La dame de Monsoreau v.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Mon Dieu!
Sans doute, l'espoir le rendra patient.
Un refus complet le poussera vers quelque parti desespere.
Monsieur, ecrivez a mon pere, m'ecriai-je; mon pere accourra et ira se jeter aux pieds du roi.
Le roi aura
pitie d'un vieillard.
C'est selon la disposition d'esprit ou sera le roi, et selon qu'il sera dans sa politique d'etre pour le moment
l'ami ou l'ennemi de M.
le duc d'Anjou.
D'ailleurs, il faut six jours a un messager pour aller trouver votre pere;
il faut six jours a votre pere pour venir.
Dans douze jours M.
le duc d'Anjou aura fait, si nous ne l'arretons pas,
tout le chemin qu'il peut faire.
Et comment l'arreter?
M.
de Monsoreau ne repondit point.
Je compris sa pensee et je baissai les yeux.
Monsieur, dis-je apres un moment de silence, donnez vos ordres a Gertrude, et elle suivra vos instructions.
Un sourire imperceptible passa sur les levres de M.
de Monsoreau, a ce premier appel de ma part a sa
protection.
Il causa quelques instants avec Gertrude.
Madame, me dit-il, je pourrais etre vu sortant de chez vous: deux ou trois heures nous manquent seulement
pour attendre la nuit; me permettez-vous de passer ces deux ou trois heures dans votre appartement?
M.
de Monsoreau avait presque le droit d'exiger; il se contentait de demander: je lui fis signe de s'asseoir.
C'est alors que je remarquai la supreme puissance que le comte avait sur lui-meme: a l'instant meme, il
surmonta la gene qui resultait de notre situation respective, et sa conversation, a laquelle cette espece d'aprete
que j'ai deja signalee donnait un puissant caractere, commenca variee et attachante.
Le comte avait beaucoup
voyage, beaucoup vu, beaucoup pense, et j'avais, au bout de deux heures, compris toute l'influence que cet
homme etrange avait prise sur mon pere.
Bussy poussa un soupir.
La nuit venue, sans insister, sans demander davantage, et comme satisfait de ce qu'il avait obtenu, il se leva et
sortit.
Pendant la soiree, nous nous remimes, Gertrude et moi, a notre observatoire.
Cette fois, nous vimes
distinctement deux hommes qui examinaient la maison.
Plusieurs fois ils s'approcherent de la porte; toute
lumiere interieure etait eteinte; ils ne purent nous voir.
Vers onze heures ils s'eloignerent.
Le lendemain, Gertrude, en sortant, retrouva le meme jeune homme a la meme place; il vint de nouveau a elle,
et l'interrogea comme il avait fait la veille.
Ce jour-la Gertrude fut moins severe et echangea quelques mots
avec lui.
Le jour suivant, Gertrude fut plus communicative; elle lui dit que j'etais la veuve d'un conseiller, qui, restee
sans fortune, vivait fort retiree; il voulut insister pour en savoir davantage, mais il fallut qu'il se contentat, La dame de Monsoreau v.1
CHAPITRE XV.
CE QUE C'ETAIT QUE DIANE DE MERIDOR.LE MARIAGE.
132.
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