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CASTRO Fidel

Publié le 24/12/2011

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CASTRO Fidel (1927-) Homme politique cubain, Premier ministre (de 1959 à 1976), puis président. « Condamnez-moi. L'histoire m'acquittera ! « C'est par cette prophétie que le jeune avocat cubain Fidel Castro termine sa plaidoirie face à ses juges en 1953. Accusé d'avoir attaqué la caserne de la Moncada à Santiago (province d'Oriente) le 26 juillet 1953 pour renverser la dictature de Fulgencio Batista (1901-1973), il assume lui-même sa propre défense. L'insurrection est légitime face à l'usurpateur. Sa défense est un discours-programme. Cuba doit parachever son indépendance, instaurer un régime démocratique, chasser la corruption et faire régner la justice sociale. Un demi-siècle d'histoire commence. Il quitte le Parti orthodoxe, nationaliste populiste, pour fonder un mouvement de libération nationale - le Mouvement du 26 juillet. De 1953 à 1959, il met en oeuvre une stratégie révolutionnaire sans inquiéter les États-Unis qui, jusqu'à la prise du pouvoir par l'Armée rebelle, sous-estiment la dynamique sociale révolutionnaire de la lutte engagée. Le génie politique de F. Castro est déjà à l'oeuvre. Dans cette première phase, il apparaît comme un nationaliste révolutionnaire anti-américain. « Patria o Muerte, venceremos « (La patrie ou la mort, nous vaincrons) est son cri de guerre face à l'ostracisme et à l'agressivité de Washington. L'application de mesures sociales très progressistes lui permet de rassembler massivement le peuple cubain autour de lui. Dès 1961, il se proclame marxiste-léniniste et affirme l'être depuis longtemps. Des historiens américains croiront voir cette filiation confirmée par le rapprochement avec l'URSS. Mais alors même qu'il a sacrifié le Mouvement du 26 juillet sur l'autel de la fusion nécessaire avec le PSP (Parti socialiste populaire, ancien parti communiste), F. Castro marginalise le courant prosoviétique en janvier 1968 et fait le procès public de la « micro-fraction « accusée de faire le jeu du Kremlin. Ne voulant pas être pris en tenailles, il assure ses arrières. On peut douter de la solidité de ses convictions marxistes. L'histoire ultérieure illustre le pragmatisme du « leader màximo «, son sens de la realpolitik et sa grande flexibilité tactique. Obligé, dans les années 1970, d'obtempérer aux ordres de Moscou qui lui imposent de mettre fin au désordre économique et à l'anarchie institutionnelle en instaurant un régime de parti unique/parti d'État, il s'adapte et devient ainsi secrétaire du nouveau Parti communiste lors de son premier congrès, en 1975. F. Castro se montre peu enclin au respect des programmes et de la discipline partidaire. Ses principes sont souvent à géométrie variable et ses méthodes empreintes du caudillisme latino-américain. Il ne tolère aucune critique et se révèle un dirigeant despotique imposant une discipline de fer à ses fidèles. En 1989, l'exécution du général Arnaldo Ochoa et de trois autres officiers, condamnés pour « trafic de drogue «, dément ses engagements. N'avait-il pas promis que « la Révolution ne sera[it] pas comme Saturne, [qu']elle ne dévorera[it] pas ses propres enfants « ? L'implosion de l'URSS en 1991 le contraint à procéder à une ouverture économique sous couvert d'orthodoxie. Son double langage affecte un charisme désormais routinisé. Tacticien hors pair, il pouvait se targuer, lorsque s'est ouvert le xxie siècle, d'avoir « survécu « à neuf présidents des États-Unis. Du libérateur ou du « caudillo «, que retiendra l'histoire ? Janette HABEL

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« de l'armée) tout en instaurant le culte de sa personnalité.

En 1966, Castro organise à La Havane la conférence tricontinentale afin de coor­ donner les différents mouvements de guérillas anti-impérialistes en Amérique latine, en Afrique et en Asie.

Cette initiative, au reste sans lendemain, irrite Moscou car elle va à l'encontre de la coexistence paci­ fique .

En revanche, dans les années 80, lors de la seconde guerre froide (1980-1991), Castro aide la guérilla au Salvador et apporte son soutien aux régimes marxistes du Nicaragua et de Grenade.

Cuba apparaît ainsi comme le meilleur allié de l'URSS sur le continent américain.

Agissant directement pour le compte de l'URSS, Castro envoie des militaires cubains en Angola et au Mozambique (1975) puis en Ethiopie (1977) afin d'y soutenir les régimes marxistes en place.

Parallèlement, Castro renforce sa dictature.

En 1976, il cumule les fonctions de premier secré­ taire du parti communiste et de chef de l'Etat.

Lors du VIe Sommet des pays non-alignés qui se déroule à la Havane en 1979, Castro défend une ligne prosoviétique.ll s'oppose violemment à Tito, partisan d'une stricte neutralité entre les deux blocs.

L'effondrement de l'URSS en 1991 margi­ nalise Castro, désormais privé de l'aide soviétique.

Cuba demeurant sous embargo américain, la pénurie devient dramatique.

Des milliers de Cubains fuient la misère et l'oppression à bord d'embarcations de fortune à destination des Etats-Unis.

Adepte de la realpolitik, le vieux dictateur autorise une relative libéralisation de l'économie cubaine.

Mais, contesté de l'intérieur, Castro renforce son pouvoir personnel.

n'hésitant pas à faire éliminer plusieurs de ses proches, faussement accusés de« trafic de drogue» (affaire Ochoa en 1989).

Conscient de son isolement sur la scène internationale, Castro se rapproche du Vatican .

Lors du voyage du pape à Cuba en janvier 1998, Castro obtient du Saint-Père qu'il condamne officiellement l'embargo.

Adepte du double langage, Castro ne s'est pas opposé au transfert de prisonniers islamistes sur la base cubaine de Guantanamo.

Dans le même temps, plusieurs opposants politiques ont été condamnés à des peines de prison allant jusqu'à vingt ans.

Cuba demeure ainsi, de pair avec le Vietnam et la Corée du Nord, l'une des dernières dictatures communistes du monde.

« La révolution ou la mort » reste le dernier slogan de Fidel Castro, caudillo communiste qui peut se targuer d'avoir « enterré » neuf présidents américains.. »

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