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XXXII Le Président venait à nouveau de hausser le son de son transistor :  .

Publié le 30/10/2013

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XXXII Le Président venait à nouveau de hausser le son de son transistor :  ... Après ces déclarations, disait la voix du journaliste, M. Clément Dio a quitté aussitôt la capitale en compagnie de sa emme, l'écrivain Iris Nan-Chan, et de quelques amis, donnant rendez-vous sur la Côte à tous ceux qui l'acclamaient. Il aut noter d'autre part un décalage très net entre les éditoriaux de la presse du soir, dans ses éditions de l'après-midi, et le ouvement spontané d'opinion concrétisé par l'exode des populations du Midi. Tandis que les routes en provenance du ud deviennent le théâtre d'encombrements d'heure en heure plus spectaculaires, en ce qui concerne la presse, de la gauche la droite, avec quelques nuances, ce sont principalement des appels à une solution humaine de ce problème sans récédent. Notre confrère Le Monde, sous la signature de... -- C'est bien là le plus étrange, ce décalage soudain, remarqua le Président. Et cependant qui d'entre nous, au gouvernement, ne s'en était pas douté, même et surtout ceux qui refusaient de se l'avouer.  La force des idées reçues, monsieur le président, dit Jean Perret. Les consciences bouclées sous des camisoles de force. appelez-vous ce sondage de la SOFRES, il y a quinze jours : « Dans le monde actuel, pour en respecter l'équilibre, le acisme vous paraît-il : Très souhaitable ? 4 %. Peut-être nécessaire ? 17 %. Plutôt déconseillé ? 32 %. Haïssable et ntinaturel ? 43 %. Sans opinion : 4 %. Seriez-vous prêt, s'il le fallait, à supporter les conséquences de l'opinion que vous enez d'exprimer ? Oui : 67 %. Non : 18 %. Sans opinion : 15 %. Et pourtant, aucune pression ne s'exerce sur les ersonnes interrogées, dans toutes les classes sociales, qui forment l'éventail habituel de la SOFRES. Sinon celle des réjugés imposés. Au fond, cela n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau, en revanche, c'est cette sorte de consécration que le ondage d'opinion apporte à la veulerie de la pensée.  Je le sais bien, dit le Président. Peut-être ai-je été veule, moi aussi ? Jusqu'à présent, nous gouvernions à coups de ondage. C'était bien commode. Probablement gouvernions-nous le néant... Il est bien tard pour s'en apercevoir.  ... Il est vrai, continuait la voix du journaliste, qu'aucun de ces éditorialistes ne dépasse le stade des mots pour proposer es mesures concrètes. Seul M. Jules Mâchefer, rédacteur en chef du journal La Pensée nationale, écrit, je cite : « Si le gouvernement ne donne pas l'ordre à l'armée de s'opposer par tous les moyens à ce débarquement, c'est le devoir de tout citoyen conscient de sa culture, de sa race, de sa religion traditionnelle et de son passé, de prendre spontanément les armes. Paris, même notre cher Paris est déjà investi par les complices de l'envahisseur. Mes bureaux ont été saccagés et occupés par des commandos irresponsables auxquels s'étaient joints les pires éléments étrangers vomis par les bas-fonds de la apitale. Les équipes de vente de mon journal ont été toute la journée pourchassées dans les rues par des groupes 'extrémistes ouvertement tolérés par la police et, je dois le dire, sous l'oeil indifférent de la population. Dans ces onditions, je me vois obligé d'interrompre jusqu'à des jours meilleurs la parution de La Pensée nationale pour entreprendre un autre combat. Je déclare, moi, vieil homme pacifique, que c'est le fusil de chasse à la main que j'attendrai, dans le Midi, l'armée en haillons de l'Antéchrist. J'espère que nous serons nombreux ! « Fin de citation... -- Ils ont fini par l'avoir, murmura le Président. Et d'ail leurs, qu'importe... L'oeil indifférent de la population... Le néant. Toujours le néant...  ... Enfin, il y a dix minutes à peine, le Vatican vient de rendre publique une déclaration de Sa Sainteté le pape Benoît XVI, reprise par toutes les agences de presse, dont voici le texte officiel. « En ce Vendredi saint, jour d'espérance de tous les chrétiens, nous adjurons nos frères en Jésus-Christ d'ouvrir leurs âmes, leurs coeurs et leurs biens matériels à tous les malheureux que Dieu envoie frapper à nos portes. Il n'existe pas d'autre voie, pour un chrétien, que celle de la charité. La charité n'est pas un vain mot, elle ne se divise pas, ne se mesure pas, elle est totale ou elle n'est pas. Voici venir l'heure, pour nous tous, de rejeter les compromis où notre foi s'est dévoyée et de répondre enfin à l'universel amour, pour lequel Dieu est mort sur la croix et pour lequel il est ressuscité. « Fin de citation. On apprenait