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L’homme est un être de désir

Publié le 10/04/2014

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Doit-on satisfaire tous ses désirs ? (Le désir ; la morale ; la liberté)
Etre raisonnable, est-ce renoncer à ses désirs ? (idem)
Les hommes ne désirent-ils rien d’autre que ce dont ils ont besoin ? (Le désir ;
nature/culture)
Le bonheur n’est-il qu’illusion ?
Est-il vrai de dire que l’homme a des désirs quand l’animal n’a que des besoins ?
(Le désir ; nature/culture)
Le désir est-il la marque de la misère de l’homme ? (Désir ; morale ; liberté)
La recherche du bonheur est-elle une affaire privée ?
La recherche du bonheur est-elle un idéal égoïste ? (Désir ; morale)
Le désir peut-il être désintéressé ? (idem)
La raison peut-elle vouloir la violence ? (désir ; nature/culture ; morale ; autrui)
Peut-on considérer la non-violence comme une autre violence ? (désir ; morale ; autrui)
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Les rapports avec autrui visent-ils à supprimer tout secret ? (désir ; autrui ; langage)
Peut-on parler d’autrui comme de mon semblable ? (désir ; autrui ; morale)
Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit
moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on est heureux qu’avant d’être heureux.
En effet, l’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force
consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui
rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire
propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant
l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce
qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où
commence la jouissance. Le pays des chimères est ce monde le seul digne d’être habité, et tel
est le néant des choses humaines, qu’hors l’Etre existant par lui-même, il n’y a rien que ce qui
n’est pas.
Rousseau
Questions
1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.
2 Expliquez : « Malheur à qui na plus rien à désirer ! «
« L’illusion cesse où commence la jouissance «
3 Le bonheur consiste-t-il dans la satisfaction de nos désirs ?
Pour bien vivre, il faut entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieu de les
réprimer, et qu’à ces passions, quelque fortes qu’elles soient, il faut se mettre en état de
donner satisfaction par son courage et son intelligence, en leur prodiguant tout ce qu’elles
désirent.
Mais cela, sans doute, n’est pas à la portée du vulgaire : de là vient que la foule blâme ceux
qu’elle rougit de ne pouvoir imiter, dans l’espoir de cacher par là sa propre faiblesse ; elle
déclare que l’intempérance est honteuse s’appliquant… à asservir les hommes mieux doués
par la nature, et, faute de pouvoir elle-même procurer à ses passions une satisfaction
complète, elle vante la tempérance et la justice à cause de sa propre lâcheté.
La vérité, Socrate, que tu prétends chercher, la voici : la vie facile, l’intempérance , la
licence, quand elles sont favorisées, font la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces
fantasmagories qui reposent sur les conventions humaines contraires à la nature, n’est que
sottise et néant.
Platon1
1 C’est Calliclès qui s’exprime dans ce texte en s’opposant à Socrate, porte-parole de
Platon.
Questions
1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.
2 Expliquez : « la foule blâme ceux qu’elle rougit de ne pouvoir imiter «
« La vie facile, l’intempérance, la licence.. ; font le bonheur «
3 Doit-on satisfaire tous ses désirs ?
Nous sentons la douleur, mais non l’absence de douleur, le souci mais non l’absence de
souci, la crainte mais non la sécurité… Aussi n’apprécions-nous pas les trois plus grands
biens de la vie, la santé, la jeunesse et la liberté, tant que nous les possédons ; pour en
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comprendre la valeur, il faut que nous les ayons perdus, car ils sont aussi négatifs. Que notre
vie était heureuse, c’est ce dont nous ne nous apercevons qu’au moment où ces jours heureux
ont fait place à des jours malheureux. Autant les jouissances augmentent, autant diminue
l’aptitude à les goûter : le plaisir devenu habitude n’est plus éprouvé comme tel. Mais par là
même grandit la faculté de ressentir la souffrance ; car la disparition d’un plaisir habituel
cause une impression douloureuse. Ainsi la possession accroît la mesure de nos besoins, et du
même coup la capacité de ressentir la douleur.
Le cours des heures est d’autant plus rapide qu’elles sont plus agréables, d’autant plus lent
qu’elles sont plus pénibles : car le chagrin, et non le plaisir est l’élément positif, dont la
présence se fait remarquer. De même nous avons conscience du temps dans les moments
d’ennui, non dans les instants agréables. Ces deux faits prouvent que la partie la plus heureuse
de notre existence est celle où nous la sentons le moins ; d’où il suit qu’il vaudrait mieux pour
nous ne la pas posséder.
Schopenhauer
Questions
1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.
2 Expliquez : « la partie la plus heureuse de notre existence est celle où nous la sentons le
moins «
3 Le désir n’est-il que souffrance ?
Tout désir naît d’un manque, d’un état qui ne nous satisfait pas ; donc il est souffrance, tant
qu’il n’est pas satisfait. Or, nulle satisfaction n’est de durée ; elle n’est que le point de départ
d’un désir nouveau… déjà, en considérant la nature brute, nous avons reconnu pour son
essence intime l’effort, un effort continu, sans but, sans repos ; mais chez la bête et chez
l’homme, la même vérité éclate bien plus évidemment. Vouloir, s’efforcer, voilà tout leur
être ; c’est comme une soif inextinguible. Or tout vouloir a pour principe un besoin, un
manque, donc une douleur ; c’est par nature, nécessairement, qu’ils doivent devenir la proie
de la douleur. Mais que la volonté vienne à manquer d’objet, qu’une prompte satisfaction
vienne à lui enlever tout motif de désirer, et les voilà tombés dans un vide épouvantable, dans
l’ennui ; leur nature, leur existence, leur pèse d’un poids intolérable. La vie oscille, comme un
pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui.
Schopenhauer
Questions
1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.
2 Expliquez : « La vie oscille comme un pendule… de la souffrance à l’ennui «
3 L’idée de bonheur n’est-il qu’une illusion ?
Tout plaisir, pris en lui-même et dans sa nature propre, est donc un bien, et cependant tout
plaisir n’est pas à rechercher ; pareillement, toute douleur est un mal, et pourtant toute douleur
ne doit pas être évitée. En tout cas, chaque plaisir et chaque douleur doivent être appréciés par
une comparaison des avantages et des inconvénients à attendre… C’est un grand bien à notre
avis que de se suffire à soi-même, non qu’il faille toujours vivre de peu, mais afin que si
l’abondance nous manque, nous sachions nous contenter de peu que nous aurons, bien
persuadés que ceux-là jouissent le plus vivement de l’opulence qui ont le moins besoin
d’elle… En effet, des mets simples donnent un plaisir égal à celui d’un régime somptueux si
toute la douleur causée par le besoin est supprimée… L’habitude d’une nourriture simple et
non celle d’une nourriture luxueuse, convient donc pour donner la pleine santé, pour laisser à
l’homme toute liberté de se consacrer aux devoirs nécessaires de la vie, pour nous disposer à
mieux goûter les repas luxueux, lorsque nous les faisons après des intervalles de vie frugale,
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enfin pour nous mettre en état de ne pas craindre la mauvaise fortune. Quand nous disons que
le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs de l’homme déréglé, ni de ceux
qui consistent dans les jouissances matérielles… Le plaisir dont nous parlons est celui qui
consiste, pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble.
Epicure
Questions
1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale ;
2 Expliquez : « Quand nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas
des plaisirs de l’homme déréglé «
3 Est-il vrai que « la raison doive tenir le gouvernail « afin d’atteindre notre bien ?
Le bonheur humain est inséparable de la conscience explicite du bonheur…il n’y a pas de
bonheur animal, parce qu’il n’y a pas de bonheur sans réflexion sur le bonheur…De la même
façon, il faut briser la tradition et refuser de parler du bonheur des enfants… Le « bonheur «
de l’enfant est fait, en vérité, de naïveté, d’inconscience, d’irréflexion, de complète
hétéronomie1, de sécurité extérieure : tout vient des autres, rien n’y vient de soi. Ce prétendu
bonheur est condamné, de l’intérieur, par le désir de devenir grand, de devenir autre, de
devenir adulte, par le refus du maintien dans l’état présent, aussi fort chez l’enfant que sa
capacité d’adaptation et d’abandon à l’actuel… Le bien-être de l’enfant qu’on ne niera pas,
n’a rien à voir avec le bonheur, qui est un concept et une valeur d’adulte… Le bonheur ne
vient pas avant le bien et le mal ; il n’est jamais innocent.
R. Polin
1 hétéronomie = dépendance.
Questions
1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.
2 Expliquez : « Le bonheur humain est inséparable de la conscience explicite du bonheur «
« Le bonheur ne vient pas avant le bien et le mal ; il n’est jamais innocent «
3 Le bonheur dépend-il de nous ou des circonstances de la vie ?
Comment ne pas sentir (…) que cette intimité qui me protège et me définit est un obstacle
définitif à toute communication ? Tout à l’heure, perdu au milieu des autres, j’existais à peine.
J’ai maintenant découvert la joie de me sentir vivre, mais je suis seul à la goûter. Mon âme est
bien à moi, mais j’y suis enfermé (…). Les autres ne peuvent violer ma conscience, mais je ne
puis leur en ouvrir l’accès, même lorsque je le souhaite le plus vivement. (…)
Je découvre en même temps que l’univers des autres m’est aussi exactement interdit que le
mien leur est fermé. Plus encore que ma souffrance propre, c’est la souffrance d’autrui qui me
révèle douloureusement notre irréductible séparation. Quand mon ami souffre, je puis sans
doute l’aider par des gestes efficaces, je peux le réconforter par mes paroles, essayer de
compenser par la douceur de ma tendresse la douleur qui le déchire. Celle-ci me demeure
toujours extérieure. Son épreuve lui reste strictement personnelle. Je souffre autant que lui,
plus peut-être, mais toujours autrement que lui ; je ne suis jamais tout à fait « avec « lui. (…)
On meurt comme on est né, tout seul, les autres n’y peuvent rien. Enfermé dans la
souffrance, isolé dans le plaisir, solitaire dans la mort, réduit à chercher des indices ou des
comportements dont l’exactitude n’est jamais vérifiable, l’homme est condamné, par sa
condition même, à ne jamais satisfaire un désir de communication, auquel il ne saurait
renoncer.
Gaston Berger
(Désir ; autrui ; langage)
La violence est cette impatience dans le rapport avec autrui, qui désespère d’avoir raison
par raison et choisit le moyen court pour forcer l’adhésion…Individuelle ou collective, cette
violence n’est d’ailleurs que le camouflage d’une faiblesse ressentie, d’un effroi de soi à soi,
que l’on essaie, par tous les moyens de dissimuler. L’agressivité est d’ordinaire un signe de
peur… Celui qui, ayant la force brutale de son côté, se sent mis dans son tort, et comme
humilié, par un plus faible, réagit par des cris et des coups. Ainsi du loup devant l’agneau, de
l’homme souvent en face de la femme, de l’adulte en face de l’enfant, ou de l’enfant plus âgé
devant un plus jeune (…)
Le monde de la violence est celui de la contradiction ; il trahit un nihilisme foncier. Ce qui
est obtenu par violence demeure en effet sans valeur : ce n’est pas en violant une femme que
l’on obtient son amour, et la persécution ne saurait gagner cette libre approbation des
consciences – que pourtant l’on désire secrètement conquérir. Celui qui subit la violence, s’il
finit par y céder, devient en quelque sorte le complice de cette violence, et se trouve dégradé
par le fait même qu’il y a consenti.
G. Gusdorf
(Désir ; autrui/violence ; morale)

