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perdre du temps en examens.

Publié le 30/10/2013

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temps
perdre du temps en examens. Vous pourriez, il me semble, avoir en moi plus de confiance. Pour ma part, du moins, j'ai assez témoigné ma confiance en vous. « Maintenant c'était la lutte, c'était un défi déclaré. Je l'acceptai. « - La confiance demande la franchise, une franchise sans réserve. Parlez clairement, je suis médecin. Et avant tout, ôtez votre voile, asseyez-vous, laissez les livres et les louvoiements. On ne vient pas voilée chez le médecin. « Elle me regarda fièrement et droit dans les yeux. Elle eut un instant d'hésitation, puis elle s'assit et ôta le voile. Je vis une figure pareille à ce que je craignais. Une figure impénétrable, dure, contrainte, d'une beauté sans âge, une figure avec des yeux gris, comme en ont les Anglais, dans lesquels tout paraissait calme et derrière lesquels, cependant, on pouvait rêver toutes les passions. Cette bouche mince et crispée ne laissait rien transparaître de ses secrets lorsqu'elle ne le voulait pas. Pendant une minute, nous nous regardâmes l'un l'autre, elle jetant sur moi un regard à la fois autoritaire et nterrogateur, et avec une cruauté si froide et métallique que je ne pus le supporter et que, malgré moi, mes yeux e détournèrent. « Elle frappa légèrement du doigt sur la table. Chez elle aussi, il y avait donc de la nervosité. Puis elle dit avec ne brusque rapidité : « - Docteur, savez-vous ce que j'attends de vous, ou ne le savez-vous pas ? « - Je crois le savoir, mais il vaut mieux qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. Vous voulez mettre fin à votre état... ous voulez que je vous débarrasse de vos faiblesses, de vos nausées, en vous... en en supprimant la cause. Este bien cela ? « - Oui. « Le mot tomba comme un couperet. « - Savez-vous aussi que de pareilles tentatives sont dangereuses... pour les deux parties ?... « - Oui. « - Et que la loi me l'interdit ? « - Il y a des cas où ce n'est pas interdit, où c'est même ordonné, au contraire. « - Mais ces cas-là comportent une indication médicale. « - Vous trouverez cette indication. Vous êtes médecin. « En prononçant ces paroles, ses yeux me regardaient nettement, fixement, sans remuer. C'était un ordre. Et moi, faible que j'étais, je tremblais d'admiration devant la puissance démoniaque de sa volonté, mais je ne me courbais pas encore ; je ne voulais pas montrer que j'étais déjà vaincu. "Pas si vite, faisons des difficultés, forçons-la à nous supplier" - une espèce de désir voluptueux fulgura en moi. « - Cela ne dépend pas toujours de la volonté du médecin. Mais je suis prêt, avec un de mes collègues de l'hôpital... « - Je ne veux pas de votre collègue... C'est vous que je suis venue trouver. « - Puis-je vous demander pourquoi moi, précisément ? « Elle me regarda froidement. « - Je n'ai aucun embarras à vous le dire. C'est parce que vous vivez retiré, parce que vous ne me connaissez pas, parce que vous êtes un bon médecin et parce que - c'était la première fois qu'elle hésitait - parce que vous ne resterez plus longtemps dans ce pays, surtout si vous... si vous pouvez rapporter chez vous une somme importante. « Ces paroles me glacèrent. Je fus stupéfié de cette froideur mercantile, de cette netteté de calcul. Jusqu'alors ses lèvres ne s'étaient pas ouvertes pour en faire sortir une prière ; au contraire ! et depuis longtemps tout était pesé ; elle m'avait d'abord épié, pour foncer ensuite droit sur moi. Je me sentais saisi par le diabolique de cette volonté, mais je me défendais avec toute mon exaspération. Une fois encore, je me contraignis à rester positif et même presque ironique. « - Et cette somme importante, vous... vous la mettriez à ma disposition ? « - Oui, pour votre concours et votre départ immédiat. « - Savez-vous qu'ainsi je perds ma pension ? « - Je vous indemniserai. « - Vous êtes très précise... Mais je voudrais encore plus de précision. Quelle somme avez-vous prévue comme honoraires ? « - Douze mille florins, payables par chèque, à Amsterdam. « Je... tremblai... je tremblai de colère et... aussi d'admiration. Elle avait tout calculé, la somme et le mode de paiement, qui devait m'obliger à partir ; elle m'avait évalué et acheté sans me connaître ; elle avait disposé de moi dans l'intuition de sa volonté. J'avais bien envie de la gifler... mais, comme je me levais en tremblant, - elle aussi s'était levée - et que précisément, je la regardais dans les yeux, je me sentis soudain, en voyant cette bouche close qui ne voulait pas supplier, et ce front hautain qui ne voulait pas se courber... envahi par une... une orte de désir violent. Elle dut s'en apercevoir, car elle fronça les sourcils comme quand on veut écarter uelqu'un d'importun : entre nous, brusquement, la