Sous la bannière d'un réalisme social...

Avec Western, Manuel Poirier propose aussi, à sa manière, un nouveau cinéma « politique », mais qui, loin de tout dogme, repose d’abord sur l’attention à toutes les nuances de la personnalité humaine : « Je refuse certaines choses, affirme-t-il, qui seraient comme des portes fermées ou qui seraient trop strictes, trop caricaturales, trop définitives. Ce serait comme une réappropriation des personnages, alors que je suis là pour les protéger et les laisser s’épanouir au maximum, aussi bien dans l’écriture qu’au tournage. » C’est ce qu’il met notamment en pratique à travers l’improvisation, d’autant plus libre qu’il s’entoure de comédiens fidèles, dont Sergi Lopez, devenu sa mascotte depuis la Petite Amie d Antonio, et qui forme avec Sacha Bourdo un couple de « losers » haut en couleurs...

De la sorte, chacun des films de Poirier se présente un peu comme un documentaire sur un groupe d’acteurs, l’usage du plan - séquence et de la digression permettant, de surcroît, d’étendre les frontières du récit au-delà

L’engagement d’un collectif de réalisateurs contre la loi Debré, le retour d’un certain « réalisme social » marqué par le succès de films comme Reprise, d’Hervé Le Roux ou Western de Manuel Poirier, témoigneraient d’une avancée du cinéma français sur le terrain politique. En réalité, il s’agit surtout d’un état de proximité et de disponibilité, irréductible à tout mot d’ordre, et qui répond plutôt à une aspiration diffuse : retrouver par les moyens du documentaire une densité romanesque ;

et, à l’intérieur d’une société de plus en plus fragmentée, rendre à l’individu son temps de parole.