Que sais-je ? Michel de Montaigne
Publié le 03/10/2018
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Quand il intitule son chapitre « Apologie (c’est-à-dire « défense ») de Raimond Sebond », Montaigne ne manque pas d’ironie, puisque sans l’attaquer de front, il va de fait prendre le contre-pied de l’auteur qu’il a traduit. Raimond Sebond mettait l’accent sur la puissance de la raison, capable de démontrer et d’assurer les vérités les plus complexes du christianisme. Montaigne, tout à l’opposé, revient sans cesse sur les infirmités de la raison. Elle est victime des sens qui l’égarent, tributaire de nos passions, changeante dans le temps et dans l’espace. L’homme qui lui accorde trop d’importance fait preuve de présomption, d’outrecuidance et manque donc d’humilité.
« J’appelle toujours raison cette apparence de discours que chacun forge en soi : cette raison, de la condition de laquelle il y en peut avoir cent contraires autour d’un même sujet, c’est un instrument de plomb et de cire, allongeable, ployable et accommodable à tous biais et à toutes mesures ; il ne reste que la suffisance de le savoir contourner. »

«
Ces derniers mots se rapportent à une médaille qu'avait
fait frapper Montaigne.
Sur cette médaille figurait une
balance aux plateaux en
équilibre- se rapportant sans
doute
à l'idée que tout se vaut -et la devise «Que
sais-je? » .
..,..
Raimond ou Raymond Sebond était un théologien
espagnol
du xve siècle.
Il avait écrit en latin une Théo
logie naturelle
qui fut publiée une cinquantaine
d'années après sa
mort survenue à Toulouse en 1536.
A la demande de son père, Montaigne avait traduit
ce
livre en français.
Le père de Montaigne pensait que ce
livre pouvait jouer un rôle positif dans les querelles reli
gieuses
du temps et c'est pourquoi il avait demandé à
son fils de le traduire et de le publier.
L'expression« théologie naturelle» désignait une théo
logie pour laquelle les vérités de la religion pouvaient
être démontrées
par la raison.
Il était possible, selon
cette doctrine, de prouver rationnellement les vérités de
la foi chrétienne.
Montaigne traduisit honnêtement l'ouvrage
du théolo
gien catalan, mais en atténuant cependant
ce que dit
Sebond sur le pouvoir de la raison et en ajoutant du sien
pour souligner l'importance
d'une foi qui ne se mêle
pas de prouver.
En fait, dès cette époque,
il semble ral
lié
au fidéisme.
Le mot fidéisme est forgé à partir du mot latin fides
(=confiance, loyauté, croyance, et, en latin ecclésiasti
que,« foi religieuse») d'où est venu aussifoi,fidèle et
féal.
Il désigne l'attitude de ceux qui estiment que la foi
en Dieu
n'a pas besoin de s'appuyer sur des preuves.
Pour le penseur fidéiste, les problèmes touchant à la
divinité sont incompréhensibles pour l'intelligence
limitée de l'homme.
Il faut donc croire sans discuter.
«Je crois parce que c'est absurde» (Credo quia absur
dum),
fait-on dire à Tertullien, théologien du ne siècle,.
»
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