également que Sa Sainteté le pape Benoît XVI avait donné l'ordre de mettre en vente tous les objets de valeur encore contenus dans les palais et musées du Vatican, au profit exclusif de l'accueil et de l'installation des immigrants du Gange. Ainsi se termine notre journal de vingt heures. Prochain flash dans un quart d'heure. -- Et voilà ! dit le Président, en interrompant le concerto qui suivit. J'entends déjà Dieu crier, là-haut : « Tu quoque, ilii ! « On ne pouvait rien attendre d'autre d'un pape brésilien ! Les cardinaux voulaient un pape novateur, au nom de l'Église universelle, ils l'ont eu ! Je l'ai bien connu, du temps qu'il était évêque et agitait l'Europe au récit des misères du tiers monde. Je me souviens de lui avoir dit un jour qu'en voulant affaiblir la mère indigne, il n'en frustrerait que mieux les enfants. Et savez-vous ce qu'il m'a répondu ? Que seule la pauvreté est digne d'être partagée ! Il tient ses promesses. Êtesvous chrétien, monsieur Perret ? -- Je ne suis pas chrétien, je suis catholique. Je tiens à cette nuance essentielle.  Moi, je ne crois pas à grand-chose. La messe, comme Henri IV, une fois de temps en temps. C'est pourquoi j'ai besoin de vous. À l'heure du choix, il me faut des motifs, il me faut enfin croire à quelque chose. Mon choix sera mauvais, c'est certain... Au fait, puisque vous voilà gauleiter du Midi, vous verrez que ce pape-là vous excommuniera !  Cela m'est égal, monsieur le président ! Au Moyen Âge, on aurait botté les fesses de quelques cardinaux, élu un ouveau pape et déclaré celui-là antipape. C'est ce que je fais moralement. D'ailleurs, ce sont des mots. Depuis six emaines, nous nous noyons dans un océan de mots. Votre secrétariat en est submergé, monsieur le président. Rien que pour l'heure qui vient de s'écouler, voici ! (Il brandissait une liasse de dépêches.) Trente Prix Nobel militent en faveur de l'armada. Jean Orelle n'a pas signé, mais qui s'en soucie, maintenant ? On a rameuté tous les autres Prix Nobel de la paix, le père Agnellu en tête !... Boris Vilsberg et dix mille intellectuels pétitionnent au nom de la justice égalitaire... Le Comité français de soutien à l'immigration du Gange fait connaître qu'il a recueilli plus de deux millions de signatures... Le cardinal-archevêque d'Aix offre des écoles qu'il fera vider et ses séminaires déjà vides... À l'unanimité, l'ONU vote l'abolition des races, sous-entendu de la nôtre, et nous avons voté cela, sans rire ! Dans ce guignol bigarré, nous en avons voté bien d'autres !... À Genève, grève de la faim du fondateur de Fraternité humaine : Edgar Wentzwiller, leader humanitaire calviniste (le secrétaire d'État lit une dépêche) poursuivant une grève de la faim commencée depuis l'échec de São Tomé, entend se priver de toute nourriture tant que tous les immigrants du Gange ne seront pas installés en Europe occidentale pour y être soignés, nourris sauvés. Il en est à sa troisième campagne diététique, monsieur le président. À quel âge très avancé et après combien d'interminables grèves de la faim Gandhi est-il mort tranquillement assassiné !... Dix mille personnes (Perret lit une autre dépêche) ont jeûné et prié toute la journée du Vendredi saint dans l'abbatiale du BecHellouin en présence de l'abbé Dom Vincent Laréole, revenu spécialement pour cette occasion d'un congrès bouddhique à Kyoto. Dom Vincent Laréole a rappelé ce mot de Gandhi (décidément immortel, monsieur le président !) : « Comment pourrait-on se chauffer au soleil divin lorsque tant d'hommes meurent de faim ? « À l'issue de la journée, une motion a été votée par applaudissements qui demande au gouvernement français de prendre nettement position en faveur de l'accueil sur notre territoire des immigrants du Gange. La dépêche ne précise pas, monsieur le président, si, après tant de macérations, les pèlerins du Bec-Hellouin sont retournés chez eux pour souper... Je vous passe le reste, monsieur le président (les dépêches volent sur le tapis). On frétille dans les cathédrales, les syndicats, les ligues, jusque dans l'école maternelle de Sarcelles où les mioches ont fait la grève des billes « par solidarité avec les petits enfants du Gange qui n'ont plus le coeur à jouer «. Encore une, cependant, qui vaut son pesant d'âme : Le cardinal-archevêque de Paris, le président du Conseil consistorial de l'Église réformée, le grand rabbin de Paris et le mufti de la grande mosquée Si Hadj El Kebir déclarent se constituer en comité permanent... -- Ceux-là, dit le Président, j'ai dû les recevoir ce matin. Le musulman était le seul qui parvenait encore à se contrôler. J'ai éprouvé l'impression qu'il se sentait tout à fait gêné d'être là, comme s'il en savait plus que les