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Hannah Arendt : « Emprisonnement » de l'animal laborans, de l'homo faber et du penseur « Emprisonnement » du à l'action : l'irréversibilité et l'imprévisibilité

Publié le 23/07/2012

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La promesse permet de neutraliser l’imprévisibilité de l’action: par l'institution de la promesse la société s'approprie son avenir, le garantissant contre l'imprévisible radical, en lui conférant en quelque sorte un passé. Par la promesse, les relations humaines trouvent une stabilité, par exemple dans les contrats passés entre sujets ; par son caractère de certitudes anticipées, elle vient donner un peu de solidité, de stabilité au domaine des affaires humaines, disposer des « îlots de sécurité «. Elle est donc cette capacité de la société à "créditer l'avenir", s'y engager par des anticipations qui en baliseront le déroulement.

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« tant que penseur), c'est [...] une chose extérieure [...] à chacune des activités en question ».

En fait, pour simplifier, la rédemption du travail de l'animal laborans c'estl'œuvre de l'homo faber et la rédemption de l'œuvre de l'homo faber c'est l'action et la parole.

Les trois activités de la Vita Activa ne sont donc pas sans communiquer: la « rédemption » est le mode original de communication de l'une à l'autre, c'est-à-dire que chacune est en quelque sorte le « remède » de l'autre.

Chacune en effetserait comme aliénée si elle devait se suffire à elle-même.

Donc d'une part, l'homo laborans ne réussit à s'extraire du cycle perpétuel du processus vital que parce qu'ila recours à la mobilisation des capacités de l'homo faber c'est-à-dire parce qu'il crée une œuvre durable, donc riche de sens.

D'autre part, ce même homo faber estprisonnier du cycle infini de la fin et des moyens, où chaque fin est en fait moyen en vue d'une autre fin.

Sa libération vient de l'action et de la parole jumelées.Cependant nous allons voir dans le paragraphe suivant qu'en ce qui concerne les problèmes de l'action (c'est-à-dire l'irréversibilité et l'imprévisibilité qui lacaractérisent), le remède ne vient pas d'une activité, disons, supérieure mais bien de l'action elle-même. 6 II.

« Emprisonnement » du à l'action : irréversibilité et imprévisibilitéOn vient de voir que, "L'animal laborans", prisonnier du processus vital, éternellement soumis à la nécessité du travail et de la consommation, peut échapper à cettecondition en mobilisant une autre faculté humaine, la faculté de faire.

L'"homo faber", lui, victime du non-sens, de l'impossibilité de trouver des normes valables dansun monde déterminé par la catégorie de la fin-et-des-moyens, peut se libérer de cette condition grâce aux facultés de l'action et de la parole qui produisent deshistoires riches de sens.

Dans ces deux cas, ce qui sauve l'homme, c'est quelque chose qui vient d'ailleurs: une chose extérieure, non certes à l'homme, mais à chacunedes activités en question.

Cependant, comme le déclare Hannah Arendt, « le cas de l'action et de ses problèmes est tout différent ».

Le remède ne vient pas d'une autrefaculté supérieure mais de l'action même.

Plutôt que de chercher des substituts à l'action pour échapper à ses calamités, c'est dans la capacité d'agir elle-même qu'ilfaut chercher des remèdes aux frustrations de l'action.

Donc, la solution est à chercher à l'intérieur même de l'action. 1.

Deux caractéristiques de l'action qui posent problème: l'imprévisibilité et l'irréversibilitéL'action a donc des caractéristiques qui lui sont propres : l'imprévisibilité et l'irréversibilité. L'action est imprévisible.

H.

Arendt conçoit cette imprévisibilité, cette « chaotique incertitudede l'avenir », comme le résultat d'une succession de miracles, d'actes hautement improbables.

Pour Hannah Arendt, quand l'homme commence quelque chose c'esttotalement imprévisible et cette caractéristique est en retour la signature qu'il s'agit d'une action humaine.

Initiée par des êtres uniques et capables de nouveauté,l'action est imprévisible parce qu'infinie.

On ne saisit le sens d'une action qu'une fois qu'elle est achevée.

En effet, nous avons déjà vu que lorsque l'action,fraîchement initiée, tombe dans le réseau humain, son « auteur » n'en est plus maître, chacun peut en quelque sorte agir dessus : il y a dés lors une pluralité d'auteurs ;c'est en réalité, à cause des autres que l'action est imprévisible. L'action est également irréversible, car elle commence quelque chose d'entièrementnouveau et elle s'inscrit dans le domaine des affaires humaines, parmi d'autres actions imprévisibles initiées par des êtres uniques.

En agissant, les hommesdéclenchent des processus qu'ils pourront modifier en agissant de nouveau, mais qu'ils ne pourront jamais reprendre.

