La mort d'Olivier (chanson de Roland)

   [Mais Olivier est frappé à mort]    Il a tant saigné que ses yeux se sont troublés : il n'y voit plus assez clair pour reconnaître, loin ou près, homme qui vive. Comme il aborde son compagnon, il le frappe sur son heaume couvert d'or et de gemmes, qu'il fend jusqu'au nasal ; mais il n'a pas atteint la tête. A ce coup, Roland l'a regardé et lui demande doucement, avec amour : « Sire compagnon, le faites-vous exprès ? C'est moi, Roland, celui qui vous aime tant ! Vous ne m'aviez porté aucun défi. « Olivier dit : « Maintenant j'entends votre voix. Je ne vous vois pas : veuille le Seigneur Dieu vous voir ! Je vous ai frappé, pardonnez-le moi. « Roland répond : « Je n'ai aucun mal. Je vous pardonne, ici et devant Dieu. « A ces mots, l'un vers l'autre ils s'inclinèrent. C'est ainsi, avec grand amour, qu'ils se sont séparés.  [Roland est descendu lentement au fond de la détresse : la foi qu'il avait eue en la victoire, il l'a perdue. Il essaye vainement de briser Durandal, pour qu'elle ne tombe pas aux mains des Sarrasins... Mais il se bat toujours, il a tué le fils de Marsile et Marsile fuit, le poing droit tranché, et voici que les dernières troupes sarrasines faiblissent! Sur le champ de bataille, Roland va mourir en conquérant :]