Jean de La Bruyère
Publié le 22/04/2012
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La Bruyère naquit à Paris dans une famille bourgeoise. Il passa sa licence en droit à Orléans en 1665, puis acheta une charge de trésorier de France avant de devenir conseiller du roi (1674). Dix ans plus tard, La Bruyère devint précepteur du duc Louis de Bourbon, petit-fils du Grand Condé, puis demeura comme bibliothécaire dans la maison de Condé à Chantilly. Homme sans prétention, il fut la risée de ses contemporains, qu'il observait pourtant d'un regard implacable. Durant dix ans, il nota ses pensées sous forme de réflexions et maximes, composant un premier recueil qui parut en 1688 sous le titre Les caractères ou les mœurs de ce siècle. Le livre, dépeignant avec vérité les mœurs contemporaines, tournait en dérision les marottes sociales en vogue. Il obtint un succès foudroyant, chacun tentant de mettre un nom sur les divers portraits de caractères, qui contenaient, disait-on, des clefs pour les identifier. La Bruyère nia l'existence de ses clefs, arguant que chaque caractère était composé à partir de l'observation de plusieurs personnages. Ceux qui reconnaissaient leur propre marotte dans ces caricatures s'outrèrent de la publication de telles fariboles. Les caractères, enrichis à maintes reprises, initièrent une nouvelle technique narrative. En 1693, La Bruyère fut élu à l'Académie française, en dépit d'une vive polémique et de l'opposition farouche des Modernes qui se sentaient visés par ses maximes. Il mourut brutalement à Versailles en 1696, d'une crise d'apoplexie.
«
La Bruyère, par Largillière.
Exacte, la peinture sociale n'est nullement
originale : traditionaliste, 1 'auteur répète des
critiques vieilles
de dizaines d'années.
Les vices
de
la société lui paraissent provenir uniquement
de
la corruption individuelle, nullement d'une
organisation sociale défectueuse.
Il flagorne la
monarchie absolue, rêve de rois évangéliques qui
renonceraient aux conquêtes, aux dépenses de
prestige
et à 1 'arbitraire.
Il soupire après la
sainteté de 1 'Église primitive.
Les critiques les
plus violentes semblent procéder
d'une aigreur,
d'une amertume d'homme peu comblé par la
vie : attaques contre les Grands, contre les
riches, les financiers, contre
la haute bourgeoisie;
rancœur de la misère de l'homme de mérite, de
l 'écrivain.
La noblesse est peinte sous les cou
leurs les plus sombres,
la petite bourgeoisie est
épargnée.
Analyse rigoureuse ou règlement de
comptes?
Au crédit de La Bruyère, cependant,
il faut porter d'émouvantes paroles sur la misère
du peuple,
la reprise des attaques de Montaigne
contre '
la torture et certains sursauts réellement
chrétiens devant les bassesses
et 1 'hypocrisie
(« De la cour»).
Une virtuosité laborieuse
« C'est un métier que de faire un livre, comme
de faire une
pendule» : cette phrase de La Bruyère
s'adresse
d'abord à lui-même .
Artisan appliqué,
il s'ingénie
à polir ses phrases, à en varier cons
tamment les tours,
à piquer la curiosité .
Le voca
bulaire est soigneusement étudié, vigoureux : à
la
cour, les femmes ont coutume de« peindre» leurs
lèvres; elles
« étalent » leur gorge; les hommes
ont une physionomie « embarrassée dans une
épaisseur de cheveux étrangers [les perruques]
».
Les procédés de la rhétorique : antithèses, hyper
boles, suppression des liaisons, parallèles, énu
mérations, redondances, dissymétries (souvent
artificielles), apostrophes, etc.
s'accumulent à
toutes les pages.
Assurément
La Bruyère a le
sens de
la notation pittoresque, du détail pris
sur le vif (gestes, particularités physiques, vête
ments, mots ...
), mais de cette accumulation de
touches ne sortent pas toujours des figures uni
fiées
et vivantes.
Il flotte entre le portrait et le
caractère purement moral : rien chez lui du relief
saisissant du
Neveu de Ram eau ou du Père Goriot!
La Bruyère est le peintre des surfaces de 1 'homme :
il est séduit
par les facettes plus que par l'irra
diation profonde.
Les caractères exercent la
séduction de la verroterie.
La Bruyère et l'esprit classique
La Bruyère se croyait certainement dans le
sillage des classiques, Boileau ou Racine.
Non
sans quelque raison.
S'il est très présent dans
son œuvre, avec
sa dignité et son amertume, ses
réactions se dissimulent sous
l'anonymat ou
des noms apparemment étrangers (« On »,
«
Le philosophe », « Antisthène » ...
).
Il règne
dans
Les caractères un lyrisme avorté, qui
représente
la protestation du moi face à une
société mécanique (comme plus
tard chez Proust).
La nature extérieure est absente du livre, tout à
l'observation
des« mœurs» et des.
»
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