Chaque action, une fois posée, ne peut êtredéfaite, et ses résultats sont irréversibles.

Il est impossible de revenir en arrière dans le champ des affaires humaines c'est-à-dire dans le champ de la réalité.

C'est soncaractère fondamentalement interhumain qui interdit ce retour en arrière ainsi que son caractère visible aux yeux de tous.

De plus H.

Arendt ajoute quel'irréversibilité de l'action est d'autant plus « douloureuse » qu'elle est imprévisible : « on ne savait pas, on ne pouvait pas savoir ce que l'on faisait ». 7 2.

Deux remèdes qui viennent de l'action elle-même : le pardon et les promessesNous voyons donc cette double crainte que suscite l'action: d'une part, du côté du passé, le danger de rester enfermé dans l'irréversibilité du déjà fait, del'irrémédiable; d'autre part, du côté du futur, l'effroi inverse que suscite un avenir indéterminé, dont la radicale imprévisibilité prive de tout repère.

Aucune société nes'accommode de ces craintes ; aussi bien ont-elles toutes élaboré des mécanismes destinés, au moins partiellement, à délier le passé et lier l'avenir.

Avec HannahArendt, nous parlerons ici des institutions du pardon et de la promesse.

Ces deux remèdes ne viennent pas d'une faculté supérieure à l'action mais bien de l'actionelle-même. Le pardon permet de dépasser l'irréversibilité de l'action: il donne, si on peut dire, unavenir à son passé, la possibilité de ne pas rester prisonnier du passé.

Ainsi, il est cette capacité de la société à "solder le passé" : le dépasser, le libérer en brisant lecycle sans fin de la vengeance et du ressentiment.

H.

Arendt explique bien que les fautes du passé sont « suspendues comme une épée de Damoclès au dessus dechaque génération nouvelle ».

Ainsi, si l'on veut avancer, progresser, ne pas rester enfermé dans le passé à cause de l'irréversibilité de l'action, il faut savoirpardonner.

Le pardon sert en quelque sorte à supprimer les actes du passé. La promesse permet de neutraliser l'imprévisibilité de l'action: par l'institution de lapromesse la société s'approprie son avenir, le garantissant contre l'imprévisible radical, en lui conférant en quelque sorte un passé.

Par la promesse, les relationshumaines trouvent une stabilité, par exemple dans les contrats passés entre sujets ; par son caractère de certitudes anticipées, elle vient donner un peu de solidité, destabilité au domaine des affaires humaines, disposer des « îlots de sécurité ».

Elle est donc cette capacité de la société à "créditer l'avenir", s'y engager par desanticipations qui en baliseront le déroulement. Ainsi passé et futur sont-ils désormais étroitement associés par ces deux actes.

En effet comme Hannah Arendt l'explique, ces deux facultés du pardon et de lapromesse « vont de pair » : le pardon relance la passé en le rapportant à une liberté plus forte que le poids de l'irrémédiable, elle « supprime les actes du passé » et lapromesse oriente l'avenir en le rapportant à une loi plus forte que la « chaotique incertitude » du lendemain. 8 ConclusionH.

Arendt revient donc dans ce passage sur les trois activités fondamentales de l'homme en montrant à quel point elles sont « imbriquées » les unes dans les autres.Chacune est en quelque sorte le « remède » de l'autre.

En effet, livré à lui-même, le travail restreint l'espace d'une existence au cycle de la vie.

La « rachat » na vientque de l'activité immédiatement supérieure, l'œuvre qui facilite le travail mais encore confère un caractère durable au monde.

Mais au-delà de la fabrication, pour laracheter et pour racheter aussi le travail, l'action épanouit l'être humain en lui ouvrant un horizon que les deux premières activités ne peuvent lui offrir.

Cependantl'action n'est pas exempte de problèmes : l'action a besoin de la présence d'autrui, elle est immergée dans le réseau humain et de ce fait elle est irréversible etimprévisible.

C'est un processus sans retour, irréversible et irrémédiable.

Le remède se trouve dans la faculté de pardonner et de faire et tenir des promesses.

En fait,pour simplifier, on pourrait dire que la rédemption du travail de l'animal laborans c'est l'œuvre de l'homo faber et la rédemption de l'œuvre de l'homo faberc'est l'action et la parole.

Enfin face aux problèmes que pose l'action, c'est-à dire, l'imprévisibilité et l'irréversibilité, la solution ne vient pas de la facultéimmédiatement supérieure puisqu'il n'y en a, à proprement parler, pas, mais elle vient de deux facultés humaines : le pardon et la promesse qui vont permettre dedépasser le passé et de disposer « d'îlots de sécurité » dans cet « océan d'incertitudes qu'est l'avenir ». 9. »

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