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Quelques citations d'Un amour de Swann de Proust

Publié le 14/09/2018

Extrait du document

amour

Le rire de Mme Verdurin

 

Au moindre mot que lâchait un habitué contre un ennuyeux ou contre un ancien habitué rejeté au camp des ennuyeux - et pour le plus grand désespoir de M. Verdurin qui avait eu longtemps la prétention d'être aussi aimable que sa femme, mais qui riant pour de bon s'essoufflait vite et avait été distancé et vaincu par cette ruse d'une incessante et fictive hilarité - elle poussait un petit cri, fermait entièrement ses yeux d'oiseau qu'une taie commençait à voiler, et brusquement, comme si elle n'eût eu que le temps de cacher un spectacle indécent ou de parer à un accès mortel, plongeant sa figure dans ses mains qui la recouvraient et n'en laissaient plus rien voir, elle avait l'air de s'efforcer de réprimer, d'anéantir un rire qui, si elle s'y fût abandonnée, l'eût conduite à l'évanouissement, (p. 29)

 

Portrait d'Odette

 

Elle était un peu souffrante ; elle le reçut en peignoir de crêpe de Chine mauve, ramenant sur sa poitrine, comme un manteau, une étoffe richement brodée. Debout à côté de lui, laissant couler le long de ses joues ses cheveux qu'elle avait dénoués, fléchissant une jambe dans une attitude légèrement dansante pour pouvoir se pencher sans fatigue vers la gravure qu'elle regardait, en inclinant la tête, de ses grands yeux, si fatigués et maussades quand elle ne s'animait pas, elle frappa Swann par sa ressemblance avec cette figure de Zéphora, la fille de Jéthro, qu'on voit dans une fresque de la chapelle Sixtine. (p. 53)

 

« Faire catleya »

 

...I il était si timide avec elle, qu'ayant fini par la posséder ce soir-là, en commençant par arranger ses catleyas, soit crainte de la froisser, soit peur de paraître rétrospectivement avoir menti, [...] les jours

amour

« suivants il usa du même prétexte [ ...

]; et bien plus tard, quand l'arran­ gem ent (ou le simu lacre rituel d'arr angemen t) des catleyas fut depuis longtemps tombé en désuétu de, la métaphore " fa ire catleya ,, deve­ nue un simple vocable qu'ils em ployaient sans y penser quand ils vou­ laient signifier l'acte de la possession physique -où d'ail leur s l'on ne possède rien -sur vécut dans leur langage l ...

j à cet usage oublié .

(p 67-68) L' enfer de la jalousie Quand il qui ttait Odette, il était heureux, il se sentait calme, il se rap­ pelait les sourires qu'elle avait eus, railleurs en parlant de tel ou tel autre, et tendres pour lui, la lourdeur de sa tête qu'elle avait détachée de son axe pour l'incliner, la laisser tomber, presque malgré elle, sur ses lèvres [ ...

] Mais aussitôt sa jalousie, comme si elle était l'ombre de son amour, se compl était du double de ce nouveau sourire qu'ell e lui avait adressé le soir même -et qui, inverse maintenant, raillai t Swa nn et se char ­ geait d'amour pour un autre -, de cette inclinaison de sa tête mais renversée vers d'au tres lèvres, et données à un aut re, de toutes les marques de tendresse qu'elle avait eues pour lui.

(p.

121 l L'a mour et la mort " Elle >>, il essayait de se demander ce que c'était ; car c'est une res­ semblance de l'amour et de la mort, plutôt que celles, si vagues, que l'on redit toujours, de nous faire interroger plus avant, dans la peur que sa réalité se dérobe, le mystère de la per sonna lité.

(p.

162) Richesse de la musique [ ...

j le champ ouvert au musicien n'est pas un clavier mesquin de sept notes, mais un clavier incommensurable, encore presque tout entier inc onnu, où seulement çà et là, séparées par d'épais ses ténèbres inex­ plorées, quelques-unes des milliers de touches de tendresse, de pas­ sion, de courage, de sérénité, qui le composent, [ ...

]ont été découv ertes par quelque s grands artistes qui nous rendent le service, en éveillant en nous le corr espondant du thème qu'ils ont trouvé, de nous montrer quelle richesse, quelle variété, cache à notre insu cette grande nuit impé-. »

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