Devoir de Philosophie

Sganarelle Villebrequin Un tel choix me plaît fort.

Publié le 12/04/2014

Extrait du document

Sganarelle Villebrequin Un tel choix me plaît fort. Lélie Et cette juste envie D'un bonheur éternel va couronner ma vie. Gorgibus Allons choisir le jour pour se donner la foi. Sganarelle (seul.) A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi ! Vous voyez qu'en ce fait la plus forte apparence Peut jeter dans l'esprit une fausse créance. De cet exemple-ci ressouvenez-vous bien ; Et, quand vous verriez tout, ne croyez jamais rien. FIN DE SGANARELLE. ------------------------------------------------------------------------- Notes [from 1890 edition] ----------- (0) Ce personnage comique est une création de Molière, et le nom de Sganarelle est resté au caractère qu'il représente : on disait les "Sganarelles", comme on avait dit les "Jodelets", les "Gros-Renés", etc. ----------- (1) "Clélie", roman de mademoiselle de Scudéry. ----------- (2) Ces deux ouvrages tenaient autrefois dans l'éducation de la jeunesse la même place que les fables de la Fontaine y tiennent aujourd'hui. SCÈNE XXIV.Villebrequin, Gorgibus, Célie, Lélie, Sganarelle, la femme de Sganarelle, la suivante de Céli 43 Sganarelle ----------- (3) Livre de dévotion, par Louis de Grenade, dominicain espagnol, mort en 1588. (B.) ----------- (4) "Si ferai bien, je meure". Ce qui veut dire "Oui, assurément je le ferai bien". "Si" est un vieux mot que Molière emploie assez souvent, et qu'on trouve même dans le "Tartufe". Nicot, dans son "Trésor de la langue françoise", dit qu'il sert à renforcer le verbe qui le suit. ----------- (5) Nicot fait venir ce mot de l'espagnol "truhant", un "bateleur", un "plaisanteur", un vagabond, et par induction, "canaille", "belistre", "méchanceté", "malice". ----------- (6) "Marri" est un vieux mot ; il signifie "fâché", "chagrin". Le piquant jeu de mots auquel il donne lieu ici est devenu proverbe parmi tous les confrères de Sganarelle. (Lem.) Ce mot vient du latin barbare "marritio", que Vossius interprète "douleur", "ressentiment d'un affront reçu". ----------- (7) "Prendre la chèvre", pour "imiter la chèvre", animal vif, impatient ; se fâcher de rien, prendre tout au pied de la lettre. C'est le propre des esprits bourrus. Nous disons aujourd'hui "prendre la mouche" à peu près dans le même sens. ----------- (8) "Avoir des visions cornues", c'est-à-dire, "avoir des idées chimériques", "folles", "ridicules". ----------- (9) "Jocrisse", mot populaire qui renferme toute la peinture d'un individu. Un jocrisse est en même temps sot, avare, laid, et poltron. C'est un homme qui ferme les yeux sue les désordres de sa femme, et s'abaisse aux plus petits détails du ménage. ----------- (10) "Ce n'est pas pour des prunes". Proverbialement, ce n'est pas pour peu de chose. ----------- (11) Mot qui vient de l'italien "capriola". On disait autrefois "caprioler" ; mais déjà, du temps de Richelet, le mot "cabrioler" était plus usité. ----------- (12) Il faut chercher l'origine de ce proverbe dans les usages de l'ancienne chevalerie. Les chevaliers avaient deux espèces de chevaux : ceux qu'ils montaient habituellement étaient connus sous le nom de "coursiers de palefroi" : c'étaient des chevaux d'une allure aisée et d'une force ordinaire. Mais, les jours de bataille, on leur amenait des chevaux d'une vigueur et d'une taille remarquable, que des écuyers conduisaient à leur droite, d'où leur est venu le nom de "destriers". Ces destriers étaient présentés aux chevaliers à l'heure même du combat : c'était ce que l'on appelait alors "monter sur ses grands chevaux". Depuis, par allusion à cet usage, on a dit "monter sur ses grands chevaux", pour se mettre en colère, menacer, prendre un parti vigoureux, montrer de la fierté, de l'arrogance, du courage. SCÈNE XXIV.Villebrequin, Gorgibus, Célie, Lélie, Sganarelle, la femme de Sganarelle, la suivante de Céli 44

« ----------- (3) Livre de dévotion, par Louis de Grenade, dominicain espagnol, mort en 1588.

(B.) ----------- (4) "Si ferai bien, je meure".

Ce qui veut dire "Oui, assurément je le ferai bien".

"Si" est un vieux mot que Molière emploie assez souvent, et qu'on trouve même dans le "Tartufe".

Nicot, dans son "Trésor de la langue françoise", dit qu'il sert à renforcer le verbe qui le suit.

----------- (5) Nicot fait venir ce mot de l'espagnol "truhant", un "bateleur", un "plaisanteur", un vagabond, et par induction, "canaille", "belistre", "méchanceté", "malice".

----------- (6) "Marri" est un vieux mot ; il signifie "fâché", "chagrin".

Le piquant jeu de mots auquel il donne lieu ici est devenu proverbe parmi tous les confrères de Sganarelle.

(Lem.) Ce mot vient du latin barbare "marritio", que Vossius interprète "douleur", "ressentiment d'un affront reçu".

----------- (7) "Prendre la chèvre", pour "imiter la chèvre", animal vif, impatient ; se fâcher de rien, prendre tout au pied de la lettre.

C'est le propre des esprits bourrus.

Nous disons aujourd'hui "prendre la mouche" à peu près dans le même sens.

----------- (8) "Avoir des visions cornues", c'est-à-dire, "avoir des idées chimériques", "folles", "ridicules".

----------- (9) "Jocrisse", mot populaire qui renferme toute la peinture d'un individu.

Un jocrisse est en même temps sot, avare, laid, et poltron.

C'est un homme qui ferme les yeux sue les désordres de sa femme, et s'abaisse aux plus petits détails du ménage.

----------- (10) "Ce n'est pas pour des prunes".

Proverbialement, ce n'est pas pour peu de chose.

----------- (11) Mot qui vient de l'italien "capriola".

On disait autrefois "caprioler" ; mais déjà, du temps de Richelet, le mot "cabrioler" était plus usité.

----------- (12) Il faut chercher l'origine de ce proverbe dans les usages de l'ancienne chevalerie.

Les chevaliers avaient deux espèces de chevaux : ceux qu'ils montaient habituellement étaient connus sous le nom de "coursiers de palefroi" : c'étaient des chevaux d'une allure aisée et d'une force ordinaire.

Mais, les jours de bataille, on leur amenait des chevaux d'une vigueur et d'une taille remarquable, que des écuyers conduisaient à leur droite, d'où leur est venu le nom de "destriers".

Ces destriers étaient présentés aux chevaliers à l'heure même du combat : c'était ce que l'on appelait alors "monter sur ses grands chevaux".

Depuis, par allusion à cet usage, on a dit "monter sur ses grands chevaux", pour se mettre en colère, menacer, prendre un parti vigoureux, montrer de la fierté, de l'arrogance, du courage.

Sganarelle SCÈNE XXIV.\24Villebrequin, Gorgibus, Célie, Lélie, Sganarelle, la femme de Sganarelle, la suivante de Célie.

44. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles