L'esprit créatif de l'artiste
Publié le 14/03/2012
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Il n'est jamais facile de déterminer à quelle source l'artiste puise sa puissance créatrice. Michel-Ange estimait que l'essence du travail d'un sculpteur était de "libérer une forme de sa prison de marbre". Henri Ibsen, auteur dramatique norvégien du XIXe siècle, choisissait une image plus forte pour décrire l'ambiance dans laquelle il écrivit sa première pièce à succès, Brand. Il se comparait au scorpion qu'illenait emprisonné dans un verre de bière placé devant lui sur son bureau: "De temps en temps, la bête souffrait; alors, je lui lançais un quartier de fruit mûr, sur lequel elle se jetait rageusement pour s'y vider de son poison; ensuite elle se sentait mieux." Les artistes géniaux ne sont cependant pas les seuls à ressentir les affres de la création. Tout être, à un moment quelconque de sa yie, voit, ou entend, ou ressent quelque chose qu'il voudrait exprimer avec des mots, avec de la peinture, avec des notes.

«
carrière que Beethoven a innové, en introdui
sant des choeurs dans une oeuvre symphoni
que,
et ce fut le Deuxième mouvement de la
Neuvième Symphonie.
C'est également ainsi
que Cézanne altéra
la forme d'une pomme,
jusqu'à ce qu'il eftt atteint l'équilibre qu'il
cherchait pour sa composition.
Une fois que l'artiste a trouvé sa nouvelle
conception du monde,
ou une technique ré
volutionnaire pour l'exprimer, la suite de son
oeuvre peut paraître facile et sans surprises.
Certains films populaires insinuent
qu'un ar
tiste compose une symphonie
ou peint les
plafonds de la chapelle
Sixtine en moins de
temps qu'il ne faut pour le dire.
Mais, en réa
lité, cette recherche vers un style personnel
est toujours entachée de doutes, d'anxiétés et
d'essais indéfiniment répétés.
Quand Michel
Ange dit libérer une forme de sa prison de
marbre, il ne faut pas croire que son travail
soit simple.
N'oublions pas qu'une libéra
tion, quelle qu'elle soit,
es:t généralement le
fruit d'efforts continus et longs.
Les admira
teurs de certains peintres prétendent parfois
préférer les hésitations et la spontanéité de
leurs premières oeuvres à la maîtrise de réali
sations plus tardives.
Ces préférences parfois
compréhensibles, peuvent cependant résulter
de l'incompréhension des intentions de l'ar
tiste comme c'est
le cas pour le grand peintre
anglais John Constable (1776-1837).
Le pu
blic apprécia chez lui les oeuvres issues de
l'instant privilégié
où souffle l'esprit créa
teur,
ce que l'on peut appeler "les balbutie
ments inspirés qui précèdent la phrase gram
maticale".
C'est pour arriver à saisir ce moment unique
de la création inconsciente que l'Américain
Jackson Pollock (1912-1956) instaura l'ac
tion painting vers les années quarante.
Il cou -
A droite: Franz Joseph Haydn,
un des compositeurs les plus mar
quants du
XVIIIe siécle.
Il tra vailla presque toute sa vie comme
musicien de Cour attaché à la
maison d'un aristocrate, ce qui explique une production réguli~re correspondant à la demande de
son commanditaire.
A
gauche:
L'Atelier du peintre (1855) représente Courbet derriè
re son chevalet.
Fondateur et fi gure dominante de l'Ecole réaliste
du X/Xe siècle français, il comp
tait de nombreux auteurs et philo
sophes parmi ses amis.
L'Atelier
du peintre, qu'il termine en six se maines.
est une immense allégorie
de toutes les influences qui mar qu~rent son oeuvre.
Courbet les
représente sous les traits de per
sonnages humains
issus de toutes
les couches de la société.
chait d'énormes toiles sur le sol de son atelier
et y déversait des flots de peintures à l'aide de
brosses
ou de récipients divers.
Ses tableaux
résultaient donc du pas de danse fantaisiste
qu'il faisait effectuer à
la peinture avant de la
laisser retomber sur la toile.
L'action pain
ting est actuellement considérée comme dé
passée, mais l'enchevêtrement des méandres
et des taches éparpillés de manière rythmée
sur les toiles de Pollock eut une influence sti
mulante et libératrice sur
ses contemporains..
»
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