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LA POLITIQUE EST LA SCIENCE SOUVERAINE

Publié le 22/08/2011

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S'il est exact qu'il y ait quelque fin de nos actes que nous voulons pour elle-même, tandis que les autres fins ne sont recherchées que pour cette première fin même, s'il est vrai aussi que nous ne nous déterminons pas à agir en toutes circonstances en remontant d'une fin particulière à une autre - car on se perdrait dans l'infini et nos tendances se videraient de leur contenu et deviendraient sans effet -, il est évident que cette fin dernière peut être le bien et même le bien suprême. N'est-il pas exact que, par rapport à la vie humaine, la connaissance de ce bien a une importance considérable et que la possédant, comme des archers qui ont sous les yeux le but à atteindre, nous aurons des chances de découvrir ce qu'il convient de faire? S'il en est ainsi, il faut nous efforcer de préciser, même d'une manière sommaire, la nature de ce bien et de dire de quelles sciences ou de quels moyens d'action il relève. Il peut sembler qu'il dépend de la science souveraine et au plus haut point organisatrice. Apparemment, c'est la science politique. Elle détermine quelles sont les sciences indispensables dans les Etats, fixe celles que chaque citoyen doit apprendre et dans quelle mesure. Ne voyons-nous pas, en effet, que les sciences les plus honorées se trouvent sous sa dépendance, par exemple, la science militaire, l'économique et la rhétorique? Comme la politique utilise les autres sciences pratiques, qu'elle légifère sur ce qu'il faut faire et éviter, la fin qu'elle poursuit peut embrasser la fin des autres sciences, au point d'être le bien suprême de l'homme. Même si le bien de l'individu s'identifie avec celui de l'Etat, il paraît bien plus important et plus conforme aux fins véritables de prendre en mains et de sauvegarder le bien de l'Etat. Le bien certes est désirable quand il intéresse un individu pris à part; mais son caractère est plus beau et plus divin, quand il s'applique à un peuple et à des Etats entiers.

ARISTOTE. Ethique à Nicomaque, Livre I, Chap. 2.

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