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Un bon petit diable Charles:--Rassurez-vous, ma cousine!

Publié le 11/04/2014

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Un bon petit diable Charles:--Rassurez-vous, ma cousine! C'est moi, au contraire, qui vous l'ai rapporté. Madame Mac'Miche:--Toi! Oh! Charles! mon ami, mon sauveur! C'est toi? Eh! Charles! que tu es bon! Ne le dis à personne! Il me le reprendrait, cet infâme juge! Où le mettre? Où le cacher? Charles:--Sous votre oreiller, ma cousine! Personne n'ira l'y chercher.» Mme Mac'Miche le regarda avec méfiance. «J'aime mieux tout garder dans mes mains», dit-elle. Elle s'agita, eut l'air de chercher. «J'ai soif; Betty ne m'a rien donné.» Charles courut chercher quelques groseilles dans le jardin, les écrasa dans un verre d'eau, y ajouta du sucre et le présenta à Mme Mac'Miche. Elle but avec avidité. «C'est bon! c'est très bon!...» Et, après un instant de réflexion: «Où as-tu pris le sucre? je ne veux pas acheter du sucre. Charles:--C'est celui de Marianne; c'est elle qui vous en fournira, ma cousine. Madame Mac'Miche:--A la bonne heure!... C'est très bon! Ça me fait du bien... Donne-m'en encore, Charles.» Charles lui en apporta un second verre, qu'elle but avec la même avidité que le premier. Madame Mac'Miche:--C'est bon! je me sens mieux... Mais tu es bien sûr que c'est Marianne qui paye le sucre? Charles:--Très sûr, ma cousine! Ne vous en tourmentez pas. Madame Mac'Miche:--Et Betty? Je ne veux pas la payer. Charles:--Vous ne la payerez pas; elle ne demande rien. Madame Mac'Miche:--Bon! Mais je ne veux pas la nourrir non plus. Charles:--Elle mangera chez Marianne; calmez-vous, ma cousine; on fera tout pour le mieux. Madame Mac'Miche:--Et le médecin? Je n'ai pas de quoi le payer. Charles:--Marianne payera tout.» Ces assurances réitérées calmèrent Mme Mac'Miche qui s'endormit paisiblement. XVII. BON MOUVEMENT DE CHARLES. IL S'OUBLIE AVEC LE CHAT 67 Un bon petit diable Quand Betty entra, Charles, lui expliqua ce qui s'était passé, ce qu'il avait dit et promis, et recommanda bien qu'on ne lui enlevât pas ses rouleaux d'or. Puis il se retira et courut jusque chez ses cousines. Charles, entrant:--Me voici, Juliette! J'ai une faim terrible! Mais j'ai bien fait d'y aller. Je te raconterai ça quand j'aurai mangé.» Marianne embrassa Charles avant qu'il commençât son repas. Juliette quitta son fauteuil, marcha à tâtons vers lui, et, lui prenant la tête dans ses mains, elle lui baisa le front à plusieurs reprises. Charles, mangeant:--Merci, Juliette, merci; tu es contente de moi! Ce que j'ai fait n'était pourtant pas difficile. Cette malheureuse femme fait pitié! Juliette:--Pitié et horreur! Cet amour de l'or est révoltant! J'aimerais mieux mendier mon pain que me trouver riche et m'attacher ainsi à mes richesses. Marianne:--Malheur aux riches! a dit Notre-Seigneur; aux riches qui aiment leurs richesses! C'est là le mal et le malheur! C'est d'aimer cet or inutile! C'est d'en être avare! de ne pas donner son superflu à ceux qui n'ont pas le nécessaire! Charles, mangeant:--Si jamais je deviens riche, je donnerai tout ce qui ne me sera pas absolument nécessaire. Juliette:--Et comment feras-tu pour reconnaître ce qui n'est pas absolument nécessaire? Charles, mangeant:--Tiens; ce n'est pas difficile! Si j'ai une redingote, je n'ai pas besoin d'en avoir une seconde! Si j'ai une salle et une chambre je n'ai pas besoin d'en avoir davantage. Si j'ai un dîner à ma faim, je n'ai pas besoin d'avoir dix autres plats pour me faire mourir d'indigestion. Et ainsi de tout. Juliette:--Tu as bien raison. Si tous les riches faisaient comme tu dis, et si tous les pauvres voulaient bien travailler, il n'y aurait pas beaucoup de pauvres. Charles:--Marianne, à présent que nous sommes riches, vous n'irez plus en journée comme auparavant. Marianne:--Tout de même, mon ami; n'avons-nous pas nos dettes à acquitter! Et je ne veux pas les payer sur la fortune de mes parents, dont Juliette aura besoin si je viens à lui manquer. Encore cinq années de travail, et nous serons libérées. Charles:--Marianne, je vous en prie, payez avec mon argent! J'en ai bien plus qu'il ne nous en faut! Pensez donc, deux mille cinq cents francs par an! Marianne:--Ni toi ni moi, nous n'avons le droit de faire des générosités avec ta fortune, Charlot; toi, tu es un enfant, et moi, je vais être ta tutrice: je dois donc faire pour le mieux pour toi et non pour moi.» Charles ne dit plus rien. Il s'assit près de Juliette: et arrangea avec elle l'emploi de leurs journées. Juliette:--D'abord tu me mèneras à la messe à huit heures... Charles:--Tous les jours! Je crains que ce ne soit un peu ennuyeux. Juliette, souriant:--Oui, tous les jours. Et la messe ne t'ennuiera pas, j'en suis sûre, quand tu penseras que tu me procures ainsi un bonheur et une consolation; et puis ce n'est pas bien long, une petite demi-heure. XVII. BON MOUVEMENT DE CHARLES. IL S'OUBLIE AVEC LE CHAT 68

