Le cinéma peut-il faire rire à partir de la Shoah?
Publié le 05/12/2018
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On avait déjà ri du nazisme au cinéma, les plus fameux exemples restant To be or not to be d’Ernst Lubitsch en 1942 et le Dictateur de Charlie Chaplin en 1943. Mais, jusqu’à présent, personne n’avait osé recourir à l’humour pour évoquer les camps de la mort. La première fiction dans laquelle ils apparaissent date de 1948 : la Dernière Étape de Wanda Jakubowska, tournée et interprétée par d’anciennes déportées. En 1955, Alain Resnais signe avec Jean Cayrol le plus célèbre documentaire sur l’horreur des camps, Nuit et brouillard. En 1972, Jerry Lewis tourne le Jour où le clown pleura, resté inédit. Il y campe un célèbre clown allemand antinazi, déporté, et utilisé pour faire «oublier» leur mère aux enfants que l’on emmenait jusqu’aux chambres à gaz. En 1979, la série américaine Holocauste, réalisée pour la télévision, touche un immense public. En 1985, Claude Lanzmann tourne Shoah, neuf heures trente bouleversantes qui détaillent, grâce aux témoignages de rescapés, juifs et nazis, le processus d’extermination des Juifs, sans jamais utiliser d’archives d’époque ou de procédés de fiction. A peu près le contraire de l’hollywoodienne Liste de Schindler de Steven Spielberg en 1994, la vie de ce «juste» qui a sauvé 1200 Juifs polonais de la déportation.
Coup sur coup, à l’automne, sortaient deux fables
évoquant la déportation et l'extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale: Train de vie de Radu Mihaileanu et La vie est belle de Roberto Benigni.
Après son triomphe au Festival de Cannes,
le film de Benigni a été plébiscité par le public, mais critiques et intellectuels se sont interrogés, voire divisés, sur la question de la représentation de la Shoah au cinéma.
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