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La dame de Monsoreau v.

Publié le 11/04/2014

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La dame de Monsoreau v.2 --C'est juste. --Alors, tu comprends, tu parleras de Dieu, tu parleras du diable, tu parleras de ce que tu voudras; mais, d'une facon ou de l'autre, tu lui tireras des mains des papiers qui viennent d'Avignon. --Et s'il refuse? --Tu lui refuseras l'absolution, tu le maudiras, tu l'anathematiseras. --Ou je les lui prendrai de force. --Eh bien, encore, soit; mais, voyons, es-tu suffisamment degrise pour executer ponctuellement mes instructions? --Ponctuellement, vous allez voir. Et Gorenflot, passant une main sur son large visage, sembla en effacer les traces superficielles de l'ivresse; ses yeux devinrent calmes, bien qu on eut pu, avec de l'attention, les trouver hebetes; sa bouche n'articula plus que des paroles scandees avec moderation, son geste devint sobre, tout en demeurant un peu tremblant. Puis il se dirigea vers la porte avec solennite. --Un moment, dit Chicot; quand il t'aura donne les papiers, serre-les bien dans une main et frappe de l'autre a la muraille. --Et s'il me les refuse? --Frappe encore. --Alors, dans l'un et l'autre cas, je dois frapper? --Oui. --C'est bien. Et Gorenflot sortit de la chambre, tandis que Chicot, en proie a une emotion indefinissable, collait son oreille a la muraille, afin de percevoir jusqu'au moindre bruit. Dix minutes apres, le craquement du plancher lui annonca que Gorenflot entrait chez son voisin, et bientot il le vit apparaitre dans le cercle que son rayon visuel pouvait embrasser. L'avocat se souleva dans son lit, et regarda s'approcher l'etrange apparition. --Eh! bonjour, mon frere, dit Gorenflot s'arretant au milieu de la chambre et equilibrant ses larges epaules. --Que venez-vous faire ici, mon pere? murmura le malade d'une voix affaiblie. --Mon fils, je suis un religieux indigne, j'apprends que vous etes en danger, et je viens vous parler des interets de votre ame. --Merci, dit le moribond; mais je crois votre soin inutile. Je vais un peu mieux. CHAPITRE VI. COMMENT LE MOINE CONFESSA L'AVOCAT, ET COMMENT L'AVOCAT CONFESSA LE 44 La dame de Monsoreau v.2 Gorenflot secoua la tete. --Vous le croyez? dit-il. --J'en suis sur. --Ruse de Satan, qui voudrait vous voir mourir sans confession. --Satan serait attrape, dit le malade; je viens de me confesser a l'instant meme. --A qui? --A un digne pretre qui vient d'Avignon. Gorenflot secoua la tete. --Comment! ce n'est pas un pretre? --Non. --Comment le savez-vous? --Je le connais. --Celui qui sort d'ici? --Oui, dit Gorenflot avec un accent plein d'une telle conviction, que, si difficiles a demonter que soient en general les avocats, celui-ci se troubla. --Or, comme vous n'allez pas mieux, dit Gorenflot, et comme cet homme n'etait pas un pretre, il faut vous confesser. --Je ne demande pas mieux, dit l'avocat d'une voix un peu plus forte; mais je veux me confesser a qui me plait. --Vous n'avez pas le temps d'en envoyer chercher un autre, mon fils, et puisque me voila.... --Comment! je n'aurai pas le temps! s'ecria le malade avec une voix qui se developpa de plus en plus; quand je vous dis que je vais mieux! quand je vous affirme que je suis sur d'en rechapper! Gorenflot secoua une troisieme fois la tete. --Et moi, dit-il avec le meme flegme, je vous affirme a mon tour, mon fils, que je ne compte sur rien de bon a votre egard; vous etes condamne par les medecins et aussi par la divine Providence; c'est cruel a vous dire, je le sais bien; mais enfin nous en arrivons tous la, soit un peu plus tot, soit un peu plus tard; il y a la balance, la balance de la justice; et puis c'est consolant de mourir en cette vie, puisque l'on ressuscite dans l'autre. Pythagoras lui-meme le disait, mon fils, et ce n'etait qu'un paien. Allons, confessez-vous, mon cher enfant. --Mais je vous assure, mon pere, que je me sens deja plus fort, et c'est probablement un effet de votre sainte presence. CHAPITRE VI. COMMENT LE MOINE CONFESSA L'AVOCAT, ET COMMENT L'AVOCAT CONFESSA LE 45

« Gorenflot secoua la tete. —Vous le croyez? dit-il. —J'en suis sur. —Ruse de Satan, qui voudrait vous voir mourir sans confession. —Satan serait attrape, dit le malade; je viens de me confesser a l'instant meme. —A qui? —A un digne pretre qui vient d'Avignon. Gorenflot secoua la tete. —Comment! ce n'est pas un pretre? —Non. —Comment le savez-vous? —Je le connais. —Celui qui sort d'ici? —Oui, dit Gorenflot avec un accent plein d'une telle conviction, que, si difficiles a demonter que soient en general les avocats, celui-ci se troubla. —Or, comme vous n'allez pas mieux, dit Gorenflot, et comme cet homme n'etait pas un pretre, il faut vous confesser. —Je ne demande pas mieux, dit l'avocat d'une voix un peu plus forte; mais je veux me confesser a qui me plait. —Vous n'avez pas le temps d'en envoyer chercher un autre, mon fils, et puisque me voila.... —Comment! je n'aurai pas le temps! s'ecria le malade avec une voix qui se developpa de plus en plus; quand je vous dis que je vais mieux! quand je vous affirme que je suis sur d'en rechapper! Gorenflot secoua une troisieme fois la tete. —Et moi, dit-il avec le meme flegme, je vous affirme a mon tour, mon fils, que je ne compte sur rien de bon a votre egard; vous etes condamne par les medecins et aussi par la divine Providence; c'est cruel a vous dire, je le sais bien; mais enfin nous en arrivons tous la, soit un peu plus tot, soit un peu plus tard; il y a la balance, la balance de la justice; et puis c'est consolant de mourir en cette vie, puisque l'on ressuscite dans l'autre. Pythagoras lui-meme le disait, mon fils, et ce n'etait qu'un paien.

Allons, confessez-vous, mon cher enfant. —Mais je vous assure, mon pere, que je me sens deja plus fort, et c'est probablement un effet de votre sainte presence.

La dame de Monsoreau v.2 CHAPITRE VI.

COMMENT LE MOINE CONFESSA L'AVOCAT, ET COMMENT L'AVOCAT CONFESSA LE MOINE.

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