haine fut à nu. Je savais qu'elle me haïssait parce qu'elle vait besoin de moi, et je la haïssais parce que... parce qu'elle ne voulait pas supplier. Pendant cette seconde de ilence, cette seconde unique, nous nous exprimâmes pour la première fois avec une entière franchise. Puis tout coup, comme un reptile, une pensée s'insinua en moi, et je lui dis... je lui dis... « Mais attendez, vous comprendriez mal ce que je fis... ce que je dis... je dois d'abord vous expliquer omment... comment me vint cette idée insensée... «   De nouveau, le verre cliqueta légèrement dans l'obscurité ; et la voix devint plus animée. « Ce n'est pas que je veuille m'excuser, me justifier, m'innocenter... mais, sans cela, vous ne comprendriez as... Je ne sais si j'ai été ce qu'on peut appeler un homme de bien, mais... mais je crois que j'ai toujours été ecourable. Dans la vie de misère que l'on menait là-bas, la seule joie que l'on eût, c'était, grâce à la poignée de cience qu'on avait emmagasinée dans son cerveau, de pouvoir sauver l'existence de quelque être vivant... omme le plaisir de jouer au Bon Dieu... Réellement, les plus belles heures étaient quand un jeune indigène ivide de peur, le pied très enflé par une morsure de serpent, venait à moi, en hurlant déjà qu'il ne fallait pas lui ouper la jambe, et qu'effectivement je parvenais à le sauver, sans cela. J'ai fait des lieues et des lieues quand uelque femme, était alitée, en proie à la fièvre ; alors aussi j'ai fait ce que venait de me demander cette trangère, et même déjà en Europe, là-bas, à l'hôpital de la Faculté. Mais là, au moins, on sentait que cet être vait besoin de vous ; là on savait qu'on sauvait quelqu'un de la mort ou du désespoir, et précisément, pour pouvoir aider les autres, il faut avoir soi-même ce sentiment que les autres ont besoin de vous. « Mais cette femme - je ne sais pas si je pourrai vous décrire cela -, elle m'irrita, elle m'inquiéta depuis le oment où elle était venue chez moi comme une simple visiteuse ; elle m'incita, par son orgueil, à lui résister ; lle excita - comment dire ? - elle excita à lui tenir tête tout ce qu'il y avait en moi de contenu, de caché et de mauvais. J'étais fou de voir qu'elle jouait à la lady et qu'elle négociait avec un sang-froid hautain une affaire où il 'agissait de vie ou de mort... Et puis... enfin on ne devient pas enceinte en jouant au golf... Je savais... c'est-àire j'étais forcé, tout à coup, de me rappeler - et voilà l'idée insensée - de me rappeler avec une terrifiante etteté que cette femme glacée, pleine d'orgueil et de froideur, et qui fronçait durement les sourcils sur ses yeux 'acier, lorsque je la regardais avec inquiétude - ou presque sur la défensive - j'étais forcé de me rappeler que, eux ou trois mois auparavant, elle s'était, entre les bras d'un homme, roulée sur un lit, nue comme une bête et eut-être râlant de plaisir, leurs corps s'étreignant comme deux lèvres. Voilà l'idée brûlante qui me saisit, tandis u'elle me regardait si arrogamment, avec une froideur si hautaine, tout comme un officier anglais... et alors tout e tendit en moi... je fus obsédé par l'idée de l'humilier... À partir de cet instant, je vis à travers sa robe son corps u... À partir de cet instant, je n'eus plus que la pensée de la posséder, d'arracher à ces lèvres dures un émissement, de sentir cette orgueilleuse, cette âme glacée, vaincue par la volupté, comme l'autre l'avait sentie, et autre que je ne connaissais pas... C'est cela... cela que je voulais vous expliquer... C'est la seule fois que, algré ma déchéance, j'aie jamais cherché à abuser de ma situation de médecin... et ce n'était pas de la lascivité, e la luxure, de la sexualité, non, vraiment non... sinon je l'avouerais... C'était uniquement le désir de maîtriser et orgueil... de le maîtriser en homme que j'étais... Je vous ai dit déjà, il me semble, que les femmes rgueilleuses et froides en apparence ont toujours exercé leur emprise sur moi, mais maintenant il y avait, en utre, ce fait que je vivais ici depuis sept ans sans avoir eu une femme blanche, et que je ne connaissais pas de ésistance... car les filles d'ici, ces petites bêtes gracieuses et gazouillantes, tremblent de respect quand un Blanc, un monsieur", les prend... elles deviennent tout humilité ; elles sont toujours accueillantes, toujours prêtes à ous servir... avec un doux sourire ressemblant à un gloussement... c'est précisément cette soumission, cette ervilité, qui vous gâtent le plaisir. Vous comprenez, maintenant, quel effet renversant cela produisit sur moi orsque, soudain, je vis arriver une femme remplie d'orgueil et de haine, dissimulée jusqu'au bout des ongles et n même temps vibrante de mystère et chargée d'une récente passion... lorsqu'une pareille femme entre nsolemment dans la cage d'un pareil homme, d'une bête humaine si isolée, si