La dame de Monsoreau v.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
que seul de tous les commensaux du palais, quoiqu'une mince muraille le separe seule du prince, il n'a rien
entendu de la scene de la nuit.
Aussi demande-t-il a rester au lit, il y fera toutes les prieres que le roi lui
ordonnera.
A ce deplorable recit, Henri fait le signe de la croix, ordonne qu'on lui envoie son apothicaire.
Puis il recommande qu'on apporte au Louvre toutes les disciplines du couvent des Genovefains, il passe, vetu
de noir, devant Schomberg qui boite, devant d'Epernon qui a son bras en echarpe, devant Quelus encore tout
etourdi, devant d'O et Maugiron qui tremblent.
Il leur distribue, en passant, des disciplines, et leur ordonne de
se flageller le plus rudement que leurs bras puissent frapper.
D'Epernon fait observer qu'ayant le bras droit en echarpe il doit etre excepte de la ceremonie, attendu qu'il ne
pourra rendre les coups qu'on lui donnera, ce qui fera pour ainsi dire un desaccord dans la gamme de la
flagellation.
Henri III lui repond que sa penitence n'en sera que plus agreable a Dieu.
Lui-meme donne l'exemple.
Il ote son pourpoint, sa veste, sa chemise, et se frappe comme un martyr.
Chicot
a voulu rire et gausser selon son habitude, mais un regard terrible du roi lui a appris que ce n'etait pas l'heure;
alors il a pris comme les autres une discipline; seulement, au lieu de se frapper, il assomme ses voisins; et
lorsqu'il ne trouve plus aucun torse a sa portee, il enleve des ecailles de la peinture des colonnes et des
boiseries.
Ce tumulte rasserene peu a peu le visage du roi, quoiqu'il soit visible que son esprit reste toujours
profondement frappe.
Tout a coup il quitte sa chambre en ordonnant qu'on l'attende.
Derriere lui, les penitences cessent comme par
enchantement.
Chicot seul continue de frapper sur d'O, qu'il a en execration.
D'O le lui rend du mieux qu'il
peut.
C'est un duel de coups de martinet.
Henri est passe chez la reine.
Il lui a fait don d'un collier de perles de vingt-cinq mille ecus, l'a embrassee sur
les deux joues, ce qui ne lui est pas arrive depuis plus d'un an, et l'a suppliee de deposer les ornements royaux
et de se couvrir d'un sac.
Louise de Lorraine, toujours bonne et douce, y consent aussitot.
Elle demande pourquoi son mari, en lui
donnant un collier de perles, desire qu'elle se mette un sac sur les epaules.
Pour mes peches, repond Henri.
Cette reponse satisfait la reine, car elle connait mieux que personne de quelle somme enorme de peches son
mari doit faire penitence.
Elle s'habille au gre de Henri, qui revient dans sa chambre en y donnant
rendez-vous a la reine.
A la vue du roi, la flagellation recommence.
D'O et Chicot, qui n'ont point cesse, sont en sang.
Le roi les
complimente, et les appelle ses vrais et seuls amis.
Au bout de dix minutes, la reine arrive, vetue de son sac.
Aussitot on distribue des cierges a toute la cour, et,
pieds nus, par cet horrible temps de givre et de neige, les beaux courtisans, les belles dames et les bons
Parisiens, devots au roi et a Notre-Dame, s'en vont a Montmartre, grelottant d'abord, mais echauffes bientot
par les coups furieux que distribue Chicot a tous ceux qui ont le malheur de se trouver a portee de sa
discipline.
La dame de Monsoreau v.1
CHAPITRE VII.
COMMENT, SANS QUE PERSONNE SUT LA CAUSE DE CETTE CONVERSION, LE ROI HENRI SE TROUVA CONVERTI DU JOUR AU LENDEMAIN.
54.
»
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