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L’espace parisien dans Les contes cruels d’Auguste Villiers Delisle-Adam

Publié le 03/11/2023

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« L’espace parisien dans Les contes cruels d’Auguste Villiers Delisle-Adam Raúl Yael Marín Velázquez Quand on aborde l’œuvre d’Auguste Villiers, on se rend compte qu’il y a une vision satirique, ou au moins ironique, sur quelques sujets.

Aussi on peut voir que, dans Les contes cruels la configuration des espaces a une importance majeure, puisque cette configuration n’est pas neutre, elle sert d’abord à construire l’atmosphère parisienne de l’époque, puis à envahir cette atmosphère d’un air sombre, grotesque ou même mystérieux. On dit qu’à cet époque la vision des écrivains et surtout les imaginaires, créés dans la lyrique ou la narrative, peuplent les esprits des gens autour du monde.

Ces mêmes personnes, surtout issues des milieux artistiques, définissent dans une sphère idéale ce qu’elles espèrent trouver à Paris, soit pour s’émerveiller à l’heure du voyage, soit pour démentir cette vision littéraire, mais toutes les deux alternatives modifient un peu l’imaginaire globale dans leurs propres créations, comme s’il s’agissait des réponses intertextuelles réflexives. Alors, deux premières lignes apparaissent devant nous yeux afin de pouvoir commencer cette analyse, c’est-à-dire : d’un côté l’espace parisien, configuré à l’intérieur d’une sélection de contes, contient les obsessions de Villiers : le théâtre, les actrices, le demi-monde, les brasseries, les cafés, les rues, les Champs Elysées, la symbologie du décor ; d’un autre côté, l’ironie nous fait voir comment la vie de cet écrivain bascule à chaque fois dans la misère. Dans ses contes, les dandys mystérieux et les demi-mondaines frivoles peuplent des espaces faits à leur image ; dans la réalité, lui ne peut qu’habiter les lieux marginaux en contradiction à ses ambitions et à ce titre de noblesse qui n’est devenu rien qu’un surnom avec lequel ses amis lui parlent.

Cette ambivalence s’acharne à sa figure de poète maudit ; le demi-monde, comme « un espace au seuil de deux mondes, un lieu d’incertitude, de coexistence des contraires et de renversement de valeurs »1, hante sa vie. Avant de parler des lieux, j’aimerais esquisser certains personnages féminins qui les peuplent.

D’abord, les demi-mondaines apparaissent sous nos yeux comme une couche sociale, on peut l’apercevoir dans le conte Fleurs de ténèbres, où le narrateur ne donne pas beaucoup de précisions sur ces femmes, mais il les peint comme une généralité : « Les jeunes […] jaloux de faire venir des élégantes […] les offrent à ces dames […] Celles-ci, toutes blanches de fard, les acceptent avec un sourire indifférent […] les placent au point de leur corsage […] En sorte que ces créatures-spectres […] portent l’emblème de l’amour qu’elles donnent.

»2 Ici, on peut voir que l’élégance fait partie d’une des caractéristiques des demi-mondaines, car la plupart d’entre elles étaient des actrices de théâtre qui parfois exerçaient des métiers d’accompagnement ou de prostitution dans les élites.

Le narrateur met en lumière tout ce qui s’associe avec le champ lexical de la mort, car le fard fait devenir leurs visages blancs, le sourire est indifférent, comme si l’on était face à un être sans émotions, insensible, il les appelle créatures-spectres, ainsi il les met dans une autre sphère qui n’est pas humaine, et les fleurs qu’elles reçoivent sont le fruit des pillages dans les cimetières par les voleurs.

La beauté est essentiale pour ces dames : « trois jeunes femmes d’un esprit et d’une beauté exceptionnels »3, les apparences sont importantes car les lieux qu’elles habitent ce sont des théâtres, des opéras, des spectacles, où le masque permet de voir que rien n’est-ce que le matériel affiche, sinon ce que tout figure, tout mot, toute langue cache. 1 GLAUDES Pierre, BERTRAND Vibert.

« Le théâtre du demi-monde dans les contes cruels », Littératures 71, mis en ligne le 24 avril 2015.

URL : http://journals.openedition.org/litteratures/347 2 VILLIERS, Auguste.

Contes cruels : « Fleurs de ténèbres », Edition numérique 3 VILLIERS, Auguste.

Contes cruels : « Le convive des dernières fêtes », Edition numérique. Qu’est-ce donc ce que des murs de la misère cachaient de sa propre personne ? Après la mort de sa mère et la déchéance de son père dans un asile psychiatrique, à quarante ans, Villiers habite des lieux provisionnels avec sa nouvelle famille : la femme Marie Brégeras et les fils Albert et Victor.

Ils habitent dans des « ‘chambres de bonne’ louées à la semaine au dernier étage des immeubles de rapport construits en nombre par le baron Haussmann.

Parfois, ils occupent un appartement dans un bâtiment en démolition.

»4 Rien à voir avec les espaces « typiquement parisiens », soit les lieux pour socialiser, soit les théâtres, soit les lieux privés ou publics ; ni même les espaces fantastiques qui peuvent être modifiés à plaisir.

Pour les uns, on a comme exemple Les Demoiselles de Bienfilâtre, où il y a ce « vaste et lumineux » café des Mille et une nuits, même appelé par le narrateur « l’orgueil de nos boulevards ».

Rien n’est gratuit, car ce café se trouve devant un théâtre qui rappelle un « temple païen ».

Là-bas, les gens appartenant à l’élite artistique se réunissent, c’est pour cela que le narrateur configure l’espace en sorte que l’association pictural rappelle les tableaux de Constantin Guys, car il y met encore une fois la couche des demi-mondaines : « Sur la terrasse, entre la rangée de fiacres et le vitrage, une pelouse de femmes, une floraison de chignons échappés du crayon de Guys, attifées de toilettes invraisemblables […] Les unes conservaient sur leurs genoux un gros bouquet, les autres un petit chien […] Vous eussiez dit qu’elles attendaient quelqu’un.

»5 Cette référence au peintre tant vanté par les critiques de l’époque, parmi ceux le propre Baudelaire, permet de fixer l’image qu’on a d’un Paris où s’épanouissent les cabarets, les éclairages à gaz, les lumières de couleurs, les robes extravagantes des femmes, les cheveux 4 DUBOIS, Félicie.

La mort de Villiers, Les mémorables, article mis en ligne le 21 janvier 2020, URL: https://lesmemorables.fr/episode-2-la-mort-de-villiers/ 5 VILLIERS, Auguste.

Contes cruels : « Les demoiselles Bienfilâtre », Edition numérique. coiffés annonçant les débuts du XXe et ce qu’après-guerre on qualifiera de Belle-époque. Comme personnages ce sont des femmes intéressantes par leur apparence physique et leur apparence d’attendre, d’être une autre chose qu’une femme de compagnie, alors, les objets qui décorent leurs images ce sont des objets pour dévier le regard des gens, comme des fleurs ou un chien de compagnie. L’espace se théâtralise pour mieux représenter les milieux du spectacle, c’est le cas de Sombre récit, conteur plus sombre : « J’étais invité, ce soir-là, très officiellement, à faire partie d’un souper d’auteurs dramatiques, réunis pour fêter le succès d’un confrère. C’était chez B***, le restaurateur en vogue chez les gens de plume.

»6 On constate que l’espace temporel qui sert de début aux contes cruels, c’est le soir.

Il s’agit d’un lieu privé qui appartient à un restaurateur connu, en.... »

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