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Un rire sardonique

Publié le 14/02/2022

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« ~p8CIVLOS' yÉAcaas Un rire sardonique Cette locution grecque (aap6civlos étant remplacé parfois par aap66l'to~ ), dont dérive notre expression française Un rire sardonique (en italien Riso sardonico), désigne un rire amer et ironique.

qui masque les sentiments réels qu'une personne peut éprouver.

Déjà Homère (Odyssée, 20, 301 sq.) affi1111.tit qu'Ulysse avait souri de façon sardonique (µe(611ae ...

/ aap6civLov) et d'autres auteurs utilisaient des expressions similaires : cf.

Eschyle (fr.

dub.

455 Radt), Sophocle (fr.

160 Radt).

Platon (République, 1, 337a), Polybe (18, 7, 6), Méléagre (Anthologie Palatine, 5, 179., 3 sq.), Cicéron (Epistulae ad/ami/ares..

7, 25, 1), Plutarque (De superstitione, 169d), Lucien (l'âne, 24) et Nonnos (20.

309).

Cette expression suscita une ample tradition exégétique (cf.

les scholies des passages cités d'Homère et de Platon ainsi que les commentaires de Tzétzès sur Hésiode (les travaux et les jours, 59] et sur Lycophron [796].

ainsi que celui d'Eustathe sur l'Odyssée (1893. 4 sq.

]), lexicographique ( Phot.

500..

24-501, 22 : So,,da a 124) et parémiographique (Zenob.

vulg.

5.

85; Diogen.

8..

5; Greg.

Cypr.

3, 68: Macar.

7, 59: Apost.

15 .

35), qui l'expliqua de diftërentes façons, la plus convaincante reliant ce rire à une plante toxique appelée herba sardonia ou >, plante connue pour son amertume (cf.

par exemple Virgile, Bucoliques.

1..

41) et dont l'ingestion provoquait des spasmes convulsifs (cf.

Pausanias, 10, 17, 7 : Dion Chrysostome, 32, 99; Pacatus.

Panégyrique de Théodose., 25, 4). Certains auteurs attribuent cette locution à la mort singulière provoquée par cette plante (cf.

le commentaire de Servius de ce même passage des Bucoliques et Salvien de Marseille [De gubernatione Dei, 1, 1, 6 : Pl 53, 130d] qui écrit que les Romains rient en allant au devant de la mort, en donnant l'impression d'avoir ingéré des Sardonicae herbae).

De plus sinistres légendes sont rattachées à cette expression : selon Timée (566 F 64 Jacoby), en Sardaigne, les vieillards âgés de plus de soixante-dix ans étaient condamnés à être jetés dans une fosse et ils mouraient avec un sourire de circonstance sur les lèvres ; pour Clitarque (137 F 9 Jacoby) l'expression proviendrait du sacrifice des enfants à Chronos par les Phéniciens et les Carthaginois: car, brûlés vifs, ces enfants avaient dans les flammes un dernier spasme, qui donnait l'impression qu'ils souriaient; selon Simonide (fr.

568 Page), ce rictus était caractéristique des personnes capturées par Talos, le géant de bronze forgé par Héphaïstos chargé de garder la Crète (ce géant étant parfois situé en Sardaigne ; cf.

à ce sujet L.

Mercklin, Die Ta/ossage und das Sardonische lachen, Petersbourg, 1857 [cité par Otto 1586]: au-delà des divergences de localisations géographiques, ces deux dernières explications relient aap6ovLoç- / aap6civL'i' à aa(pw, > ).

Erasme consacre un long passage de ses Adagia au Risus Sardonicus (3, 5.

1 ; la même fù1111ule apparait aussi dans les Eplltulae paroemia/es ac morales de Faustus Andralinus [Paris, 1521, 20]) et selon Calvin (Chrlltianae religionis institutio, l, 3, 3), il s'agit du rire amer et sarcastique des athées.

Actuellement Risus Sardonicus fait partie du vocabulaire médical et désigne un spasme particulier des muscles du visage qui entourent la bouche.. »

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