autres, mais il n'a pas ouvert la bouche. Le cardinal n'a pas cessé de me corner aux oreilles. II m'a parlé de justice dans la capitale - comme si le Midi menacé ne me suffisait pas ! Il a évoqué les centaines de milliers de travailleurs étrangers attendant l'accession à la dignité d'homme et brusquement conscients des limites de leur patience. Il m'a remis en mémoire - oui ! lui ! cardinal romain ! prélat catholique ! - cette phrase de Sartre qui avait fait tant de bruit autrefois et d'où furent tirés un nombre considérable de spectacles d'avant-garde subventionnés : « Le monde compte deux milliards et demi d'individus dont cinq ents millions d'hommes et deux milliards d'indigènes. « Et pendant ce temps-là, je regardais le visage hermétique du grand mufti. Le cardinal m'a fourré dans les mains le texte d'une déclaration de leur comité permanent. -- La voici, monsieur le président. (Perret a fouillé dans les dépêches.) Elle a été publiée à midi : « ... Leur seul crime est e ne pas être de la même race que nous. C'est donc non seulement une question de charité élémentaire, mais de justice que de les respecter. Toute vexation, toute brutalité, tout manque de respect à leur égard constituent des actes d'autant plus odieux que leur condition de migrants les met, à des titres divers, dans une situation plus difficile et plus douloureuse. «  C'est cela ! Oui, c'est cela ! J'avais envie de lui crier : « Et notre situation à nous, Éminence ! « (Le Président, qui 'ordinaire n'élevait jamais la voix, semblait cette fois emporté de colère.) Tout cela devenait grotesque ! Je regardais oujours le mufti impénétrable et je me disais que s'il avait eu l'hypocrite courage de signer cette déclaration qui constate e façon solennelle l'inégalité des races, c'est qu'il avait probablement quelque chose d'autre dans la tête. Je suppose qu'il evait penser que les races sont inégales, certes, mais pas toujours les mêmes au sommet de la balance, c'est une question e rotation. À la fin, je n'y tenais plus. J'ai demandé au cardinal : « Qui est la patronne de Paris ? « Il a bredouillé je ne sais uoi. « Sainte Geneviève «, lui ai-je Précisé. « Quand les Huns sont arrivés aux portes de Paris, elle est sortie des murs en rande pompe et votre prédécesseur l'archevêque l'accompagnait, trop heureux de ce renfort inespéré de caractère divin. « maginez-vous ce qu'il m'a répondu ? Que sainte Geneviève n'avait jamais existé. Que tout cela était faribole d'enfants et ue la sainte ne figurait plus depuis longtemps au calendrier romain officiel. Déboulonnée pour cause de mythe, paraît-il. Je 'avais oublié. Il est vrai qu'à l'époque, personne n'avait protesté, sauf un doux rêveur du Conseil municipal de Paris dont le nom n'a même pas survécu. Du coup, j'ai donné congé à ces quatre saints hommes. J'étais hors de moi. Une seule consolation, cependant. Celle de savoir que leur comité permanent siégeait à l'archevêché. Depuis que le cardinal a vendu tous ses meubles au profit de je ne sais plus qui et qu'il vit dans un gourbi dont ne voudrait même pas l'évêque rouge de Bahia, c'est bien l'endroit le plus inconfortable de Paris. Siégeant en permanence sur des tabourets de bois, j'espère qu'ils finiront par avoir mal aux fesses. Maigre consolation, n'est-ce pas ? On s'accroche à ce qu'on peut. Quoi d'autre, monsieur Perret ? -- Tout et rien, monsieur le président. Sans fin et déjà fini. Pendant six semaines, tous ceux qui s'imaginent penser, en ce monde, ont pris position, et toujours dans le même sens. Les gouvernements se sont concertés fébrilement. Et pour aboutir à quoi ? À rien ! Nous vivons au siècle du verbe dissolvant. Les mots nous dispensaient d'agir en attendant l'inéluctable, ar nous savions que cet inéluctable était au-delà des mots. Et voici maintenant les seuls actes qui comptent, ceux qui expriment la vérité profonde : chrétien ou pas, tout le monde fiche le camp. Et à moins de nous contenter nous aussi de mots, nous sommes seuls, monsieur le président, vous et moi. -- Seuls, pas tout à fait. Il y a ce vieux fou de Mâchefer. Et Pierre Senconac, je viens d'en recevoir la nouvelle par le irecteur d'Est-Radio. Jean Orelle sauve in extremis ce qui restait en lui de raison. Et puis, dans l'autre camp, cet activiste e la pensée, Clément Dio. Et tous ces idéalistes de bistrot, de campus et de sacristie qui descendent vers le sud et ccordent enfin leurs actes à leurs discours. Pour un peu, d'ailleurs, ceux-là, je les envierais. Enfin, il y a l'armée. Et 'armée de métier, des régiments choisis. Depuis ce matin, sur mon ordre, elle prend position.  L'armée ! Évidemment, cela fait des milliers de soldats, d'officiers, de généraux ! Des mots, tout cela ! Rien que des