« 385 Les rapports avec autrui visent-ils à supprimer tout secret ? (désir ; autrui ; langage) Peut-on parler d’autrui comme de mon semblable ? (désir ; autrui ; morale) Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède.

On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on est heureux qu’avant d’être heureux.

En effet, l’homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.

Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance.

Le pays des chimères est ce monde le seul digne d’être habité, et tel est le néant des choses humaines, qu’hors l’Etre existant par lui-même, il n’y a rien que ce qui n’est pas.

Rousseau Questions 1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.

2 Expliquez : « Malheur à qui na plus rien à désirer ! » « L’illusion cesse où commence la jouissance » 3 Le bonheur consiste-t-il dans la satisfaction de nos désirs ? Pour bien vivre, il faut entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieu de les réprimer, et qu’à ces passions, quelque fortes qu’elles soient, il faut se mettre en état de donner satisfaction par son courage et son intelligence, en leur prodiguant tout ce qu’elles désirent.

Mais cela, sans doute, n’est pas à la portée du vulgaire : de là vient que la foule blâme ceux qu’elle rougit de ne pouvoir imiter, dans l’espoir de cacher par là sa propre faiblesse ; elle déclare que l’intempérance est honteuse s’appliquant… à asservir les hommes mieux doués par la nature, et, faute de pouvoir elle-même procurer à ses passions une satisfaction complète, elle vante la tempérance et la justice à cause de sa propre lâcheté.

La vérité, Socrate, que tu prétends chercher, la voici : la vie facile, l’intempérance , la licence, quand elles sont favorisées, font la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces fantasmagories qui reposent sur les conventions humaines contraires à la nature, n’est que sottise et néant.

Platon 1 1 C’est Calliclès qui s’exprime dans ce texte en s’opposant à Socrate, porte-parole de Platon.

Questions 1 Dégagez les articulations du texte ainsi que son idée principale.

2 Expliquez : « la foule blâme ceux qu’elle rougit de ne pouvoir imiter » « La vie facile, l’intempérance, la licence..

; font le bonheur » 3 Doit-on satisfaire tous ses désirs ? Nous sentons la douleur, mais non l’absence de douleur, le souci mais non l’absence de souci, la crainte mais non la sécurité… Aussi n’apprécions-nous pas les trois plus grands biens de la vie, la santé, la jeunesse et la liberté, tant que nous les possédons ; pour en. »

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