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La dame de Monsoreau v.

Publié le 11/04/2014

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La dame de Monsoreau v.1 Je ne repliquai que par un soupir. Ce que disait la le comte etait plein de raison et de vraisemblance. M. de Monsoreau attendit un instant, comme pour me laisser tout le loisir de lui repondre; mais je n'en eus pas la force. Il etait debout, tout pret a se retirer. Un sourire amer passa sur ses levres; il s'inclina et sortit. Je crus entendre quelques imprecations s'echapper de sa bouche dans l'escalier. J'appelai Gertrude. Gertrude avait l'habitude de se tenir, ou dans le cabinet, ou dans la chambre a coucher quand venait le comte; elle accourut. J'etais a la fenetre, enveloppee dans les rideaux de facon que, sans etre apercue, je pusse voir ce qui se passait dans la rue. Le comte sortit et s'eloigna. Nous restames une heure a peu pres, attentives a tout examiner, mais personne ne vint. La nuit s'ecoula sans rien amener de nouveau. Le lendemain Gertrude, en sortant, fut accostee par un jeune homme, qu'elle reconnut pour etre celui qui, la veille, accompagnait le prince; mais, a toutes ses instances, elle refusa de repondre; a toutes ses questions, elle resta muette. Le jeune homme, lasse, se retira. Cette rencontre m'inspira une profonde terreur; c'etait le commencement d'une investigation qui, certes, ne devait point s'arreter la. J'eus peur que M. de Monsoreau ne vint pas le soir, et que quelque tentative ne fut faite contre moi dans la nuit; je l'envoyai chercher; il vint aussitot. Je lui racontai tout et lui fis le portrait du jeune homme d'apres ce que Gertrude m'en avait rapporte. --C'est Aurilly, dit-il; qu'a repondu Gertrude? --Gertrude n'a rien repondu. M. de Monsoreau reflechit un instant. --Elle a eu tort, dit-il. --Comment cela? --Oui, il s'agit de gagner du temps. --Du temps? --Aujourd'hui, je suis encore dans la dependance de M. le duc d'Anjou; mais, dans quinze jours, dans douze jours, dans huit jours peut-etre, c'est le duc d'Anjou qui sera dans la mienne. Il s'agit donc de le tromper pour qu'il attende. CHAPITRE XV. CE QUE C'ETAIT QUE DIANE DE MERIDOR.--LE MARIAGE. 131 La dame de Monsoreau v.1 --Mon Dieu! --Sans doute, l'espoir le rendra patient. Un refus complet le poussera vers quelque parti desespere. --Monsieur, ecrivez a mon pere, m'ecriai-je; mon pere accourra et ira se jeter aux pieds du roi. Le roi aura pitie d'un vieillard. --C'est selon la disposition d'esprit ou sera le roi, et selon qu'il sera dans sa politique d'etre pour le moment l'ami ou l'ennemi de M. le duc d'Anjou. D'ailleurs, il faut six jours a un messager pour aller trouver votre pere; il faut six jours a votre pere pour venir. Dans douze jours M. le duc d'Anjou aura fait, si nous ne l'arretons pas, tout le chemin qu'il peut faire. --Et comment l'arreter? M. de Monsoreau ne repondit point. Je compris sa pensee et je baissai les yeux. --Monsieur, dis-je apres un moment de silence, donnez vos ordres a Gertrude, et elle suivra vos instructions. Un sourire imperceptible passa sur les levres de M. de Monsoreau, a ce premier appel de ma part a sa protection. Il causa quelques instants avec Gertrude. --Madame, me dit-il, je pourrais etre vu sortant de chez vous: deux ou trois heures nous manquent seulement pour attendre la nuit; me permettez-vous de passer ces deux ou trois heures dans votre appartement? M. de Monsoreau avait presque le droit d'exiger; il se contentait de demander: je lui fis signe de s'asseoir. C'est alors que je remarquai la supreme puissance que le comte avait sur lui-meme: a l'instant meme, il surmonta la gene qui resultait de notre situation respective, et sa conversation, a laquelle cette espece d'aprete que j'ai deja signalee donnait un puissant caractere, commenca variee et attachante. Le comte avait beaucoup voyage, beaucoup vu, beaucoup pense, et j'avais, au bout de deux heures, compris toute l'influence que cet homme etrange avait prise sur mon pere. Bussy poussa un soupir. La nuit venue, sans insister, sans demander davantage, et comme satisfait de ce qu'il avait obtenu, il se leva et sortit. Pendant la soiree, nous nous remimes, Gertrude et moi, a notre observatoire. Cette fois, nous vimes distinctement deux hommes qui examinaient la maison. Plusieurs fois ils s'approcherent de la porte; toute lumiere interieure etait eteinte; ils ne purent nous voir. Vers onze heures ils s'eloignerent. Le lendemain, Gertrude, en sortant, retrouva le meme jeune homme a la meme place; il vint de nouveau a elle, et l'interrogea comme il avait fait la veille. Ce jour-la Gertrude fut moins severe et echangea quelques mots avec lui. Le jour suivant, Gertrude fut plus communicative; elle lui dit que j'etais la veuve d'un conseiller, qui, restee sans fortune, vivait fort retiree; il voulut insister pour en savoir davantage, mais il fallut qu'il se contentat, CHAPITRE XV. CE QUE C'ETAIT QUE DIANE DE MERIDOR.--LE MARIAGE. 132

