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Homo faber : l'action plus claire que les objets.

Publié le 11/05/2011

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Le seul moyen de renverser le scepticisme, c'est que nous prenions pour criterium de la vérité la proposition : on est sûr du vrai qu'on a fait soi-même.... Les Latins confondent causa avec negotium, cause avec opération, et ce qui naît de la cause, ils l'appellent effet, effectus. Ces locutions semblent s'accorder avec ce que nous avons établi sur le fait et sur le vrai. Car si le vrai, c'est ce qui est fait, prouver par les causes, c'est faire, et ainsi causa et negotium, cause et opération sont identiques ; le fait et le vrai, c'est la même chose, c'est-à-dire un effet. Les causes dont on s'occupe le plus en physique sont la matière et la forme ; dans la morale, c'est la cause finale ; dans la métaphysique, la cause efficiente. Il est donc vraisemblable que les anciens philosophes de l'Italie pensèrent que c'est prouver par les causes que d'introduire l'ordre dans la matière, dans les éléments indigestes d'une chose, et de les faire passer de la dispersion à l'unité : ordre et union d'où il résulte une forme certaine qui impose à la matière une nature spéciale et propre. Si cela est vrai, l'arithmétique et la géométrie, que l'on considère comme ne recourant jamais aux causes dans leurs démonstrations, prouvent véritablement par les causes. Et pourquoi ces sciences démontrent-elles par les causes ? C'est qu'ici l'esprit humain contient les éléments des vérités qu'il peut ordonner et harmoniser, et de l'arrangement desquels sort le vrai qu'il démontre ; en sorte que la démonstration est une opération créatrice, et que le vrai est identique avec le fait. Et si nous ne pouvons prouver la physique par les causes, c'est que les éléments des choses de la nature sont hors de nous. Car, tout finis qu'ils sont, il n'en faut pas moins un pouvoir infini pour les disposer, les ordonner et en faire sortir leur effet.... C'est ainsi que nous avons dit dans notre Dissertation sur la méthode d'études suivie de notre temps : « Nous démontrons les propositions géométriques parce que nous les faisons ; si nous pouvions démontrer la physique, nous la ferions. « Il faut donc stigmatiser comme coupables d'une curiosité téméraire et impie ceux qui essaient de prouver a priori le Dieu très bon et très grand. Ce n'est rien moins que se faire le Dieu de Dieu et nier le Dieu que l'on cherche.... La clarté du vrai métaphysique est comme celle de la lumière, que nous ne connaissons que par l'obscurité : les choses physiques sont opaques. Vico.

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