L'OPINION ET LA SCIENCE "L'opinion a, en droit, toujours tort." Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique, 1938. Commentez cette citation.

« de l'esprit scientifique, ouvrage dans lequel Bachelard effectue une psychanalyse de la connaissance.

Il s'attache ainsi à montrer que la connaissance est une lutte à la fois contre la nature et contre soi-même.

Connaître c'est toujours connaître contre une connaissance antérieure.

Connaître c'est donc remettre en cause ce qu'on croyait savoir.

C'est ainsi que tout progrès dans la connaissance passe par le rejet des opinions qui constituent ce que Bachelard nomme des « obstacles épistémologiques ».

Tel est le sens de cette critique de l'opinion qui nous est proposée ici.

Il s'agit en effet de distinguer l'opinion de la pensée à partir de son caractère irréfléchi.

L'opinion n'est pas une pensée faible, elle est la traduction «des besoins en connaissances».

Qu'est­ ce à dire? Nous pouvons, pour éclairer ce jugement, prendre l'exemple simple du géocentrisme, cette idée selon laquelle la terre est au centre de l'univers.

Face à ce besoin de penser l'homme comme étant au centre du monde, on donne l'apparence d'un discours scientifique à ce qui n'est en fait qu'illusion.

On peut alors avec cet exemple mieux comprendre ce qu'il s'agit d'entendre par psychanalyse de la connaissance.

Freud nous a montré comment l'activité psychique nous conduisait à avoir des résistances en nous opposant à l'exploration de ce qui ne nous est pas conscient (par exemple des oublis), de la même manière nous sommes susceptibles de résister au progrès de la connaissance par ce que celui-ci nous dérange.

Il s'agit ainsi de voir que l'un des obstacles majeurs au progrès de la connaissance n'est pas constitué par des limites techniques mais par des obstacles d'ordre psychologique dont l'opinion est la manifestation.

Voilà pourquoi il est si difficile de lutter contre les opinions.

Voilà pourquoi il ne suffit pas de présenter un raisonnement scienti­ fique fondé pour détruire une opinion.

D'ailleurs, l'histoire des sciences nous montre la force de ces résistances.

Si nous revenons à la question du géocentrisme, nous voyons bien qu'il n'a pas suffit que Copernic suppose que la Terre n'était pas au centre du monde, puisque Galilée le démontre, pour que l'héliocen­ trisme soit accepté.

Les enjeux ne sont alors pas qu'immédia-. »