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Mme DE LA FAYETTE. La Princesse de Clèves.

Publié le 12/07/2011

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fayette

Mme DE LA FAYETTE (1634-1692). — Veuve en 1683. Amie de Mme de Sévigné. Elle écrivit un roman, la Princesse de Clèves, qui constitua la première œuvre romanesque dont tout l'intérêt réside dans l'observation psychologique. Sa longue et profonde amitié avec La Rochefoucauld exerça sur l'œuvre de celui-ci une bienfaisante influence.

La Princesse de Clèves.

Cette vue si longue et si prochaine de la mort fit paroitre à madame de Clèves les choses de cette vie de cet œil si différent dont on les voit dans la santé. La nécessité de mourir, dont elle se croyait si proche, l'accoutuma à se détacher de toutes choses, et la longueur de sa maladie lui en fit une habitude. Lorsqu'elle revint de cet état, elle trouva néanmoins que M. de Nemours n'étoit pas effacé de son cœur; mais elle appela à son secours, pour se défendre contre lui, toutes les raisons qu'elle croyoit avoir pour ne l'épouser jamais. Il se passa un assez grand combat en elle-même. Enfin, elle surmonta les restes de cette passion qui étoit affoiblie par les sentiments que sa maladie lui avoit donnés: la pensée de la mort lui avoit reproché la mémoire de M. de Clèves. Ce souvenir, qui s'accordoit avec son devoir, s'imprima fortement dans son- cœur. Les passions et les engagements du monde lui parurent tels qu'ils paroissent aux personnes qui ont des vues plus grandes et plus éloignées. Sa santé, qui demeura considérablement affoiblie, lui aida à conserver ses sentiments; mais, comme elle connoissoit ce que peuvent les occasions sur les résolutions les plus sages, elle ne voulut pas s'exposer à détruire les siennes ni revenir dans les lieux où étoit ce qu'elle avoit aimé. Elle se retira, sur le prétexte de changer d'air, dans une maison religieuse, sans faire paroître un dessein arrêté de renoncer à la cour.

L'ensemble. — Mme de La Fayette, amie de Mme de Sévigné et de La Rochefoucauld, a laissé une œuvre d'une grande qualité morale et d'une profonde finesse psychologique : la Princesse de Clèves. Ce roman rompt complètement avec les aventures alors à la mode dans la littérature d'imagination : c'est un drame qui ne subsiste que par le déchirement du cœur et les scrupules de l'âme. Mme de Clèves, pour tenter d'échapper au sentiment naissant qu'elle éprouve pour M. de Nemours, en fait l'aveu à son mari, et le supplie de la laisser s'éloigner de la Cour, où elle est appelée à rencontrer chaque jour celui qu'elle redoute. Ce passage est situé à la fin du livre. M. de Clèves, trompé par de fausses apparences, est mort de chagrin, se croyant trahi par sa femme qui n'a cessé, au contraire, d'être parfaitement fidèle à son devoir, malgré les sentiments qui l'agitaient. Une fois veuve, désespérée d'avoir, sans le vouloir, causé la mort de son mari, Mme de Clèves ne veut plus voir M. de Nemours, et, malgré l'ardeur des poursuites de celui-ci, elle se refuse absolument à l'épouser, alors qu'elle le pourrait sans crime. Accablée par tant d'émotions, elle tombe malade.

Le style. — Sans être aussi claire et simple que les grands écrivains de son temps, Mme de La Fayette écrit cependant d'une façon plus naturelle que n'était le style des romans d'alors. Les phrases sont encore un peu chargées d'incidentes, alourdies par l'emploi fréquent du subjonctif, mais le sentiment s'y exprime avec autant d'ardeur que de fermeté, et les formules un peu anciennes n'empêchent pas la vivacité de la passion et la force de l'idée.

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