme vint conseiller le bon ordre, condamner les pillages qu'il avait preches le matin dans sa feuille, et les imputer aux girondins et aux royalistes. Le lendemain, les plaintes accoutumees et toujours inutiles retentirent dans l'assemblee. Barrere s'eleva avec force contre les crimes de la veille. Il fit remarquer les retards apportes par les autorites dans la repression du desordre. Les pillages en effet avaient commence a dix heures du matin, et a cinq heures du soir la force armee n'etait pas encore reunie. Barrere demanda que le maire et le commandant general fussent mandes pour expliquer les motifs de ce retard. Une deputation de la section de Bon-Conseil appuyait cette demande. Salles prend alors la parole; il propose un acte d'accusation contre l'instigateur des pillages, contre Marat, et lit l'article insere la veille dans sa feuille. Souvent on avait demande une accusation contre les provocateurs au desordre, et particulierement contre Marat; l'occasion ne pouvait etre plus favorable pour les poursuivre, car jamais le desordre n'avait suivi de plus pres la provocation. Marat, sans se deconcerter, soutient a la tribune qu'il est tout naturel que le peuple se fasse justice des accapareurs, puisque les lois sont insuffisantes, et qu'il faut envoyer aux Petites-Maisons ceux qui proposent de l'accuser. Buzot demande l'ordre du jour sur la proposition d'accuser monsieur Marat, "La loi est precise, dit-il, mais monsieur Marat incidentera sur ses expressions, le jury sera embarrasse, et il ne faut pas preparer un triomphe a monsieur Marat, en presence de la justice elle-meme." Un membre demande que la convention declare a la republique qu'hier matin Marat a conseille le pillage, et qu'hier soir on a pille. Une foule de propositions se succedent; enfin on s'arrete a celle de renvoyer sans distinction tous les auteurs des troubles aux tribunaux ordinaires. "Eh bien! s'ecrie alors Marat, rendez un acte d'accusation contre moi-meme, afin que la convention prouve qu'elle a'perdu toute pudeur!" A ces mots, un grand tumulte s'eleve; sur-le-champ la convention renvoie devant les tribunaux Marat et tous les auteurs des delits commis dans la journee du 25. La proposition de Barrere est adoptee. Santerre et Pache sont mandes a la barre. De nouvelles dispositions sont prises contre les agens supposes de l'etranger et de l'emigration. Dans le moment, cette opinion d'une influence etrangere s'accreditait de toutes parts. La veille, on avait ordonne de nouvelles visites domiciliaires dans toute la France, pour arreter les emigres et les voyageurs suspects; ce meme jour, on renouvela l'obligation des passe-ports, on enjoignit a tous les aubergistes ou logeurs de declarer les etrangers loges chez eux; on ordonna enfin un nouveau recensement de tous les citoyens des sections. Marat devait etre enfin accuse, et le lendemain il ecrivit dans sa feuille les lignes suivantes: "Indigne de voir les ennemis de la chose publique machiner eternellement contre le peuple; revolte de voir les accapareurs en tout genre se coaliser pour le reduire au desespoir par la detresse et la faim; desole de voir que les mesures prises par la convention pour arreter ces conjurations n'atteignaient pas le but; excede des gemissemens des infortunes qui viennent chaque matin me demander du pain, en accusant la convention de les laisser perir de misere, je prends la plume pour ventiler les meilleurs moyens de mettre enfin un terme aux conspirations des ennemis publics et aux souffrances du peuple. Les idees les plus simples sont celles qui se presentent les premieres a un esprit bien fait, qui ne veut que le bonheur general sans aucun retour sur lui-meme: je me demande donc pourquoi nous ne ferions pas tourner contre des brigands publics les moyens CHAPITRE VI. 88
histoire

« distribuaient des assignats pour entrainer le peuple dans les boutiques.

Enfin, apres plusieurs heures, la force armee se trouva reunie; Santerre revint de Versailles; les ordres necessaires furent donnes; le bataillon des Brestois, present a Paris, deploya beaucoup de zele et d'assurance, et on parvint a dissiper les pillards. Le soir il y eut une vive discussion aux Jacobins.

On deplora ces desordres, malgre les cris des tribunes et malgre leurs dementis.

Collot-d'Herbois, Thuriot, Robespierre furent unanimes pour conseiller la tranquillite, et rejeter les exces sur les aristocrates et les girondins.

