Un bon petit diable Charles:--Rassurez-vous, ma cousine!
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
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Quand Betty entra, Charles, lui expliqua ce qui s'était passé, ce qu'il avait dit et promis, et recommanda bien
qu'on ne lui enlevât pas ses rouleaux d'or.
Puis il se retira et courut jusque chez ses cousines.
Charles, entrant:Me voici, Juliette! J'ai une faim terrible! Mais j'ai bien fait d'y aller.
Je te raconterai ça
quand j'aurai mangé.»
Marianne embrassa Charles avant qu'il commençât son repas.
Juliette quitta son fauteuil, marcha à tâtons vers
lui, et, lui prenant la tête dans ses mains, elle lui baisa le front à plusieurs reprises.
Charles, mangeant:Merci, Juliette, merci; tu es contente de moi! Ce que j'ai fait n'était pourtant pas difficile.
Cette malheureuse femme fait pitié!
Juliette:Pitié et horreur! Cet amour de l'or est révoltant! J'aimerais mieux mendier mon pain que me trouver
riche et m'attacher ainsi à mes richesses.
Marianne:Malheur aux riches! a dit Notre-Seigneur; aux riches qui aiment leurs richesses! C'est là le mal et
le malheur! C'est d'aimer cet or inutile! C'est d'en être avare! de ne pas donner son superflu à ceux qui n'ont
pas le nécessaire!
Charles, mangeant:Si jamais je deviens riche, je donnerai tout ce qui ne me sera pas absolument nécessaire.
Juliette:Et comment feras-tu pour reconnaître ce qui n'est pas absolument nécessaire?
Charles, mangeant:Tiens; ce n'est pas difficile! Si j'ai une redingote, je n'ai pas besoin d'en avoir une
seconde! Si j'ai une salle et une chambre je n'ai pas besoin d'en avoir davantage.
Si j'ai un dîner à ma faim, je
n'ai pas besoin d'avoir dix autres plats pour me faire mourir d'indigestion.
Et ainsi de tout.
Juliette:Tu as bien raison.
Si tous les riches faisaient comme tu dis, et si tous les pauvres voulaient bien
travailler, il n'y aurait pas beaucoup de pauvres.
Charles:Marianne, à présent que nous sommes riches, vous n'irez plus en journée comme auparavant.
Marianne:Tout de même, mon ami; n'avons-nous pas nos dettes à acquitter! Et je ne veux pas les payer sur
la fortune de mes parents, dont Juliette aura besoin si je viens à lui manquer.
Encore cinq années de travail, et
nous serons libérées.
Charles:Marianne, je vous en prie, payez avec mon argent! J'en ai bien plus qu'il ne nous en faut! Pensez
donc, deux mille cinq cents francs par an!
Marianne:Ni toi ni moi, nous n'avons le droit de faire des générosités avec ta fortune, Charlot; toi, tu es un
enfant, et moi, je vais être ta tutrice: je dois donc faire pour le mieux pour toi et non pour moi.»
Charles ne dit plus rien.
Il s'assit près de Juliette: et arrangea avec elle l'emploi de leurs journées.
Juliette:D'abord tu me mèneras à la messe à huit heures...
Charles:Tous les jours! Je crains que ce ne soit un peu ennuyeux.
Juliette, souriant:Oui, tous les jours.
Et la messe ne t'ennuiera pas, j'en suis sûre, quand tu penseras que tu
me procures ainsi un bonheur et une consolation; et puis ce n'est pas bien long, une petite demi-heure.
Un bon petit diable
XVII.
BON MOUVEMENT DE CHARLES.
IL S'OUBLIE AVEC LE CHAT 68.
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