affamée, si retirée du monde... ela... cela, je n'ai voulu vous le dire que pour que vous puissiez comprendre le reste... ce qui se produisit nsuite. Donc... plein de je ne sais quel mauvais désir, empoisonné par la pensée de la voir nue, sensuelle et 'abandonnant, je me ramassai sur moi-même et je feignis l'indifférence. Je dis froidement : « - Douze mille lorins ?... Non, pour cela je ne le ferai pas. « Elle me regarda, un peu blême. Elle devinait que le désir d'argent n'était pour rien dans cette résistance. Mais malgré cela, elle ajouta : « - Qu'exigez-vous donc ? « Je laissai de côté le ton de la froideur et je dis : « - Jouons cartes sur table. Je ne suis pas un commerçant... je ne suis pas le pauvre apothicaire de Roméo et Juliette, qui vend son poison pour un or infâme {16} . Je suis plutôt le contraire d'un commerçant... Ce n'est pas de cette façon que vous obtiendrez l'accomplissement de votre désir. « - Vous ne voulez donc pas le faire ? « - Pas pour de l'argent. « Une seconde de silence absolu régna entre nous. Silence si complet que, pour la première fois, je l'entendis respirer. « - Que pouvez-vous donc désirer d'autre ? « Maintenant je cessai de me retenir : « - Je désire d'abord que vous... que vous me parliez non comme à un épicier, mais comme à un être humain. Que, si vous avez besoin d'assistance, vous ne... vous ne mettiez pas aussitôt en avant votre honteux argent... mais que vous priiez... l'être humain que je suis de vous aider, de vous aider, vous qui êtes aussi un être humain... Je ne suis pas seulement médecin, je n'ai pas seulement des "heures de visites"... il y a aussi, pour moi, d'autres heures... Peut-être êtes-vous arrivée à une de ces heures-là... « Pendant un instant elle se tait. Puis elle incurve très légèrement sa lèvre, tressaille et dit très vite : « - Donc, si je vous priais... vous le feriez ? « - Vous voulez encore faire une affaire ; vous ne voulez prier qu'après avoir eu ma promesse. Il faut d'abord que ce soit vous qui m'imploriez, puis je vous répondrai... « Elle dresse la tête comme un cheval fougueux. Elle me regarde avec colère. « - Non ! je ne vous prierai pas. Plutôt périr ! « Alors la colère me saisit, rouge, insensée. « - Eh bien ! puisque vous ne voulez pas me prier, c'est moi qui vais l'exiger. Je crois que je n'ai pas besoin d'être plus précis. Vous savez ce que je désire de vous. Après... après je vous aiderai. « Pendant un instant, elle me regarda fixement. Puis - oh ! je ne peux pas, je ne peux pas dire combien ce fut atroce -, puis ses traits se tendirent, et puis... elle éclata de rire... Elle me rit au visage avec une expression de mépris indicible... avec un mépris qui, pour ainsi dire, me foudroya... tout en m'enivrant... Ce fut comme une explosion si brusque, si violente, déchaînée par une force si monstrueuse, ce rire de mépris, que je... que j'aurais pu m'abattre sur le sol et lui baiser les pieds. Cet état ne dura en moi qu'une seconde... ce fut comme un éclair, et j'avais le feu dans tout le corps... Elle s'était déjà tournée de l'autre côté et se dirigeait rapidement vers la porte. « Inconsciemment, je voulus la suivre... pour m'excuser... pour la supplier... car ma force était complètement brisée... mais elle se retourna encore une fois et me dit, ou plutôt m'ordonna : « - Ne vous avisez pas de me suivre ou de vous occuper de moi... Vous le regretteriez. « Et déjà la porte claquait derrière elle. «   De nouveau une hésitation... De nouveau un silence... De nouveau seulement ce bruit de la mer, comme si c'était le clair de lune qui ruisselait... Enfin la voix reprit : « La porte claqua brusquement... mais moi, je restai sur place, immobile... Cet ordre m'avait comme hypnotisé... Je l'entendis descendre l'escalier, fermer la porte... J'entendais tout, et toute ma volonté se tendait vers elle... pour... je ne sais pas quoi... pour la rappeler, ou la battre ou l'étrangler, mais la suivre... la suivre... et pourtant je ne pouvais pas... mes membres étaient comme paralysés par une décharge électrique... J'avais été frappé, frappé jusqu'aux moelles par l'éclat impérieux de ce regard... Je sais que ce ne sont pas des choses à expliquer ni à raconter... Cela peut paraître ridicule, mais je restai là, immobile... il me fallut des minutes, peutêtre cinq, peut-être dix minutes, avant de pouvoir mettre un pied devant l'autre... « Mais à peine eus-je remué que j'étais déjà plein d'ardeur et de vitesse... En un clin d'oeil, je fus en bas de l'escalier... Elle ne pouvait qu'avoir suivi la route qui mène à la résidence administrative... Je me précipite vers la remise pour prendre ma bicyclette. Je vois que j'ai oublié la clef ; alors j'arrache la clôture, dont les bambous volent en éclats avec un craquement... je bondis sur la bicyclette, et je m'élance sur ses traces... il faut que... il
temps

