Le théâtre de 1910 à 1919 : Histoire
Publié le 11/01/2019
                             
                        
Extrait du document
 
                                En 1910, le poète dramatique le plus prisé de l'cpoque, Edmond Rostand, subit un cuisant échec avec Chantecler, fable nostalgique dans laquelle un coq découvre que son chant matinal ne fait pas lever le soleil. La postérité révisera ce jugement: Chantecler n’est pas une pièce ridicule, elle contient de vraies beautés. Mais la poésie a changé ; sa modernité est mieux représentée par le symboliste Maurice Maeterlinck, qui, lui aussi, va mettre sur scène des acteurs costumés en volatiles (L'Oiseau bleu, 1912) et par Paul Claudel, dont le génie lyrique s’imposera bientôt.
Le THÉÂTRE S’INTERNATIONALISE
Si dans la société les passions nationalistes se développent et s’exaspèrent, au théâtre, en revanche, les frontières s’estompent. Alors que des artistes comme Rostand illustrent un répertoire volontiers cocardier, les novateurs se déplacent à l’étranger, interrompant des années d’autosatisfaction et de politique en vase clos. À moins que l’étranger n’arrive en France, parfois avec fracas: depuis 1909, les Ballets russes sont à Paris et provoquent un véritable délire; leur réinvention du mouvement, du décor et des couleurs met sérieusement en cause le classicisme de la scène française.
Dans d’autres pays, on a ouvert des voies différentes. À Genève, le Suisse Adolphe Appia, qui a fait sienne l’idée wagnérienne de «théâtre total» (c’est-à-dire un théâtre réunissant tous les langages: texte, musique, jeu, danse, décor), invente une architecture scénique, sans rideau, où la séparation entre la scène et la salle tend à disparaître. Travaillant un peu partout en Europe, l'Anglais Gordon Craig qui, comme Appia, est un extraordinaire poète du décor, préconise l’unité harmonique et organique du spectacle, en s’inspirant des grandes traditions orientales et occidentales. En Russie, à la tête du Théâtre d’art de Moscou, Constantin Stanislavski a élaboré une esthétique très intérieure du réalisme et une technique de l’acteur qui passionnent les metteurs en scène du monde entier. À Berlin, l’Autrichien Max Reinhardt reprend ces idées neuves pour créer un théâtre des effets de lumière et des mouvements de foule, géométrique et préexpressionniste. À Paris enfin, ceux qui se soucient des recherches menées dans les autres capitales européennes vont faire évoluer le théâtre français.
Jacques rouché,
APÔTRE DE LA STYLISATION
Le premier à effectuer cette ouverture est Jacques Rouché qui, en 1910 (véritable année charnière), ouvre le théâtre des Arts — aujourd’hui Théâtre-Hébertot. Polytechnicien, d’abord employé dans un cabinet ministériel, Rouché n’est pas, comme la plupart des animateurs, un acteur de formation. Il est d’ailleurs plus connu du monde littéraire puisqu’il dirige la Grande Revue. Mais, quelques mois avant de créer son théâtre, il a publié un livre, l'Art théâtral moderne, où il révèle au public français toutes les recherches européennes et prend parti pour une stylisation du décor et de la mise en scène, loin de
l’académisme régnant et de l'extravagance. «Nous réclamons pour le metteur en scène toute liberté, à condition que les moyens employés soient artistiques», déclare-t-il.
L'aventure du théâtre des Arts sera de courte durée. Rouché, freiné par des problèmes financiers et appelé à d’autres tâches (il dirigera l’Opéra de Paris à partir de 1914), y mettra fin en 1913. Mais une nouvelle conception plastique, matérialisée par les décors de Maxime Dethomas et de Jacques Drésa, une utilisation inédite des lumières et une attention rigoureuse portée au jeu et à l'écho contemporain des grands textes auront changé bien des habitudes. Le spectacle le plus représentatif restera sans doute les Frères Karamazov, d'après le roman de Dostoïevski, dans une adaptation de Jacques Copeau, en 1911. Dans le rôle de Smerdiakov, un jeune acteur y est hallucinant: Charles Dullin. Jacques Rouché a si bien maîtrisé la mise en scène que Copeau, lorsqu’il aura fondé son théâtre, n’hésitera pas à la reprendre telle quelle (à quelques changements de distribution près: Louis Jouvet et lui-même se chargeant des rôles du starets Zosime et d’Ivan) en 1914.
 
