Un roman, c'est un miroir qu'on promène le long d'un chemin. Saint-Réal cité par Stendhal, dans Le Rouge et le Noir. Commentez cette citation.

« mes prétentions au vrai, Stendhal vaux mieux que ses théoriés.

Le Rouge et le Noir est une extraordinaire peinturè de la France de 1830: mais ce n'est pas que .cela.

De même que les romans _de Balz~c ou de Zola, qui s~ veulent des planches d'anatomie des réalités sociales, ne sont passés à la postérité que parce qu'ils avaient le gériie en prime.

Les formules de Stendhal laissent d'ailleurs entendre la part de subjectivité («un roman.qù'on promène») et l'idée que la peinture sociale ne çonstitue qu'un fond pour ia peinture des passions.

Dans la préface de Lu- .

cien Leuwen, Stendhal dit bien qu'un roman doit être un miroir «excepté pour la passion du héros».

La formule du roman miroir ne convient donc ·que partiellement aux romans de Stendhal.

Celui-ci a mis en épigraphe du Rouge une .citation· de Danton : « La vérité, /'âpre vérité.

» Ce choix traduit sa volonté de rompre avec tout ce que le romantismé comporte de conventiçms, d'idéalisation, de «fabriqué>>.

Mais Stendhal ne se contente pas d'un simple constat comme .

le fait, par exemple, Truman Capote dans De sang froid (ln cold blood, 1966).

Pour écrire Le Rouge et le Noir, il est parti çle la Gazette des tribunaux ·de Gre­ noble où il a trouvé l'anecdote de son roman.

Mais Julien Sorel est autrement flamboyant et autrement profond qu'Antoine Berthet qui lui a servi de modèle.

Pour écrire Le Rouge- eLle Noir, Stendhal a promené son miroir sur lés -routes et dans les demeures du ~IXe siècle.

Mais il a tout autantdécrit celui qui pro­ menait le miroir.

Ce qui d'ailleurs n'aurait pas suffi à faire un grand roman.

Il y avait là tous les ingrédients d'une grande œuvre, mais il restait encore à l'écrire.

IJli- Concurrencé aujourd'hui par différentes formes de reportage, le _roman a perdu èette fonction de docu-. »