La Chartreuse de Parme Il se leva et parla bas à la marquise.
Publié le 12/04/2014
Extrait du document
«
on dirait que depuis près d'un an la haute société de Parme a juré de s'occuper exclusivement!"
Vingt fois le général l'avait rencontré à la cour, chez la duchesse et ailleurs; mais il se garda bien de témoigner
qu'il le connaissait; il eût craint de se compromettre.
\24 Que l'on dresse, cria-t-il au commis de la prison, un procès-verbal fort circonstancié de la remise qui m'est
faite du prisonnier par le digne podestat de Castelnovo.
Barbone, le commis, personnage terrible par le volume de sa barbe et sa tournure martiale, prit un air plus
important que de coutume, on eût dit un geôlier allemand.
Croyant savoir que c'était surtout la duchesse
Sanseverina qui avait empêché son maître le gouverneur, de devenir ministre de la guerre, ii fut d'une
insolence plus qu'ordinaire envers le prisonnier; il lui adressait la parole en l'appelant voi, ce qui est en Italie
la façon de parler aux domestiques.
\24 Je suis prélat de la sainte Eglise romaine, lui dit Fabrice avec fermeté, et grand vicaire de ce diocèse, ma
naissance seule me donne droit aux égards.
\24 Je n'en sais rien! répliqua le commis avec impertinence; prouvez vos assertions en exhibant les brevets qui
vous donnent droit à ces titres fort respectables.
Fabrice n'avait point de brevets et ne répondit pas.
Le général Fabio Conti, debout à côté de son commis, le
regardait écrire sans lever les yeux sur le prisonnier, afin de n'être pas obligé de dire qu'il était réellement
Fabrice del Dongo.
Tout à coup Clélia Conti, qui attendait en voiture, entendit un tapage effroyable dans le corps de carde.
Le
commis Barbone faisant une description insolente et fort longue de la personne du prisonnier, lui ordonna
d'ouvrir ses vêtements afin que l'on pût vérifier et constater le nombre et l'état des égratignures reçues lors de
l'affaire Giletti.
\24 Je ne puis, dit Fabrice souriant amèrement; je me trouve hors d'état d'obéir aux ordres de Monsieur, les
menottes m'en empêchent!
\24 Quoi! s'écria le général d'un air naïf, le prisonnier a des menottes! dans l'intérieur de la forteresse! cela est
contre les règlements, il faut un ordre ad hoc; ôtez-lui les menottes.
Fabrice le regarda."Voilà un plaisant jésuite! pensa-t-il; il y a une heure qu'il me voit ces menottes qui me
gênent horriblement, et il fait l'étonné!"
Les menottes furent ôtées par les gendarmes; ils venaient d'apprendre que Fabrice était neveu de la duchesse
Sanseverina, et se hâtèrent de lui montrer une politesse mielleuse qui faisait contraste avec la grossièreté du
commis, celui-ci en parut piqué et dit à Fabrice qui restait immobile:
\24 Allons donc! dépêchons! montrez-nous ces égratignures que vous avez reçues du pauvre Giletti, lors de
l'assassinat.
D'un saut, Fabrice s'élança sur le commis, et lui donna un soufflet tel que le Barbone' tomba de sa chaise sur
les jambes du général.
Les gendarmes s'emparèrent des bras de Fabrice qui restait immobile; le général
lui-même et deux gendarmes qui étaient à ses côtés se hâtèrent de relever le commis dont la figure saignait
abondamment.
Deux gendarmes plus éloignés coururent fermer la porte du bureau, dans l'idée que le La Chartreuse de Parme
CHAPITRE XV 140.
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