                                «
                                                                                                                            DIALOGUES 
DE THéÂTRES.
                                                            
                                                                                
                                                                     Jacques Copeau, 
ve 1111  au thélirre  en 1913,  s'affinne  comme  J'un des 
réformateurs  de la décenn ie, avec  un théâtre 
exigeant  er dépoui/Jé,  servi par  une  compagnie 
d'acteurs  hors pair  qu i ont  nom  Blanche Albane, 
Louis  louver ou Charles  Du/Jin.
                                                            
                                                                                
                                                                    
©Jean-Loup  Clrarmer  ll
J 
DIALOGUES  DE THÉÂTRES.
                                                            
                                                                                
                                                                    
En  /914,  avec la Nuit  des rois,  Jacques 
Copeau  tJI reconnu  par la critique.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Ci-dt.!.!us:  Suzanne Bing et Blanche 
Albane  dans une scène  de l'acre  Ill.
                                                            
                                                                                
                                                                    
©  Kharbine  • Tapabor 
DIALOGUES  DE THÉÂTRES.
                                                            
                                                                                
                                                                     Firmin 
Gémier  veut créer  zm  rhéfirr e  populaire  er 
partir  à la  rencontre  du public  de 
province.
                                                            
                                                                                
                                                                     C'est dans  ce bw  qu'il  fonde  le 
Théâtre  national  amb ulant : des tréteaux 
sous  un chapiteau  de cirque.
                                                            
                                                                                
                                                                    
©  L'illustration  • Sygma 
en  volatiles  (l'Oiseau  bleu, 1 912)  et par  Paul  Claudel,  dont le génie 
lyrique  s'imposera  bientôt.
                                                            
                                                                                
                                                                    
LE  THÉÂTRE  S'INTERNATIONALISE 
Si  dans  la société  les passions nationalistes se  développent et 
s'exaspèrent,  au théâtre,  en revanche,  les frontières  s'estompent.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Alors  que des artistes  comme  Rostand  illustrent  un répertoire  volon
tiers  cocardier,  les novateurs  se déplacent  à l'étranger,  i�terrompant 
des  années  d'autosatisfaction  et de politique  en vase  clos.
                                                            
                                                                                
                                                                     A moins  que 
l'étranger  n'arrive  en France,  parfois avec fracas:  depuis 1909, les 
Ballets  russes  sont à Paris  et provoquent  un véritable  délire; leur 
réinvention  du mouvement,  du décor  et des  couleurs  met sérieuse
ment  en  cause  le  classicisme de la scène  française.
                                                            
                                                                                
                                                                    
.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Dans  d'autres  pays, on a ouvert  des voies  différentes.
                                                            
                                                                                
                                                                     A 
Genève,  le Suisse  Adolphe  Appia, qui a fait sienne  l'idée wagnérienne 
de  «théâtre  total» (c'est-à-dire  un théâtre  réunissant  tous les lan
gages:  texte, musique,  jeu, danse,  décor),  invente  une architecture 
scénique,  sans rideau,  où la séparation  entre la scène  et la salle  tend à 
disparaître.
                                                            
                                                                                
                                                                     Travaillant un peu  partout  en Europe,  l'Anglais  Gordon 
Craig  qui, comme  Appia,  est un extraordinaire  poète du décor,  pré
conise  l'unité  harmonique  et organique  du spectacle,  en s'inspirant 
des  grandes  traditions  orientales et  occidentales.
                                                            
                                                                                
                                                                     En Russie,  à la  tête 
du  Théâtre  d'art de Moscou,  Constantin  Stanislavski  a  élaboré une 
esthétique  très intérieure  du réalisme et  une techniqlfe  de l'acteur  qui 
passionnent  les metteurs  en scène  du monde  entier.
                                                            
