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Une palme descend du toit, rigide, silhouette de métal sur la nuit molle et sans formes.

Publié le 04/11/2013

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Une palme descend du toit, rigide, silhouette de métal sur la nuit molle et sans formes. L'odeur de la décomposition t celle des fleurs sucrées du jardin montent ensemble de la terre, entrent avec l'air tiède, traversées parfois par ne autre : eau croupie, goudron et fer. Au loin, la grêle des mah-jongs, des cris chinois, des klaxons, des pétards ; orsque arrive, comme d'une mare, le vent du fleuve et que nous nous taisons, nous entendons un violon onocorde : quelque théâtre ambulant, ou quelque artisan qui joue, dormant à demi dans sa boutique close de lanches. Une lumière rousse, fumée, monte derrière les arbres ; on dirait que là-bas s'achève quelque immense ête foraine : la ville. Garine, les cheveux en pluie sur le visage, les yeux à demi fermés, le visage exténué, me demande, dès que 'arrive : -- Alors ? -- Rien d'important. Je lui donne quelques nouvelles puis je me tais. Dans le couloir et dans la chambre les lampes brûlent, entourées 'insectes, comme si elles devaient brûler toujours. Le pas de l'infirmier s'éloigne... -- Veux-tu que je te laisse ? -- Non, au contraire. Je ne désire pas rester seul. Je n'aime plus penser à moi, et, quand je suis malade, j'y pense oujours... La fatigue de sa voix d'ordinaire si nette, un peu tremblante ce soir, comme si sa pensée contrôlait à peine ses aroles, s'accorde avec ces lampes tristes, ce silence, cette odeur de corps en sueur qui parfois domine celle de 'éther et du jardin où marchent les soldats, avec tout cet hôpital où semblent seuls vivants les insectes qui ourdonnent, en masses agitées, autour des ampoules... -- C'est bizarre : après mon procès, j'éprouvais -- mais très fortement -- le sentiment de la vanité de toute vie, 'une humanité menée par des forces absurdes. Maintenant ça revient... C'est idiot, la maladie... Et pourtant, il me emble que je lutte contre l'absurde humain, en faisant ce que je fais ici... L'absurde retrouve ses droits... Il se retourne dans son lit, et l'odeur acide de la fièvre s'élève. -- Ah ! cet ensemble insaisissable qui permet à un homme de sentir que sa vie est dominée par quelque chose... 'est étrange, la force des souvenirs, quand on est malade. Toute la journée, j'ai pensé à mon procès, je me emande bien pourquoi ? C'est après ce procès que l'impression d'absurdité que me donnait l'ordre social s'est peu peu étendue à presque tout ce qui est humain... Je n'y vois pas d'inconvénients, d'ailleurs... Pourtant, pourtant... n cet instant même, combien d'hommes sont en train de rêver à des victoires dont, il y a deux ans, ils ne oupçonnaient pas même la possibilité ! J'ai créé leur espoir. Leur espoir. Je ne tiens pas à faire des phrases, mais nfin, l'espoir des hommes, c'est leur raison de vivre et de mourir... Et puis ?... Naturellement, on ne devrait pas tant arler quand la fièvre est trop forte... C'est idiot... Penser à soi toute la journée !... Pourquoi est-ce que je pense à ce rocès ? Pourquoi ? C'est si loin. C'est idiot, la fièvre, mais on voit des choses... L'infirmier vient de pousser sans bruit la porte. Garine se retourne encore ; l'odeur humaine de la maladie omine de nouveau celle de l'éther. « À Kazan, la nuit de Noël 19, cette procession extraordinaire... Borodine était là, comme toujours... Quoi ?... Ils pportent tous les dieux devant la cathédrale : de grandes figures comme celles des chars du Carnaval, une déesseoisson, le corps dans un maillot de sirène... Deux cents, trois cents dieux... Luther aussi. Des musiciens hérissés de ourrures font un chambard du diable avec tous les instruments qu'ils ont trouvés. Un bûcher brûle. Sur les épaules es types, les dieux tournent autour de la place, noirs sur le bûcher, sur la neige... Un chahut triomphal ! Les orteurs fatigués jettent leurs dieux sur les flammes : une grande lueur claque les têtes, fait sortir la cathédrale lanche de la nuit... Quoi ? La Révolution ? Oui, comme ça pendant sept ou huit heures ! J'aurais voulu voir 'aube !... Pourriture !... On voit des choses. La Révolution, on ne peut pas l'envoyer dans le feu : tout ce qui n'est as elle est pire qu'elle, il faut bien le dire, même quand on en est dégoûté... Comme soi-même ! Ni avec, ni sans. u lycée, j'ai appris ça... en latin. On balaiera. Quoi ? Peut-être aussi, y avait-il de la neige... Quoi ? » Il est à la limite du délire. Enfiévré par le son de sa voix, il a parlé d'un ton un peu élevé qui résonne, perdu, dans 'hôpital. L'infirmier se penche à mon oreille : « Le docteur a dit de ne pas faire parler longtemps Monsieur le Commissaire à la Propagande... » Et, à haute voix : -- Monsieur le Commissaire, désirez-vous le chloral, pour dormir ? Le lendemain. Robert Norman, le conseiller américain du Gouvernement, a quitté Canton hier soir. Depuis quelques mois, il n'était plus consulté que lorsqu'il s'agissait de prendre des décisions sans importance. Peut-être a-t-il cru n'être plus en sûreté, non sans raison... Borodine, à sa place, a été enfin nommé officiellement conseiller du gouvernement, directeur des services des armées de terre et de l'aviation. Ainsi les actes de Gallen, qui commande l'état-major cantonnais, ne seront plus contrôlés que par Borodine, et l'armée presque tout entière est entre les mains de l'Internationale.

« directeur desservices desarmées deterre etde l’aviation.

Ainsilesactes deGallen, quicommande l’état-major cantonnais, neseront pluscontrôlés queparBorodine, etl’armée presque toutentière estentre lesmains de l’Internationale.. »

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