« comme honoraires ? « – Douze milleflorins, payables parchèque, àAmsterdam. « Je… tremblai… jetremblai decolère et…aussi d’admiration.

Elleavait toutcalculé, lasomme etlemode de paiement, quidevait m’obliger àpartir ; ellem’avait évaluéetacheté sansmeconnaître ; elleavait disposé de moi dans l’intuition desavolonté.

J’avaisbienenvie delagifler… mais,comme jeme levais entremblant, –elle aussi s’était levée–et que précisément, jela regardais danslesyeux, jeme sentis soudain, envoyant cette bouche closequinevoulait passupplier, etce front hautain quinevoulait passecourber… envahiparune… une sorte dedésir violent.

Elleduts’en apercevoir, carelle fronça lessourcils commequandonveut écarter quelqu’un d’importun : entrenous, brusquement, lahaine futànu.

Jesavais qu’elle mehaïssait parcequ’elle avait besoin demoi, etjela haïssais parceque… parcequ’elle nevoulait passupplier.

Pendantcetteseconde de silence, cetteseconde unique,nousnousexprimâmes pourlapremière foisavec uneentière franchise.

Puistout à coup, comme unreptile, unepensée s’insinua enmoi, etjelui dis… jelui dis… « Mais attendez, vouscomprendriez malceque jefis… ceque jedis… jedois d’abord vousexpliquer comment… commentmevint cette idéeinsensée… »   De nouveau, leverre cliqueta légèrement dansl’obscurité ; etlavoix devint plusanimée. « Ce n’est pasque jeveuille m’excuser, mejustifier, m’innocenter… mais,sanscela, vous necomprendriez pas… Jene sais sij’ai étécequ’on peutappeler unhomme debien, mais… maisjecrois quej’aitoujours été secourable.

Danslavie demisère quel’on menait là-bas,laseule joieque l’on eût, c’était, grâceàla poignée de science qu’onavaitemmagasinée danssoncerveau, depouvoir sauverl’existence dequelque êtrevivant… comme leplaisir dejouer auBon Dieu… Réellement, lesplus belles heures étaient quandunjeune indigène livide depeur, lepied trèsenflé parune morsure deserpent, venaitàmoi, enhurlant déjàqu’il nefallait paslui couper lajambe, etqu’effectivement jeparvenais àle sauver, sanscela.

