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La dame de Monsoreau v.

Publié le 11/04/2014

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La dame de Monsoreau v.2 --Dame, la ville n'est pas forte; bien defendue, cependant.... --Oui, bien defendue; mais elle peut etre mal defendue; si brave que tu sois, tu ne seras jamais qu'a un seul endroit. --C'est probable. --Si je ne suis pas en surete dans la ville, et je n'y suis pas, puisque Bussy en doute.... --Je n'ai pas dit que je doutais, Monseigneur. --Bon, bon; si je ne suis pas en surete, il faut que je m'y mette promptement. --C'est parler d'or, monseigneur. --Eh bien! je veux visiter le chateau et m'y retrancher. --Vous avez raison, monseigneur; de bons retranchements, voyez-vous.... Bussy balbutia; il n'avait pas l'habitude de la peur, et les paroles prudentes lui manquaient. --Et puis, une autre idee encore. --La matinee est feconde, monseigneur. --Je veux faire venir ici les Meridor. --Monseigneur, vous avez aujourd'hui une justesse et une vigueur de pensees!... Levez-vous et visitons le chateau. Le prince appela ses gens; Bussy profita de ce moment pour sortir. Il trouva le Haudoin dans les appartements. C'etait lui qu'il cherchait. Il l'emmena dans le cabinet du duc, ecrivit un petit mot, entra dans une serre, cueillit un bouquet de roses, roula le billet autour des tiges, passa a l'ecurie, sella Roland, mit le bouquet dans la main du Haudoin, et invita le Haudoin a se mettre en selle. Puis, le conduisant hors de la ville, comme Aman conduisait Mardochee, il le placa dans une espece de sentier. --La, lui dit-il, laisse aller Roland; au bout du sentier, tu trouveras la foret, dans la foret un parc, autour de ce parc un mur, a l'endroit du mur ou Roland s'arretera, tu jetteras ce bouquet. "Celui qu'on attend ne vient pas, disait le billet, parce que celui qu'on n'attendait pas est venu, et plus menacant que jamais, car il aime toujours. Prenez avec les levres et le coeur tout ce qu'il y a d'invisible aux yeux dans ce papier." Bussy lacha la bride a Roland qui partit au galop dans la direction de Meridor. Bussy revint au palais ducal et trouva le prince habille. CHAPITRE XXXII. DIPLOMATIE DE M. DE SAINT-LUC. 216 La dame de Monsoreau v.2 Quant a Remy, ce fut pour lui l'affaire d'une demi-heure. Emporte comme un nuage par le vent, Remy, confiant dans les paroles de son maitre, traversa pres, champs, bois, ruisseaux, collines, et s'arreta au pied d'un mur a demi degrade dont le chaperon tapisse de lierres semblait relie par eux aux branches des chenes. Arrive la, Remy se dressa sur ses etriers, attacha de nouveau et plus solidement encore qu'il ne l'etait le papier au billet, et, poussant un hem! vigoureux, il lanca le bouquet par-dessus le mur. Un petit cri qui retentit de l'autre cote lui apprit que le message etait arrive a bon port. Remy n'avait plus rien a faire, car on ne lui avait pas demande de reponse. Il tourna donc du cote par lequel il etait venu, la tete du cheval, qui se disposait a prendre son repas aux depens de la glandee, et qui temoigna un vif mecontentement d'etre derange dans ses habitudes; mais Remy fit une serieuse application de l'eperon et de la cravache. Roland sentit son tort et repartit de son train habituel. Quarante minutes apres, il se reconnaissait dans sa nouvelle ecurie, comme il s'etait reconnu dans le hallier, et il venait prendre de lui-meme sa place au ratelier bien garni de foin et a la mangeoire regorgeant d'avoine. Bussy visitait le chateau avec le prince. Remy le joignit au moment ou il examinait un souterrain conduisant a une poterne. --Eh bien! demanda-t-il a son messager, qu'as-tu vu? qu'as-tu entendu? qu'as-tu fait? --Un mur, un cri, sept lieues, repondit Remy avec le laconisme d'un de ces enfants de Sparte qui se faisaient devorer le ventre par les renards pour la plus grande gloire des lois de Lycurgue. CHAPITRE XXXIII. UNE VOLEE D'ANGEVINS. Bussy parvint a occuper si bien le duc d'Anjou de ses preparatifs de guerre, que, pendant deux jours, il ne trouva ni le temps d'aller a Meridor, ni le temps de faire venir le baron a Angers. Quelquefois cependant le duc revenait a ses idees de visite. Mais aussitot Bussy faisait l'empresse, visitait les mousquets de toute la garde, faisait equiper les chevaux en guerre, roulait les canons, les affuts, comme s'il s'agissait de conquerir une cinquieme partie du monde. Ce que voyant Remy, il se mettait a faire de la charpie, a repasser ses instruments, a confectionner ses baumes, comme s'il s'agissait de soigner la moitie du genre humain. Le duc alors reculait devant l'enormite de pareils preparatifs. Il va sans dire que, de temps en temps, Bussy, sous pretexte de faire le tour des fortifications exterieures, sautait sur Roland, et, en quarante minutes, arrivait a certain mur, qu'il enjambait d'autant plus lestement, qu'a chaque enjambement il faisait tomber quelque pierre, et que le chaperon, croulant sous son poids, devenait peu a peu une breche. Quant a Roland, il n'etait plus besoin de lui dire ou l'on allait, Bussy n'avait qu'a lui lacher la bride et fermer les yeux. --Voila deja deux jours de gagnes, disait Bussy, j'aurai bien du malheur si, d'ici a deux autres jours, il ne m'arrive pas un petit bonheur. CHAPITRE XXXIII. UNE VOLEE D'ANGEVINS. 217

« Quant a Remy, ce fut pour lui l'affaire d'une demi-heure.

Emporte comme un nuage par le vent, Remy, confiant dans les paroles de son maitre, traversa pres, champs, bois, ruisseaux, collines, et s'arreta au pied d'un mur a demi degrade dont le chaperon tapisse de lierres semblait relie par eux aux branches des chenes. Arrive la, Remy se dressa sur ses etriers, attacha de nouveau et plus solidement encore qu'il ne l'etait le papier au billet, et, poussant un hem! vigoureux, il lanca le bouquet par-dessus le mur. Un petit cri qui retentit de l'autre cote lui apprit que le message etait arrive a bon port. Remy n'avait plus rien a faire, car on ne lui avait pas demande de reponse. Il tourna donc du cote par lequel il etait venu, la tete du cheval, qui se disposait a prendre son repas aux depens de la glandee, et qui temoigna un vif mecontentement d'etre derange dans ses habitudes; mais Remy fit une serieuse application de l'eperon et de la cravache.

Roland sentit son tort et repartit de son train habituel. Quarante minutes apres, il se reconnaissait dans sa nouvelle ecurie, comme il s'etait reconnu dans le hallier, et il venait prendre de lui-meme sa place au ratelier bien garni de foin et a la mangeoire regorgeant d'avoine. Bussy visitait le chateau avec le prince. Remy le joignit au moment ou il examinait un souterrain conduisant a une poterne. —Eh bien! demanda-t-il a son messager, qu'as-tu vu? qu'as-tu entendu? qu'as-tu fait? —Un mur, un cri, sept lieues, repondit Remy avec le laconisme d'un de ces enfants de Sparte qui se faisaient devorer le ventre par les renards pour la plus grande gloire des lois de Lycurgue. CHAPITRE XXXIII.

UNE VOLEE D'ANGEVINS. Bussy parvint a occuper si bien le duc d'Anjou de ses preparatifs de guerre, que, pendant deux jours, il ne trouva ni le temps d'aller a Meridor, ni le temps de faire venir le baron a Angers. Quelquefois cependant le duc revenait a ses idees de visite.

Mais aussitot Bussy faisait l'empresse, visitait les mousquets de toute la garde, faisait equiper les chevaux en guerre, roulait les canons, les affuts, comme s'il s'agissait de conquerir une cinquieme partie du monde. Ce que voyant Remy, il se mettait a faire de la charpie, a repasser ses instruments, a confectionner ses baumes, comme s'il s'agissait de soigner la moitie du genre humain. Le duc alors reculait devant l'enormite de pareils preparatifs. Il va sans dire que, de temps en temps, Bussy, sous pretexte de faire le tour des fortifications exterieures, sautait sur Roland, et, en quarante minutes, arrivait a certain mur, qu'il enjambait d'autant plus lestement, qu'a chaque enjambement il faisait tomber quelque pierre, et que le chaperon, croulant sous son poids, devenait peu a peu une breche. Quant a Roland, il n'etait plus besoin de lui dire ou l'on allait, Bussy n'avait qu'a lui lacher la bride et fermer les yeux. —Voila deja deux jours de gagnes, disait Bussy, j'aurai bien du malheur si, d'ici a deux autres jours, il ne m'arrive pas un petit bonheur.

La dame de Monsoreau v.2 CHAPITRE XXXIII.

UNE VOLEE D'ANGEVINS.

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