« —Mon Dieu! —Sans doute, l'espoir le rendra patient.

Un refus complet le poussera vers quelque parti desespere. —Monsieur, ecrivez a mon pere, m'ecriai-je; mon pere accourra et ira se jeter aux pieds du roi.

Le roi aura pitie d'un vieillard. —C'est selon la disposition d'esprit ou sera le roi, et selon qu'il sera dans sa politique d'etre pour le moment l'ami ou l'ennemi de M.

le duc d'Anjou.

D'ailleurs, il faut six jours a un messager pour aller trouver votre pere; il faut six jours a votre pere pour venir.

Dans douze jours M.

le duc d'Anjou aura fait, si nous ne l'arretons pas, tout le chemin qu'il peut faire. —Et comment l'arreter? M.

de Monsoreau ne repondit point.

Je compris sa pensee et je baissai les yeux. —Monsieur, dis-je apres un moment de silence, donnez vos ordres a Gertrude, et elle suivra vos instructions. Un sourire imperceptible passa sur les levres de M.

de Monsoreau, a ce premier appel de ma part a sa protection. Il causa quelques instants avec Gertrude. —Madame, me dit-il, je pourrais etre vu sortant de chez vous: deux ou trois heures nous manquent seulement pour attendre la nuit; me permettez-vous de passer ces deux ou trois heures dans votre appartement? M.

de Monsoreau avait presque le droit d'exiger; il se contentait de demander: je lui fis signe de s'asseoir. C'est alors que je remarquai la supreme puissance que le comte avait sur lui-meme: a l'instant meme, il surmonta la gene qui resultait de notre situation respective, et sa conversation, a laquelle cette espece d'aprete que j'ai deja signalee donnait un puissant caractere, commenca variee et attachante.

Le comte avait beaucoup voyage, beaucoup vu, beaucoup pense, et j'avais, au bout de deux heures, compris toute l'influence que cet homme etrange avait prise sur mon pere. Bussy poussa un soupir. La nuit venue, sans insister, sans demander davantage, et comme satisfait de ce qu'il avait obtenu, il se leva et sortit. Pendant la soiree, nous nous remimes, Gertrude et moi, a notre observatoire.

Cette fois, nous vimes distinctement deux hommes qui examinaient la maison.

Plusieurs fois ils s'approcherent de la porte; toute lumiere interieure etait eteinte; ils ne purent nous voir. Vers onze heures ils s'eloignerent. Le lendemain, Gertrude, en sortant, retrouva le meme jeune homme a la meme place; il vint de nouveau a elle, et l'interrogea comme il avait fait la veille.

Ce jour-la Gertrude fut moins severe et echangea quelques mots avec lui. Le jour suivant, Gertrude fut plus communicative; elle lui dit que j'etais la veuve d'un conseiller, qui, restee sans fortune, vivait fort retiree; il voulut insister pour en savoir davantage, mais il fallut qu'il se contentat, La dame de Monsoreau v.1 CHAPITRE XV.

CE QUE C'ETAIT QUE DIANE DE MERIDOR.—LE MARIAGE.

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