J’aifaitdes lieues etdes lieues quand quelque femme,étaitalitée, enproie àla fièvre ; alorsaussi j’aifait ceque venait deme demander cette étrangère, etmême déjàenEurope, là-bas,àl’hôpital delaFaculté.

Maislà,au moins, onsentait quecetêtre avait besoin de vous ; làon savait qu’onsauvait quelqu’un delamort oudu désespoir, etprécisément, pour pouvoir aiderlesautres, ilfaut avoir soi-même cesentiment quelesautres ontbesoin devous. « Mais cettefemme –je ne sais passije pourrai vousdécrire cela–,elle m’irrita, ellem’inquiéta depuisle moment oùelle était venue chezmoicomme unesimple visiteuse ; ellem’incita, parson orgueil, àlui résister ; elle excita –comment dire ?–elle excita àlui tenir têtetout cequ’il yavait enmoi decontenu, decaché etde mauvais.

J’étaisfoudevoir qu’elle jouaitàla lady etqu’elle négociait avecunsang-froid hautainuneaffaire oùil s’agissait devie oudemort… Etpuis… enfinonnedevient pasenceinte enjouant augolf… Jesavais… c’est-à- dire j’étais forcé,toutàcoup, deme rappeler –et voilà l’idée insensée –de me rappeler avecuneterrifiante netteté quecette femme glacée,pleined’orgueil etde froideur, etqui fronçait durement lessourcils sursesyeux d’acier, lorsque jela regardais avecinquiétude –ou presque surladéfensive –j’étais forcédeme rappeler que, deux outrois mois auparavant, elles’était, entrelesbras d’un homme, rouléesurunlit, nue comme unebête et peut-être râlantdeplaisir, leurscorps s’étreignant commedeuxlèvres.

Voilàl’idée brûlante quimesaisit, tandis qu’elle meregardait siarrogamment, avecunefroideur sihautaine, toutcomme unofficier anglais… etalors tout se tendit enmoi… jefus obsédé parl’idée del’humilier… Àpartir decet instant, jevis àtravers sarobe soncorps nu… Àpartir decet instant, jen’eus plusquelapensée delaposséder, d’arracher àces lèvres duresun gémissement, desentir cetteorgueilleuse, cetteâmeglacée, vaincue parlavolupté, commel’autrel’avaitsentie, cet autre quejene connaissais pas…C’estcela… celaquejevoulais vousexpliquer… C’estlaseule foisque, malgré madéchéance, j’aiejamais cherché àabuser dema situation demédecin… etce n’était pasdelalascivité, de laluxure, delasexualité, non,vraiment non…sinonjel’avouerais… C’étaituniquement ledésir demaîtriser cet orgueil… delemaîtriser enhomme quej’étais… Jevous aidit déjà, ilme semble, quelesfemmes orgueilleuses etfroides enapparence onttoujours exercéleuremprise surmoi, mais maintenant ilyavait, en outre, cefait que jevivais icidepuis septanssans avoir euune femme blanche, etque jene connaissais pasde résistance… carlesfilles d’ici, cespetites bêtesgracieuses etgazouillantes, tremblentderespect quandunBlanc, “un monsieur”, lesprend… ellesdeviennent touthumilité ; ellessonttoujours accueillantes, toujoursprêtesà vous servir… avecundoux sourire ressemblant àun gloussement… c’estprécisément cettesoumission, cette servilité, quivous gâtent leplaisir.

Vouscomprenez, maintenant, queleffet renversant celaproduisit surmoi lorsque, soudain, jevis arriver unefemme remplie d’orgueil etde haine, dissimulée jusqu’auboutdesongles et en même tempsvibrante demystère etchargée d’unerécente passion… lorsqu’une pareillefemmeentre insolemment danslacage d’un pareil homme, d’unebêtehumaine siisolée, siaffamée, siretirée dumonde… Cela… cela,jen’ai voulu vousledire quepour quevous puissiez comprendre lereste… cequi seproduisit ensuite.

Donc…pleindejene sais quel mauvais désir,empoisonné parlapensée delavoir nue, sensuelle et s’abandonnant, jeme ramassai surmoi-même etjefeignis l’indifférence.

Jedis froidement : « –Douze mille florins ?… Non,pourcelajene leferai pas.. »

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