« cardinal-archevêque d’Aixoffredesécoles qu’ilferavider etses séminaires déjàvides...

Àl’unanimité, l’ONUvote l’abolition desraces, sous-entendu delanôtre, etnous avons votécela, sansrire ! Dans ceguignol bigarré, nousenavons voté biend’autres !...

ÀGenève, grèvedelafaim dufondateur de Fraternité humaine  : Edgar Wentzwiller, leader humanitaire calviniste(lesecrétaire d’Étatlitune dépêche) poursuivant unegrève delafaim commencée depuisl’échec de São Tomé, entend sepriver detoute nourriture tantquetous lesimmigrants duGange neseront pasinstallés enEurope occidentale pouryêtre soignés, nourrissauvés.

Ilen est àsa troisième campagne diététique, monsieurleprésident.

Àquel âge très avancé etaprès combien d’interminables grèvesdelafaim Gandhi est-ilmorttranquillement assassiné !...Dix mille personnes (Perretlitune autre dépêche) ontjeûné etprié toute lajournée duVendredi saintdansl’abbatiale duBec- Hellouin enprésence del’abbé DomVincent Laréole, revenuspécialement pourcette occasion d’uncongrès bouddhique à Kyoto.

DomVincent Laréolearappelé cemot deGandhi (décidément immortel,monsieurleprésident !) :« Comment pourrait-on sechauffer ausoleil divinlorsque tantd’hommes meurentdefaim ? » Àl’issue delajournée, unemotion aété votée parapplaudissements quidemande augouvernement françaisdeprendre nettement positionenfaveur del’accueil sur notre territoire desimmigrants duGange.

Ladépêche neprécise pas,monsieur leprésident, si,après tantdemacérations, les pèlerins duBec-Hellouin sontretournés chezeuxpour souper...

Jevous passe lereste, monsieur leprésident (les dépêches volentsurletapis).

Onfrétille danslescathédrales, lessyndicats, lesligues, jusquedansl’école maternelle de Sarcelles oùles mioches ontfait lagrève desbilles « parsolidarité aveclespetits enfants duGange quin’ont pluslecoeur à jouer ».

Encoreune,cependant, quivaut sonpesant d’âme : Lecardinal-archevêque deParis, leprésident duConseil consistorial del’Église réformée, legrand rabbin deParis etlemufti delagrande mosquée SiHadj ElKebir déclarent se constituer encomité permanent... — Ceux-là, ditlePrésident, j’aidûles recevoir cematin.

Lemusulman étaitleseul quiparvenait encoreàse contrôler.

J’ai éprouvé l’impression qu’ilsesentait toutàfait gêné d’être là,comme s’ilensavait plusquelesautres, maisiln’a pas ouvert labouche.

Lecardinal n’apas cessé deme corner auxoreilles.

IIm’a parlé dejustice danslacapitale –comme sile Midi menacé neme suffisait pas !Ilaévoqué lescentaines demilliers detravailleurs étrangersattendant l’accession àla dignité d’homme etbrusquement conscientsdeslimites deleur patience.

Ilm’a remis enmémoire –oui ! lui !cardinal romain ! prélatcatholique ! – cette phrase deSartre quiavait faittant debruit autrefois etd’où furent tirésunnombre considérable despectacles d’avant-garde subventionnés : « Lemonde compte deuxmilliards etdemi d’individus dontcinq cents millions d’hommes etdeux milliards d’indigènes. » Etpendant cetemps-là, jeregardais levisage hermétique du grand mufti.

