FIN DE LA VIE DE ROUSSEAU
Publié le 17/01/2022
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Nous avons dit plus haut comment la publication de l'Emile avait été pour Rousseau le commencement d'une vie errante et persécutée. Chassé de Paris et de France il s'installe d'abord en Suisse à Yverdon chez son ami Daniel Roguin. « Ciel ! protecteur de la vertu, s'était-il écrié sur la route de Pontarlier à Yverdon, je te loue : je touche une terre de liberté ! « Il se faisait des illusions. Sur le rapport du procureur général Jean-Robert Tronchin le Petit Conseil condamne le Contrat social et l'Emile et décrète Rousseau de prise de corps. Le gouvernement de Berne exige de Jean-Jacques qu'il quitte son territoire. Il gagne alors Môtiers dans le Val-Travers (près de Neuchâtel) qui était une principauté prussienne gouvernée par Georges Keith, lord maréchal d'Ecosse (que Rousseau appelle Milord Maréchal). Thérèse Levasseur l'y rejoint. Entre temps l'Emile est condamné en Hollande. L'archevêque de Paris, Christophe de Beaumont, publie son mandement contre l'ouvrage (août 1762). La Sorbonne publie sa Censure de l'Emile (novembre).

«
Rousseau qui vit par l'imagination et la sensibilité et dont la sensibilité et l'imagination ont été exacerbées(maladivement exacerbées, nous y reviendrons) par les persécutions trop réelles et violentes qu'il a dû subir depuisquatre ans.
L'erreur essentielle est dans le malentendu primitif qui les a réunis.
Le 1er mai 1767 Rousseau (et Thérèse) quittent Wootton.
Ils sont à Calais le 22.
Désormais pendant trois ans Jean-Jacques va errer à travers la France, longtemps sous un faux nom.
Il est réellement, au moins pendant quelquetemps, non pas inquiété mais surveillé par la police.
Il arrive que l'opinion l'accueille avec méfiance.
On le soupçonne,par exemple, d'avoir empoisonné le concierge du château de Trye et il devra demander l'autopsie.
Mais, le plussouvent, il est reçu par d'excellents amis qui ne réussissent pas à le fixer.
Il s'installe d'abord (juin 1767) à Fleury-sous-Meudon, chez le marquis de Mirabeau, puis à Trye-le-Château chez le prince de Conti.
Il en part en juin 1768,passe par Lyon, Grenoble et se fixe à Bourgoin dans le Dauphiné (août 1768).
C'est là qu'il épouse ThérèseLevasseur (mariage civil).
Toujours instable il songe à retourner à Wootton, à se réfugier dans l'archipel grec, àMinorque.
En fait il se contente de prendre un logis dans une ferme à Monquin (janvier 1769).
En avril 1770 il quitteMonquin et prend la route de Paris, par Lyon, Montbard où il est reçu par Buffon et arrive en juin pour reprendre sonlogis de la rue Plâtrière à l'hôtel Saint-Esprit.Il y est tout de suite accablé de visites et d'invitations.
Il s'est installé dans ses meubles, dans la même ruePlâtrière.
Il y vivra désormais du produit de ses livres, de la pension de Milord Maréchal et du prix de ses copies demusique.
Il se prend de plus en plus de passion pour la botanique et commence, en 1772, à courir la campagne pourherboriser et pour rêver.
Ses inquiétudes de persécuté ne l'ont pas quitté.
Dès 1772 il travaille à son ouvrage deRousseau juge de Jean-Jacques qu'il achèvera en 17741776.
C'est en février 1776 que dans un état plus aigu de samanie de persécuté il tente de déposer sur le grand autel de Notre-Dame le manuscrit de ce Rousseau juge de Jean-Jacques.
Il y renonce parce qu'il trouve le chœur fermé.
Puis, en avril, il distribue aux passants une circulaireadressée A tout Français aimant encore la justice et la vérité, circulaire qu'il envoie à ses correspondants.
Puis ilrédige une Histoire du précédent écrit (Rousseau juge de Jean-Jacques).
C'est d'ailleurs dans l'automne de la mêmeannée 1776 qu'il commence les Rêveries du promeneur solitaire qui marquent l'apaisement.Parlerons-nous de la « folie de Jean-Jacques ».
Il n'est pas douteux pour les aliénistes que cette folie a existé.
Et iln'est pas non plus douteux qu'il a traversé une crise qui touche au dérangement mental dans cette année 1776.Mais il est très douteux qu'on puisse déceler constamment dans sa vie des formes à peine latentes de cette folie.Assurément il est un instable et un inquiet.
Il nourrit en lui, constamment, à l'égard de ses meilleurs amis, dessoupçons qu'une imagination maladive déforme et grossit.
La liste serait longue de ceux qu'il tient pour ses amis, quile sont et avec qui il rompt brusquement, sans raison ou sur les plus vagues prétextes.
Jamais amie ne fut plusdévouée que la bonne et charmante Mme de Verdelin.
Il arrive pourtant à Rousseau de la tenir pour une noireconspiratrice qui l'a livré aux traîtrises de Hume.
Il est certain, à partir de 1770 et plus clairement vers 1772 qu'àpart la « secte » encyclopédique il n'a plus guère en France que des admirateurs, que sa gloire balance celle deVoltaire, que c'est à qui l'accueillera, cherchera l'honneur d'une visite.
Pourtant c'est à la même date que s'exaspèreson inquiétude de persécuté.
Mais il ne faut pas oublier que son imagination ne fait que prolonger des anxiétés quin'étaient que trop réelles et qui n'étaient pas forgées par un cerveau malade.
Il est certain que Voltaire lepoursuivait d'une haine brutale et capable de toutes les calomnies, que les « philosophes » ne demandaient qu'à leperdre, qu'en Suisse, Bonnet, philosophe et savant, Haller, poète, savant et philosophe, regrettaient le temps où onl'aurait brûlé avec ses écrits ; enfin que lorsqu'il fuyait de Paris à Genève, Yverdon, Môtiers, l'île Saint-Pierre,l'Angleterre, il était poursuivi par des hommes et non par des fantômes.Peu à peu cependant une sorte d'apaisement ou, si l'on veut, de résignation apaisée, vint lui donner quelque chosedu bonheur auquel il avait toujours aspiré.
Il s'enivre de longues et paisibles promenades que nous retrouverons dansles Rêveries.
Enfin il s'installe dans l'asile que lui offre le marquis de Girardin dans une maisonnette de son parcd'Ermenonville.
Girardin avait dessiné autour de son château, dans un vallon sauvage, un de ces parcs que l'onappelait déjà romantiques.
Jean-Jacques pouvait y trouver avec des « fabriques » à la mode, un temple inachevé »de la philosophie, un autel de la rêverie, etc., tout ce qui pouvait l'enchanter, des bois solitaires et escarpés, deseaux paisibles ou murmurantes, un « désert » où n'apparaissait aucune trace des hommes.
Il y arriva le 20 mai 1778.Il y meurt brusquement le 2 juillet.
Le 4 il est inhumé dans l'Ile des Peupliers, dans le grand étang du parc..
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