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XVIII.

Publié le 01/10/2013

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XVIII. Par quels moyens un sujet est quitte de son obéissance. Nous avons examiné comment les hommes se sont obligés, par un instinct naturel, d'obéir à une puissance souveraine qu'ils ont établie par leurs conventions mutuelles. Il faut maintenant que nous voyions de quelle façon ils peuvent être délivrés du lien de cette obéissance. Cela peut arriver, premièrement, par une renonciation, c'est-à-dire lorsqu'un prince ne transfère pas à un autre son droit de souverain, mais tout simplement le rejette et l'abandonne. Car, ce qu'on néglige de la sorte, et qu'on laisse à l'abandon, est exposé au premier venu, et on introduit derechef le droit de nature, par lequel chaque particulier peut donner ordre comme il lui plaît à sa conservation propre. Secondement, si les ennemis s'emparent de l'État sans qu'on puisse résister à leur violence, le souverain voit périr devant ses yeux toute son autorité : car ses sujets ayant fait tous les efforts qui leur ont été possibles pour empêcher qu'ils ne vinssent entre les mains de leurs ennemis, ils ont accompli la promesse réciproque qu'ils s'étaient jurée d'une parfaite obéissance ; et même j'estime que les vaincus sont obligés de s'efforcer à tenir soigneusement la parole qu'ils ont donnée pour garantir leur vie. En troisième lieu, s'il ne paraît aucun successeur en une monarchie (car le peuple, ni les principaux de l'État, ne peuvent point défaillir dans les deux autres sortes de gouvernement) les sujets sont quittes de leur serment de fidélité : car, on ne peut pas s'imaginer que quelqu'un soit obligé, si l'on ne sait à qui, pour ce qu'il serait impossible d'acquitter son obligation. Et voilà les trois moyens par lesquels les hommes se retirent de la sujétion civile et acquièrent cette brutale, mais toutefois naturelle liberté, qui donne à tous un pouvoir égal sur toutes choses. Je nomme cette liberté farouche et brutale ; car, en effet, si l'on compare l'état de nature à l'état politique, c'est-à-dire la liberté à la sujétion, on trouvera la même proportion entre elles, qu'il y a entre le dérèglement des appétits et la raison, ou, si je l'ose dire, entre les bêtes et les hommes raisonnables. Ajoutez à cela, que les particuliers peuvent être délivrés légitimement de la sujétion, par la volonté et sous le bon plaisir de celui qui gouverne absolument, pourvu qu'ils sortent des limites de son royaume : ce qui peut arriver en deux façons, à savoir, par permission, lorsqu'on demande et qu'on obtient congé d'aller demeurer ailleurs, ou quand on fait commandement de vider le royaume, comme à ceux que l'on bannit. En l'une et en l'autre de ces rencontres, on est affranchi des lois de l'État que l'on quitte, parce qu'on s'attache à celles d'une nouvelle république. CHAPITRE VIII Du droit des maîtres sur leurs esclaves. I. Ce que c'est que maître et esclave. II. Distinction entre les esclaves desquels on ne se défie point et lesquels on laisse jouir de la liberté naturelle, et ceux qu'on tient en prison ou à la chaîne. III. L'obligation d'un esclave naît de ce que son maître lui a accordé la liberté de son corps. IV. Que les esclaves qu'on tient enchaînés ne sont obligés envers leur maître par aucun pacte. V. Que les esclaves n'ont pas la propriété de leur bien contre leurs maîtres. VI. Que le maître peut vendre ou aliéner par testament son esclave. VII. Que le maître ne peut point commettre d'injure contre son esclave. VIII. Que celui qui est maître du maître, est maître des esclaves. IX. Par quels moyens les esclaves sont affranchis. X. Que la seigneurie sur les bêtes est du droit de nature. 1. Ce que c'est que maître et esclave. J'ai traité aux deux chapitres précédents de la domination instituée et politique, c'est-à-dire de la société civile qui a été bâtie du consentement de plusieurs personnes, qui se sont obligées les unes aux autres par des contrats et par une fidélité mutuelle qu'elles se sont promise. Il reste que je dise quelque chose de la domination naturelle, nommée despotique en termes de l'école, comme si l'on disait seigneuriale, et de laquelle on acquiert l'usage par les forces et la puissance naturelle. Et d'abord il faut rechercher par quels moyens on obtient le droit de seigneurie sur une personne. Car, ce droit étant acquis, on exerce une certaine espèce d'empire, et le maître devient un petit monarque. Vu que la royauté n'est autre chose qu'une domination plus étendue, et qu'une seigneurie sur un grand nombre de personnes : de sorte qu'un royaume est comme une famille fort ample, et une famille est comme un petit royaume. Afin donc que je prenne mon raisonnement du plus haut que je pourrai, il faut que nous rebroussions vers le premier état de nature et que nous considérions les hommes comme s'ils ne faisaient maintenant que de naître, et comme s'ils étaient sortis tout à coup de la terre, ainsi que des potirons. De cette façon, ils n'auront aucune obligation les uns aux autres et nous trouverons ensuite qu'il n'y a que trois moyens par lesquels on puisse acquérir domination sur une personne. Le premier est lorsque quelqu'un, pour le bien de la paix et pour l'intérêt de la défense commune, s'est mis de son bon gré sous la puissance d'un certain homme, ou d'une certaine assemblée, après avoir convenu de quelques articles qui doivent être observés réciproquement. C'est par ce moyen que les sociétés civiles se sont établies et j'en ai traité déjà assez au long. Je passe donc au deuxième, qui arrive lorsque quelqu'un étant fait prisonnier de guerre, ou vaincu par ses ennemis, ou se défiant de ses forces, promet, pour sauver sa vie, de servir le vainqueur, c'est-à-dire de faire tout ce que le plus fort lui commandera. En laquelle convention, le bien que reçoit le vaincu, ou le plus faible, est la vie,

« raisonnables.

Ajoutez à cela, que les particuliers peuvent être délivrés légitimement de la sujétion, par la volonté et sous le bon plaisir de celui qui gouverne absolument, pourvu qu'ils sortent des limites de son royaume : ce qui peut arriver en deux façons, à savoir, par permission, lorsqu'on demande et qu'on obtient congé d'aller demeurer ailleurs, ou quand on fait commandement de vider le royaume, comme à ceux que l'on bannit.

En l'une et en l'autre de ces rencontres, on est affranchi des lois de l'État que l'on quitte, parce qu'on s'attache à celles d'une nouvelle république.

CHAPITRE VIII Du droit des maîtres sur leurs esclaves.

I.

Ce que c'est que maître et esclave.

II.

Distinction entre les esclaves desquels on ne se défie point et lesquels on laisse jouir de la liberté naturelle, et ceux qu'on tient en prison ou à la chaîne.

III.

L'obligation d'un esclave naît de ce que son maître lui a accordé la liberté de son corps.

IV.

Que les esclaves qu'on tient enchaînés ne sont obligés envers leur maître par aucun pacte.

V.

Que les esclaves n'ont pas la propriété de leur bien contre leurs maîtres.

VI.

Que le maître peut vendre ou aliéner par testament son esclave.

VII.

Que le maître ne peut point commettre d'injure contre son esclave.

VIII.

Que celui qui est maître du maître, est maître des esclaves.

IX.

Par quels moyens les esclaves sont affranchis.

X.

Que la seigneurie sur les bêtes est du droit de nature.. »

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