Le nabab, tome II centaines de victorias, de calèches, de coupés
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
Descendez, nom de Dieu, ou je chavire tout...
Dans un remous de voitures arrêtées faute de circulation possible ou qui tournaient lentement l'obstacle avec
des milliers de prunelles curieuses, parmi des cris de cochers, des cliquetis de mors, deux poignets de fer
secouaient tout l'équipage...
Saute...
mais saute donc...
tu vois bien qu'il va nous verser...
Quelle poigne!
Et la fille regardait l'hercule avec intérêt.
A peine Moëssard eut-il mis pied à terre, avant qu'il se fût réfugié sur le trottoir où des képis noirs se hâtaient,
Jansoulet se jetait sur lui, le soulevait par la nuque comme un lapin, et sans souci de ses protestations, de ses
bégaiements effarés:
Oui, oui, je te rendrai raison, misérable...
Mais avant, je veux te faire ce qu'on fait aux bêtes malpropres
pour qu'elles n'y reviennent plus...
Et rudement il se mit à le frotter, à le débarbouiller de son journal qu'il tenait en tampon et dont il l'étouffait,
l'aveuglait avec des écorchures où le fard saignait.
On le lui arracha des mains, violet, suffoqué.
En se montant
encore un peu, il l'aurait tué.
La lutte finie, rajustant ses manches qui remontaient, son linge froissé, ramassant sa serviette d'où les papiers
de l'élection Sarigue volaient éparpillés jusque dans le ruisseau, le Nabab répondit aux sergents de ville qui lui
demandaient son nom pour dresser procès-verbal: «Bernard Jansoulet, député de la Corse.»
Homme public!
Alors seulement il se souvint qu'il l'était.
Qui s'en serait douté à le voir ainsi essoufflé et tête nue comme un
portefaix qui sort d'une rixe, sous les regards avides, railleurs à froid, du rassemblement en train de se
disperser?
XVII.
L'APPARITION
Si vous voulez de la passion sincère et sans détour, si vous voulez des effusions, des tendresses, du rire, de ce
rire des grands bonheurs qui confine aux larmes par un tout petit mouvement de bouche, et de la belle folie de
jeunesse illuminée d'yeux clairs, transparents jusqu'au fond des âmes, il y a de tout cela ce matin dimanche
dans une maison que vous connaissez, une maison neuve, là-bas, tout au bout du vieux faubourg.
La vitrine
du rez-de-chaussée est plus brillante que d'habitude.
Plus allègrement que jamais les écriteaux dansent
au-dessus de la porte, et par les fenêtres ouvertes montent des cris joyeux, un envolement de bonheur.
«Reçu, il est reçu!...
Oh! quelle chance!...
Henriette, Élise, arrivez donc...
La pièce de M.
Maranne est reçue.»
Depuis hier, André sait la nouvelle.
Cardailhac, le directeur des Nouveautés, l'a fait venir pour lui apprendre
qu'on allait monter son drame tout de suite, qu'il serait joué le mois prochain.
Ils ont passé la soirée à parler
des décors, de la distribution; et, comme en rentrant du théâtre il était trop tard pour frapper chez les voisins,
l'heureux auteur a guetté le jour dans une impatience fiévreuse, puis dès qu'il a entendu marcher au-dessous,
les persiennes s'ouvrir en claquant sur la façade, il est descendu bien vite annoncer à ses amis la bonne
nouvelle.
A présent, les voilà tous réunis, ces demoiselles en gentil déshabillé, les cheveux tordus à la hâte, et
M.
Joyeuse que l'événement a surpris en train de faire sa barbe, montrant sous son bonnet brodé une étonnante
figure mi-partie, un côté rasé, l'autre non.
Mais le plus ému, c'est André Maranne, car vous savez ce que la Le nabab, tome II
XVII.
L'APPARITION 32.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Le nabab, tome II bey, lui, croyant qu'on avait voulu le mystifier, de le conduire ainsi devant le mercanti détesté, regarda l'inspecteur avec méfiance: «Jansoulet?
- Le nabab, tome II Joli monde vraiment pour une manifestation pareille!
- Le nabab, tome II place volée, dans quel enfer!
- Le nabab, tome II Il y eut un instant de silence.
- Le nabab, tome II villas, les hôtels semblaient morts, tous leurs stores et leurs jalousies étendus.