Robespierre fit sur ce sujet un long discours ou il soutint que le peuple etait impeccable, qu'il ne pouvait jamais avoir tort, et que, si on ne l'egarait pas, il ne commettrait jamais aucune faute.

Il soutint que dans ces groupes de pillards on plaignait le roi mort, qu'on y disait du bien du cote droit de l'assemblee, qu'il l'avait entendu lui-meme, et que par consequent il ne pouvait pas y avoir de doute sur les veritables instigateurs qui avaient egare le peuple.

Marat lui-meme vint conseiller le bon ordre, condamner les pillages qu'il avait preches le matin dans sa feuille, et les imputer aux girondins et aux royalistes. Le lendemain, les plaintes accoutumees et toujours inutiles retentirent dans l'assemblee.

Barrere s'eleva avec force contre les crimes de la veille.

Il fit remarquer les retards apportes par les autorites dans la repression du desordre.

Les pillages en effet avaient commence a dix heures du matin, et a cinq heures du soir la force armee n'etait pas encore reunie.

Barrere demanda que le maire et le commandant general fussent mandes pour expliquer les motifs de ce retard.

Une deputation de la section de Bon-Conseil appuyait cette demande. Salles prend alors la parole; il propose un acte d'accusation contre l'instigateur des pillages, contre Marat, et lit l'article insere la veille dans sa feuille.

Souvent on avait demande une accusation contre les provocateurs au desordre, et particulierement contre Marat; l'occasion ne pouvait etre plus favorable pour les poursuivre, car jamais le desordre n'avait suivi de plus pres la provocation.

Marat, sans se deconcerter, soutient a la tribune qu'il est tout naturel que le peuple se fasse justice des accapareurs, puisque les lois sont insuffisantes, et qu'il faut envoyer aux Petites-Maisons ceux qui proposent de l'accuser.

Buzot demande l'ordre du jour sur la proposition d'accuser monsieur Marat, “La loi est precise, dit-il, mais monsieur Marat incidentera sur ses expressions, le jury sera embarrasse, et il ne faut pas preparer un triomphe a monsieur Marat, en presence de la justice elle-meme.” Un membre demande que la convention declare a la republique qu'hier matin Marat a conseille le pillage, et qu'hier soir on a pille.

Une foule de propositions se succedent; enfin on s'arrete a celle de renvoyer sans distinction tous les auteurs des troubles aux tribunaux ordinaires.

“Eh bien! s'ecrie alors Marat, rendez un acte d'accusation contre moi-meme, afin que la convention prouve qu'elle a'perdu toute pudeur!” A ces mots, un grand tumulte s'eleve; sur-le-champ la convention renvoie devant les tribunaux Marat et tous les auteurs des delits commis dans la journee du 25.

La proposition de Barrere est adoptee. Santerre et Pache sont mandes a la barre.

De nouvelles dispositions sont prises contre les agens supposes de l'etranger et de l'emigration.

Dans le moment, cette opinion d'une influence etrangere s'accreditait de toutes parts.

La veille, on avait ordonne de nouvelles visites domiciliaires dans toute la France, pour arreter les emigres et les voyageurs suspects; ce meme jour, on renouvela l'obligation des passe-ports, on enjoignit a tous les aubergistes ou logeurs de declarer les etrangers loges chez eux; on ordonna enfin un nouveau recensement de tous les citoyens des sections. Marat devait etre enfin accuse, et le lendemain il ecrivit dans sa feuille les lignes suivantes: “Indigne de voir les ennemis de la chose publique machiner eternellement contre le peuple; revolte de voir les accapareurs en tout genre se coaliser pour le reduire au desespoir par la detresse et la faim; desole de voir que les mesures prises par la convention pour arreter ces conjurations n'atteignaient pas le but; excede des gemissemens des infortunes qui viennent chaque matin me demander du pain, en accusant la convention de les laisser perir de misere, je prends la plume pour ventiler les meilleurs moyens de mettre enfin un terme aux conspirations des ennemis publics et aux souffrances du peuple.

Les idees les plus simples sont celles qui se presentent les premieres a un esprit bien fait, qui ne veut que le bonheur general sans aucun retour sur lui-meme: je me demande donc pourquoi nous ne ferions pas tourner contre des brigands publics les moyens Histoire de la Revolution francaise, III CHAPITRE VI.

88. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles