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Le désir, le hasard objectif et l'attente

Publié le 22/02/2012

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Résumant la démonstration entreprise par Breton dans Les Vases communicants (1932) et poursuivie dans L'Amour fou (1937), Philippe Audoin écrit dans son ouvrage sur Breton (Gallimard, 1970) : «Les ruses du désir pour faire connaître son objet à la conscience ne bornent pas leur entreprise à la vie onirique ; elles débordent largement sur la vie «éveillée» et, très au-delà des lapsus et des actes manqués, paraissent surdéterminer non seulement le comportement du sujet, mais encore l'agencement autour de lui de ce qu'on tient encore pour asservi à la nécessité extérieure.» Déjà en 1945 Maurice Nadeau concluait son Histoire du surréalisme (Le Seuil) par cette apologie du rôle du désir : «Chemin faisant (les surréalistes) ont découvert une valeur qui pouvait contrebattre efficacement le pessimisme qui les a toujours habités. Cette valeur, là encore, ils ne l'ont pas fabriquée mais découverte, gisant au coeur de l'homme sous des débris et commune à tous les hommes : le Désir. Leur constant travail n'a rien tant été que de l'amener au jour, le reconnaître et le lâcher dans le monde, muni de pleins pouvoirs. N'est-il pas par essence protéiforme, révolutionnaire, et sachant au besoin se déguiser pour vaincre ? N'est-il pas l'expression fondamentale de l'homme et sa force la plus originale ? S'il est limité, battu en brèche, frappé de timidité, la faute en revient à la société dont il briserait les ais, et par contrecoup à l'homme trop facilement persuadé qu'on ne doit pas lui laisser la bride sur le cou. D'où la double détermination révolutionnaire des surréalistes : «transformer le monde», «changer la vie», par une objectivation du désir, force toute-puissante et capable de susciter tous les miracles.» A la lumière de ces deux citations vous étudierez le rôle du désir dans les productions surréalistes. Dans quelle mesure les intentions surréalistes vous semblent-elles pouvoir s'éclairer par cette phrase de Herbert Marcuse : «Dans une société répressive qui impose qu'on mette sur un même plan ce qui est normal, ce qui est socialement utile, et ce qui est bien, les manifestations du plaisir pour son propre compte apparaissent nécessairement comme des fleurs du mal.» Breton écrit dans L'Amour fou (1937) que «le hasard serait la forme de manifestation de la nécessité extérieure qui se fraie un chemin dans l'inconscient humain». Ce qu'on appelle en doctrine surréaliste le «hasard objectif» ne serait donc autre que le Désir à l'oeuvre, car, comme écrit Breton dans Les Vases communicants (1932), «l'exigence du désir à la recherche de l'objet de sa réalisation dispose étrangement des données extérieures, en tendant égoïstement à ne retenir d'elles que ce qui peut servir sa cause». Suivant cette théorie inspirée de Freud, «chez Breton le désir expliquerait «le hasard», il serait la «vis a tergo» de toute action humaine et présiderait à l'investissement libidinal qui se manifeste dans le phénomène du hasard objectif», écrit, dans le numéro spécial d'Europe (novembre-décembre 1968) consacré au surréalisme, Paule Plouvier, qui ajoute : «Pour Breton, le merveilleux du hasard objectif réside dans le fait que le réel a épousé le subjectif. Ce n'est ni une illusion ni un symbole ; le désir nous met en prise directe sur le monde.» A la lumière de ces diverses citations, vous étudierez les rapports du désir et du hasard dans la doctrine et dans les oeuvres surréalistes.

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