Lecardinal m’afourré danslesmains letexte d’une déclaration deleur comité permanent. — La voici,monsieur leprésident.

(Perretafouillé danslesdépêches.) Elleaété publiée àmidi : « ...Leur seulcrime est de nepas être delamême racequenous.

C’estdoncnonseulement unequestion decharité élémentaire, maisdejustice que de les respecter.

Toutevexation, toutebrutalité, toutmanque derespect àleur égard constituent desactes d’autant plus odieux queleur condition demigrants lesmet, àdes titres divers, dansunesituation plusdifficile etplus douloureuse. » — C’est cela !Oui,c’est cela ! J’avais enviedelui crier : « Etnotre situation ànous, Éminence ! » (LePrésident, qui d’ordinaire n’élevaitjamaislavoix, semblait cettefoisemporté decolère.) Toutceladevenait grotesque ! Jeregardais toujours lemufti impénétrable etjeme disais ques’ilavait eul’hypocrite couragedesigner cettedéclaration quiconstate de façon solennelle l’inégalitédesraces, c’estqu’il avait probablement quelquechosed’autre danslatête.

Jesuppose qu’il devait penser quelesraces sontinégales, certes,maispastoujours lesmêmes ausommet delabalance, c’estunequestion de rotation.

Àlafin, jen’y tenais plus.J’aidemandé aucardinal : « Quiestlapatronne deParis ? » Ilabredouillé jene sais quoi.

« Sainte Geneviève », luiai-je Précisé.

« Quand lesHuns sontarrivés auxportes deParis, elleestsortie desmurs en grande pompe etvotre prédécesseur l’archevêquel’accompagnait, tropheureux decerenfort inespéré decaractère divin. » Imaginez-vous cequ’il m’arépondu ? Quesainte Geneviève n’avaitjamaisexisté.Quetoutcela était faribole d’enfants et que lasainte nefigurait plusdepuis longtemps aucalendrier romainofficiel.

Déboulonnée pourcause demythe, paraît-il.

Je l’avais oublié.

Ilest vrai qu’à l’époque, personnen’avaitprotesté, saufundoux rêveur duConseil municipal deParis dont le nom n’amême passurvécu.

Ducoup, j’aidonné congéàces quatre saintshommes.

J’étaishorsdemoi.

Uneseule consolation, cependant.Celledesavoir queleur comité permanent siégeaitàl’archevêché.

Depuisquelecardinal avendu tous sesmeubles auprofit dejene sais plus quietqu’il vitdans ungourbi dontnevoudrait mêmepasl’évêque rougede Bahia, c’estbienl’endroit leplus inconfortable deParis.

Siégeant enpermanence surdes tabourets debois, j’espère qu’ils finiront paravoir malauxfesses.

Maigre consolation, n’est-cepas ?Ons’accroche àce qu’on peut.Quoi d’autre, monsieur Perret ? — Tout etrien, monsieur leprésident.

Sansfinetdéjà fini.Pendant sixsemaines, tousceux quis’imaginent penser,ence monde, ontpris position, ettoujours danslemême sens.Lesgouvernements sesont concertés fébrilement.

Etpour aboutir à quoi ? Àrien ! Nousvivons ausiècle duverbe dissolvant.

Lesmots nousdispensaient d’agirenattendant l’inéluctable, car nous savions quecetinéluctable étaitau-delà desmots.

Etvoici maintenant lesseuls actesquicomptent, ceuxqui expriment lavérité profonde : chrétienoupas, toutlemonde fichelecamp.

Etàmoins denous contenter nousaussi de mots, noussommes seuls,monsieur leprésident, vousetmoi. — Seuls, pastout àfait.

Ilyace vieux foudeMâchefer.

EtPierre Senconac, jeviens d’enrecevoir lanouvelle parle directeur d’Est-Radio.

JeanOrelle sauveinextremis cequi restait enlui deraison.

Etpuis, dansl’autre camp,cetactiviste de lapensée, Clément Dio.Ettous cesidéalistes debistrot, decampus etde sacristie quidescendent verslesud et accordent enfinleursactes àleurs discours.

Pourunpeu, d’ailleurs, ceux-là,jeles envierais.

Enfin,ilyal’armée.

Et l’armée demétier, desrégiments choisis.Depuiscematin, surmon ordre, elleprend position. — L’armée ! Évidemment, celafaitdes milliers desoldats, d’officiers, degénéraux ! Desmots, toutcela ! Rienquedes. »

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