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LA MORT DE ROLAND (vers 848-2396) - LA CHANSON DE ROLAND

Publié le 02/05/2011

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L'attaque sarrasine (vers 848-1187). — Aussitôt après le départ de Ganelon, Marsille a convoqué tous les barons d'Espagne. Il en a assemblé quatre cent mille. Il fait sonner ses tambours, il fait hisser sur sa plus haute tour l'image de Mahomet, que révèrent les païens. Puis tous, en toute hâte, se mettent à chevaucher à travers plaines, monts et vallées, jusqu'à ce qu'enfin ils aperçoivent les gonfanons de ceux de France. Alors ils s'arrêtent : ils préparent leur attaque. Et tandis que là-bas, au conseil de Charlemagne, Ganelon s'occupe à faire désigner Roland pour l'arrière-garde, douze païens, les douze pairs d'Espagnes viennent offrir à Marsille le service de leur épée : douze chefs terribles, d'une bravoure étincelante, riant comme des démons, et qui tous brodent avec emphase sur le même thème de Laine et de défi : « J'irai à Roncevaux, j'y chercherai Roland pour un combat à mort. Les Français seront anéantis. Charlemagne n'aura pas assez de jours à vivre pour dévorer ses larmes. «

« LXXVIPuis, voici le païen Esturgant, et aussi Estramariz, un sien compagnon.

Ce sont des félons, des traîtres prouvés.Marsille leur dit : « Seigneurs, avancez ! Vous irez à Roncevaux, au passage des ports.

Vous aiderez à y conduiremes hommes.

»Et ils répondent: « A votre commandement ! Nous livrerons assaut à Olivier et à Roland : les douzepairs n'auront personne pour les sauver de la mort.

Nos épées sont bonnes et tranchantes : nous les feronsvermeilles de sang chaud.

Les Français mourront ; Charles en mènera son deuil.

Nous vous remettrons en présent laterre de vos ancêtres.

Venez-y, roi, et vous verrez.

Nous vous ferons présent de l'empereur lui-même.

» LXXVIIMargariz de Séville accourt.

Ii tient la terre jusqu'aux Oftzmarines.

Les dames aiment sa beauté. Quand elles le voient, lent visage rayonne et ne peut s'empêcher de sourire.

Il n'y a païen qui soit aussi bonchevalier.

Il écarte la foule et, criant plus fort que les autres, il dit au roi : « N'ayez point de crainte I J'irai àRoncevaux tuer Roland.

Olivier non plus n'en reviendra pas vivant.

Les douze pairs sont restés là pour leur martyre.Voyez mon épée, dont la garde est d'or : je l'ai reçue de l'émir de Primes.

Je vous garantis qu'elle sera plongée dansle sang vermeil.

Les Français mourront et la France en sera honnie.

Charles le vieux, à la barbe fleurie, ne passeraplus une journée qu'il n'en ait deuil et regret.

Avant un an nous aurons la France à nous : nous pourrons coucher aubourg de Saint-Denis.

»Le roi païen s'incline devant lui profondément. LXXVIIIPuis voici Chernuble de Munigre.

Ses cheveux balayent la terre.

Quand il s'amuse, il soulève un fardeau plus lourdque la charge de quatre mulets.

Au pays d'où il vient le soleil ne luit pas, le blé ne pousse pas ; pas de pluie, pasune goutte de rosée ; il n'y a pierre qui ne soit toute noire.

On dit que c'est le séjour des diables.

Chernuble dit : «J'ai ceint ma bonne épée.

J'irai à Roncevaux la teindre en vermeil.

Si je trouve Roland le preux sur mon chemin, etque je ne l'assaille, ne me croyez jamais plus.

De mon épée je conquerrai Durendal.

Les Français mourront et laFrance en sera déserte.

»Là-dessus, cent mille Sarrasins, les cent mille que Ganelon a recommandé d'envoyer pour un premier assaut,s'assemblent autour des douze pairs d'Espagne.

Impatients de combattre, ils s'arment en toute hâte, redoutablespar leur vaillance, par leur nombre et par leur armement.

Ils portent des hauberts sarrasins à triple épaisseur, desheaumes de Saragosse, des épées d'acier de Vienne ; ils portent de beaux écus, des épieux de Valence ; et, enhaut de leurs lances, battent des gonfanons bariolés, blancs, bleus et vermeils. * * * Ils ont quitté leurs mules et leurs palefrois pour prendre leurs chevaux de bataille.

Le soleil qui luit fait resplendirleurs armures.

Leurs mille clairons font entendre leur fanfare.

Le bruit en est si grand que les Français l'entendent.Olivier le premier.

Monté sur une éminence, il découvre la formidable armée : il avertit Roland, il avertit les Français ;et tous s'apprêtent résolument au combat.

Mais, à la fermeté des autres Roland ajoute, pour sa part,l'enthousiasme.

Il a l'appétit de la bataille.

Qu'elle vienne ! Il la lui faut.

Ce n'est pas pour le mérite d'un simple gestequ'il a si fièrement accueilli la mission de former l'arrière-garde.

Sa réponse à Ganelon nesera aussi triomphante qu'il la rêve que lorsqu'elle s'exprimera en actes éclatants.

La plusheureuse de ses chances sera qu'une occasion se présente de manifester sa prouesse.

C'est pourquoi, se doutantque l'affaire sera rude, il exulte.

Car c'est en pareil cas qu'on montre de quel sacrifice on est capable.

Pour leservice de son seigneur, il faut savoir peiner et payer de sa personne ! LXXIXLe bruit est si grand que les Français l'entendent.Olivier dit : « Seigneur compagnon, je crois que nous pourrions avoir bataille avec les Sarrasins.

» Roland répond : «Dieu nous l'accorde ! Nous sommes ici pour servir notre roi.

Pour son seigneur il faut savoir peiner, endurer lesgrands chauds et les grands froids ; il faut savoir perdre de son cuir et de son poil.

Que chacun s'emploie à frapperde grands coups pour qu'on ne chante pas de nous vilaine chanson ! La cause des païens est injuste, celle deschrétiens est bonne.

Mauvais exemple ne viendra jamais de moi.

» LXXXOlivier est monté sur une éminence.

Il regarde sur la droite dans un val herbeux.

Il voit venir la gent païenne.

Ilappelle Roland, son compagnon : « Je vois venir du côté de l'Espagne un flot bruyant de blancs hauberts et deheaumes flamboyants.

Ces gens-là donneront bien du mal à nos Français.

Ganelon le savait, le félon, le traître, quinous désigna devant l'empereur.

»— « Tais-toi, Olivier, répond le comte Roland ! Il est mon parâtre, je ne veux pas que tu en parles... »

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