                                                                                
                                                                    A Berlin,  l' Autri
chien  Max Reinhardt  reprend ces idées  neuves  pour créer  un  théâtre 
des  effets  de lumiè�e  et  des mouvements  de  foule,  géométrique  et 
préexpressionniste.
                                                            
                                                                        
                                                                     A Paris  enfin,  ceux qui se soucient  des recherches 
menées  dans les autres  capitales  européennes  vont faire  évoluer  le 
théâtre  français.
                                                            
                                                                                
                                                                    
JACQUES  ROUCHÉ, 
APÔTRE  DE LA STYLISATION 
Le  premier  à effectuer  cene ouverture  est Jacques  Rouché 
qui,  en 1910  (véritable  année charnière),  ouvre le théâtre  des Arts  -
aujourd'hui  Théâtre-Hébertot.
                                                            
                                                                                
                                                                     Polytechnicien, d'abord employé  dans 
un  cabinet  ministériel,  Rouché n'est pas, comme  la plupart  des anima
teurs,  un acteur  de formation.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il est  d'ailleurs  plus connu  du monde 
littéraire  puisqu'il dirige la Grande  Revue.
                                                            
                                                                                
                                                                    Mais, quelques  mois avant 
de  créer  son théâtre,  il a publié  un livre,  I'Artthédtral  moderne, où il 
révèle  au public  français  toutes les recherches  européennes  et prend 
parti  pour une stylisation  du décor  et de  la mise  en scène,  loin de  l'académisme 
régnant  ct de l'extravagance.
                                                            
                                                                                
                                                                     «Nous réclamons  pour le 
metteur  en scène  toute liberté,  à condition  que les moyens  employés 
soient  artistiques»,  déclare-t-il.
                                                            
                                                                                
                                                                    
L'aventure  du théâtre  des Arts  sera de courte  durée.
                                                            
                                                                                
                                                                     Rou
ché,  freiné  par des  problèmes  financiers  et appelé  à d'autres  tâches (il 
dirigera  l'Opéra de Paris  à partir  de 1914),  y mettra  fin en 1913.
                                                            
                                                                                
                                                                     Mais 
une  nouvelle  conception  plastique, matérialisée  par les décors  de 
Maxime  Dethomas  et de  Jacques  Drésa, une utilisation  inédite des 
lumières  et une  anention  rigoureuse  portée au jeu  et à l'écho contem
porain  des grands  textes auront  changé bien des habitudes.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le spec
tacle  le plus  représentatif  restera sans doute  les Frères  Karamm:ov, 
d'après  le roman  de Dostoïevski,  dans une adaptation  de Jacques 
Copeau,  en 1911.
                                                            
                                                                                
                                                                     Dans le rôle  de Smerdiakov,  un jeune  acteur  y est 
hallucinant:  Charles Dullin.
                                                            
                                                                                
                                                                    Jacques  Rouché  a si  bien  maîtrisé  la mise 
en  scène que Copeau,  lorsqu'il aura  fondé  son théâtre,  n'hésitera pas 
à  la  reprendre  telle quelle  (à quelques  changements  de distribution 
près:  Louis  Jouvet  et lui-même  se chargeant  des rôles  du starets 
Zosime  et d'Ivan)  en 1914.
                                                            
                                                                                
                                                                    
J ACQUES  COPEAU 
OU  LE TRÉTEAU  NU 
Pourtant,  Copeau,  le second  réformateur  de la décennie, 
celui  dont le nom  va se lier  indissolublement  à celui  du Vieux-Colom
bier,  s'il est tout  aussi  averti  des expériences  étrangères, est très  dif
férent  de Jacques  Rouché.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il va  emprunter  d'autres directions  et les 
poursuivre  plus durablement.
                                                            
                                                                                
                                                                     L'un et l'autre,  néanmoins,  ont  en 
commun  d'être des.
                                                                                                                    »
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LA Peinture de 1910 à 1919 : Histoire
- La musique dans la décennie 1910-1919: Histoire
- L'ARCHITECTURE de 1910 à 1919 : Histoire
- LES Ballets russes de 1910 à 1919 : Histoire
- Libye (TRIPOLITAINE ET CYRÉNAÏQUE) de 1910 à 1919 : Histoire
 
    
     
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                             
                