« Quand Betty entra, Charles, lui expliqua ce qui s'était passé, ce qu'il avait dit et promis, et recommanda bien qu'on ne lui enlevât pas ses rouleaux d'or.

Puis il se retira et courut jusque chez ses cousines. Charles, entrant:—Me voici, Juliette! J'ai une faim terrible! Mais j'ai bien fait d'y aller.

Je te raconterai ça quand j'aurai mangé.» Marianne embrassa Charles avant qu'il commençât son repas.

Juliette quitta son fauteuil, marcha à tâtons vers lui, et, lui prenant la tête dans ses mains, elle lui baisa le front à plusieurs reprises. Charles, mangeant:—Merci, Juliette, merci; tu es contente de moi! Ce que j'ai fait n'était pourtant pas difficile. Cette malheureuse femme fait pitié! Juliette:—Pitié et horreur! Cet amour de l'or est révoltant! J'aimerais mieux mendier mon pain que me trouver riche et m'attacher ainsi à mes richesses. Marianne:—Malheur aux riches! a dit Notre-Seigneur; aux riches qui aiment leurs richesses! C'est là le mal et le malheur! C'est d'aimer cet or inutile! C'est d'en être avare! de ne pas donner son superflu à ceux qui n'ont pas le nécessaire! Charles, mangeant:—Si jamais je deviens riche, je donnerai tout ce qui ne me sera pas absolument nécessaire. Juliette:—Et comment feras-tu pour reconnaître ce qui n'est pas absolument nécessaire? Charles, mangeant:—Tiens; ce n'est pas difficile! Si j'ai une redingote, je n'ai pas besoin d'en avoir une seconde! Si j'ai une salle et une chambre je n'ai pas besoin d'en avoir davantage.

Si j'ai un dîner à ma faim, je n'ai pas besoin d'avoir dix autres plats pour me faire mourir d'indigestion.

Et ainsi de tout. Juliette:—Tu as bien raison.

Si tous les riches faisaient comme tu dis, et si tous les pauvres voulaient bien travailler, il n'y aurait pas beaucoup de pauvres. Charles:—Marianne, à présent que nous sommes riches, vous n'irez plus en journée comme auparavant. Marianne:—Tout de même, mon ami; n'avons-nous pas nos dettes à acquitter! Et je ne veux pas les payer sur la fortune de mes parents, dont Juliette aura besoin si je viens à lui manquer.

Encore cinq années de travail, et nous serons libérées. Charles:—Marianne, je vous en prie, payez avec mon argent! J'en ai bien plus qu'il ne nous en faut! Pensez donc, deux mille cinq cents francs par an! Marianne:—Ni toi ni moi, nous n'avons le droit de faire des générosités avec ta fortune, Charlot; toi, tu es un enfant, et moi, je vais être ta tutrice: je dois donc faire pour le mieux pour toi et non pour moi.» Charles ne dit plus rien.

Il s'assit près de Juliette: et arrangea avec elle l'emploi de leurs journées. Juliette:—D'abord tu me mèneras à la messe à huit heures... Charles:—Tous les jours! Je crains que ce ne soit un peu ennuyeux. Juliette, souriant:—Oui, tous les jours.

Et la messe ne t'ennuiera pas, j'en suis sûre, quand tu penseras que tu me procures ainsi un bonheur et une consolation; et puis ce n'est pas bien long, une petite demi-heure.

Un bon petit diable XVII.

BON MOUVEMENT DE CHARLES.

IL S'OUBLIE AVEC LE CHAT 68. »

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