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La dame de Monsoreau v.

Publié le 11/04/2014

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La dame de Monsoreau v.2 --Alors, compere, fit le Gascon, je descends pour payer notre depense et celle de nos betes; dans cinq minutes, si vous n'etes pas pret, je pars sans vous. Une toilette de moine n'est pas longue a faire; cependant Gorenflot mit six minutes. Aussi, en arrivant a la porte, vit-il Chicot qui, exact comme un Suisse, avait deja pris les devants. Le moine enfourcha Panurge, qui, excite par la double ration de foin et d'avoine que venait de lui faire administrer Chicot, prit le galop de lui-meme, et eut bientot conduit son cavalier cote a cote du Gascon. Le Gascon etait droit sur les etriers, et de la tete aux pieds ne faisait pas un pli. Gorenflot se dressa sur les siens, et vit a l'horizon les trois mules et les trois cavaliers qui descendaient derriere un monticule. Le moine poussa un soupir en songeant combien il etait triste qu'une influence etrangere agit ainsi sur sa destinee. Cette fois Chicot lui tint parole, et l'on dejeuna a Montereau. La journee eut de grandes ressemblances avec celle de la veille; et celle du lendemain presenta a peu pres la meme serie d'evenements. Nous passerons donc rapidement sur les details; et Gorenflot commencait a se faire tant bien que mal a cette existence accidentee, quand, vers le soir, il vit Chicot perdre graduellement toute sa gaiete; depuis midi, il n'avait pas apercu l'ombre des trois voyageurs qu'il suivait; aussi soupa-t-il de mauvaise humeur et dormit-il mal. Gorenflot mangea et but pour deux, essaya ses meilleures chansons. Chicot demeura dans son impassibilite. Le jour naissait a peine, qu'il etait sur pied, secouant son compagnon; le moine s'habilla, et, des le depart, on prit un trot qui se changea bientot en galop frenetique. Mais on eut beau courir, pas de mules a l'horizon. Vers midi, ane et cheval etaient sur les dents. Chicot alla droit a un bureau de peage etabli sur le pont de Villeneuve-le-Roi pour les betes a pied fourchu. --Avez-vous vu, demanda-t-il, trois voyageurs montes sur des mules, qui ont du passer ce matin? --Ce matin, mon gentilhomme? repondit le peager; non; hier, a la bonne heure. --Hier? --Oui, hier soir, a sept heures. --Les avez-vous remarques? --Dame! comme on remarque des voyageurs. --Je vous demande si vous vous souvenez de la condition de ces hommes. --Il m'a paru qu'il y avait un maitre et deux laquais. CHAPITRE IV. COMMENT FRERE GORENFLOT TROQUA SON ANE CONTRE UNE MULE, ET24 MULE SA La dame de Monsoreau v.2 --C'est bien cela, dit Chicot. Et il donna un ecu au peager. Puis, se parlant a lui-meme: --Hier soir, a sept heures, murmura-t-il; ventre de biche! ils ont douze heures d'avance sur moi. Allons, du courage! --Ecoutez, monsieur Chicot, dit le moine, du courage, j'en ai encore pour moi; mais je n'en ai plus pour Panurge. En effet, le pauvre animal, surmene depuis deux jours, tremblait sur ses quatre jambes et communiquait a Gorenflot l'agitation de son pauvre corps. --Et votre cheval lui-meme, continua Gorenflot, voyez dans quel etat il est. En effet, le noble animal, si ardent qu'il fut et a cause meme de son ardeur, etait ruisselant d'ecume, et une chaude fumee sortait par ses naseaux, tandis que le sang paraissait pret a jaillir de ses yeux. Chicot examina rapidement les deux betes, et parut se ranger a l'avis de son compagnon. Gorenflot respirait, quant tout a coup: --La! frere queteur, dit Chicot: il s'agit ici de prendre une grande resolution. --Mais nous ne prenons que cela depuis quelques jours! s'ecria Gorenflot, dont le visage se decomposa d'avance sans meme qu'il sut ce qui allait lui etre propose. --Il s'agit de nous quitter, dit Chicot, prenant du premier coup, comme on dit, le taureau par les cornes. --Bah! fit Gorenflot; toujours la meme plaisanterie! Nous quitter, et pourquoi? --Vous allez trop doucement, compere. --Vertudieu! dit Gorenflot; mais je vais comme le vent; mais nous avons galope ce matin cinq heures de suite! --Ce n'est point encore assez. --Alors repartons; plus nous irons vite, plus nous arriverons tot; car enfin je presume que nous arriverons. --Mon cheval ne veut pas aller, et votre ane refuse le service. --Alors comment faire? --Nous allons les laisser ici, et nous les reprendrons en passant. --Mais nous? Comptez-vous donc continuer la route a pied? CHAPITRE IV. COMMENT FRERE GORENFLOT TROQUA SON ANE CONTRE UNE MULE, ET25 MULE SA

« —C'est bien cela, dit Chicot. Et il donna un ecu au peager. Puis, se parlant a lui-meme: —Hier soir, a sept heures, murmura-t-il; ventre de biche! ils ont douze heures d'avance sur moi.

Allons, du courage! —Ecoutez, monsieur Chicot, dit le moine, du courage, j'en ai encore pour moi; mais je n'en ai plus pour Panurge. En effet, le pauvre animal, surmene depuis deux jours, tremblait sur ses quatre jambes et communiquait a Gorenflot l'agitation de son pauvre corps. —Et votre cheval lui-meme, continua Gorenflot, voyez dans quel etat il est. En effet, le noble animal, si ardent qu'il fut et a cause meme de son ardeur, etait ruisselant d'ecume, et une chaude fumee sortait par ses naseaux, tandis que le sang paraissait pret a jaillir de ses yeux. Chicot examina rapidement les deux betes, et parut se ranger a l'avis de son compagnon. Gorenflot respirait, quant tout a coup: —La! frere queteur, dit Chicot: il s'agit ici de prendre une grande resolution. —Mais nous ne prenons que cela depuis quelques jours! s'ecria Gorenflot, dont le visage se decomposa d'avance sans meme qu'il sut ce qui allait lui etre propose. —Il s'agit de nous quitter, dit Chicot, prenant du premier coup, comme on dit, le taureau par les cornes. —Bah! fit Gorenflot; toujours la meme plaisanterie! Nous quitter, et pourquoi? —Vous allez trop doucement, compere. —Vertudieu! dit Gorenflot; mais je vais comme le vent; mais nous avons galope ce matin cinq heures de suite! —Ce n'est point encore assez. —Alors repartons; plus nous irons vite, plus nous arriverons tot; car enfin je presume que nous arriverons. —Mon cheval ne veut pas aller, et votre ane refuse le service. —Alors comment faire? —Nous allons les laisser ici, et nous les reprendrons en passant. —Mais nous? Comptez-vous donc continuer la route a pied? La dame de Monsoreau v.2 CHAPITRE IV.

COMMENT FRERE GORENFLOT TROQUA SON ANE CONTRE UNE MULE, ET SA MULE CONTRE UN CHEVAL.

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