La dame de Monsoreau v.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Oui, oui, dit Bussy, ce n'etait point au prince qu'ils en voulaient: c'etait a moi.
En tout cas, reprit Diane, cette attaque eloigna le prince.
Nous le vimes se retirer par la rue de Jouy, tandis
que les cinq gentilshommes de l'embuscade allaient reprendre leur poste au coin de l'hotel des Tournelles.
Il etait evident que, pour cette nuit du moins, le danger venait de s'ecarter de nous, car ce n'etait point a moi
qu'en voulaient les cinq gentilshommes.
Mais nous etions trop inquietes et trop emues pour ne point rester sur
pied.
Nous demeurames debout contre la fenetre, et nous attendimes quelque evenement inconnu que nous
sentions instinctivement s'avancer a notre rencontre.
L'attente fut courte.
Un homme a cheval parut, tenant le milieu de la rue Saint-Antoine.
C'etait sans doute
celui que les cinq gentilshommes embusques attendaient, car, en l'apercevant, ils crierent: Aux epees! aux
epees! et s'elancerent sur lui.
Vous savez tout ce qui a rapport a ce gentilhomme, dit Diane, puisque ce gentilhomme, c'etait vous.
Au contraire, madame, dit Bussy, qui, dans le recit de la jeune femme, esperait tirer quelque secret de son
coeur; au contraire, je ne sais rien que le combat, puisque apres le combat je m'evanouis.
Il est inutile de vous dire, reprit Diane avec une legere rougeur, l'interet que nous primes a cette lutte si
inegale et neanmoins si vaillamment soutenue.
Chaque episode du combat nous arrachait un frissonnement, un
cri, une priere.
Nous vimes votre cheval faiblir et s'abattre.
Nous vous crumes perdu; mais il n'en etait rien, le
brave Bussy meritait sa reputation.
Vous tombates debout et n'eutes pas meme besoin de vous relever pour
frapper vos ennemis; enfin, entoure, menace de toutes parts, vous fites retraite comme le lion, la face tournee a
vos adversaires, et vous vintes vous appuyer a la porte; alors, la meme idee nous vint a Gertrude et a moi,
c'etait de descendre pour vous ouvrir; elle me regarda: Oui, lui dis-je; et toutes deux nous nous elancames
vers l'escalier.
Mais, comme je vous l'ai dit, nous nous etions barricadees en dedans, il nous fallut quelques
secondes pour ecarter les meubles qui obstruaient le passage, et au moment ou nous arrivions sur le palier,
nous entendimes la porte de la rue qui se refermait.
Nous restames toutes deux immobiles.
Quelle etait donc la personne qui venait d'entrer et comment etait-elle
entree?
Je m'appuyai a Gertrude, et nous demeurames muettes et dans l'attente.
Bientot des pas se firent entendre dans l'allee; ils se rapprochaient de l'escalier, un homme parut, chancelant,
etendit les bras, et tomba sur les premieres marches en poussant un sourd gemissement.
Il etait evident que cet homme n'etait point poursuivi; qu'il avait mis la porte, si heureusement laissee ouverte
par le duc d'Anjou, entre lui et ses adversaires, et que, blesse dangereusement, a mort peut-etre, il etait venu
s'abattre au pied de l'escalier.
En tout cas, nous n'avions rien a craindre, et c'etait au contraire cet homme qui avait besoin de notre secours.
La lampe! dis-je a Gertrude.
Elle courut et revint avec la lumiere.
Nous ne nous etions pas trompees: vous etiez evanoui.
Nous vous reconnumes pour le brave gentilhomme qui
s'etait si vaillamment defendu, et, sans hesiter, nous nous decidames a vous porter secours.
La dame de Monsoreau v.1
CHAPITRE XVI.
CE QUE C'ETAIT QUE DIANE DE MERIDOR.LE MARIAGE.
136.
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