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Les femmes

Publié le 17/04/2013

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  Traiter de la question des femmes dans un exposé de culture générale, ne doit pas relever de l’évidence. On pourrait traiter ce sujet dans des thèmes de réflexions ou plutôt dans le cadre d’un chapitre sur l’Homme. La coïncidence des deux significations du mot « homme « qui désigne à la fois un universel humain et la moitié masculine de l’humanité, dans la langue française, est un signe apparent du problème. Les femmes, dans la langue française pourtant si subtile, posent des difficultés à la pensée, aux hommes, voire à toute une société.  Doit-on étudier les femmes comme un sujet d’études spécifiques voire comme une communauté, puisque certains reprochent aux féministes de créer un nouveau communautarisme ? Comment parler de communauté alors que les femmes représentent l’autre moitié de l’humanité et sont présentes dans toutes les communautés.      I - Identité féminine et domination masculine :   Si l’on pose la question de l’égalité entre les hommes et les femmes, il convient de partir de la constatation que c’est en étant définie comme mauvaise et dangereuse que la femme s’est trouvée dans une position d’infériorité : c’est l’être féminin qui est remis en cause dans cette analyse. (A) La femme se définit alors par rapport au masculin, qui est vu par Simone de Beauvoir comme la norme de l’humain. Ce qui importe, c’est que la disqualification de la femme n’est pas contingente, mais de nature philosophique et ontologique, ainsi que religieuse (B). Néanmoins, si l’infériorité apparaît comme le leitmotiv, quelles sont les raisons d’une telle thèse ?   L’infériorité de la femme est « naturelle « :   D’une part, le mépris de la femme s’apparente de manière fréquente voire récurrente au mépris de la nature. La femme est réputée plus proche de la nature que l’homme, qui est vu comme l’incarnation de la culture. C’est cette idée que résume Charles Beaudelaire lorsqu’il écrit Mon coeur mis à nu que «la femme est naturelle, c’est-à-dire abominable« . La femme est inféondée à son propre corps, reprenant ainsi la distinction entre corps et esprit : l’homme étant l’esprit et la femme n’étant que chair. Comme le rappelle Clément Rosset, la métaphore de la féminité est la plus répandue pour décrire la nature, l’expression « mère nature « en est d’ailleurs un exemple équivoque. Ainsi, Diderot, dans de l’interprétation de la nature, décrira la nature comme « c’est une femme qui aime à se travestir, et dont les différents déguisements laissant échapper tantôt une partie, tantôt une autre, donnent quelque espérance à ceux qui la suivent avec assiduité de connaître un jour toute sa personne « . Rosset dira même que « dans la plupart des civilisations connues, l’image de la nature a été volontiers associée à des personnalités du sexe féminin « .  C’est l’argument de la faiblesse féminine, de la vulnérabilité du corps féminin qui semble justifier cette thèse. Françoise Héritier insiste d’ailleurs sur le lien du sang : c’est parce que la femme perd son sang sans pouvoir l’empêcher tandis que l’homme perd le sien volontairement : la femme est donc associée à la passivité, contrairement à l’homme qui est associé à l’activité. Néanmoins, cette observation ne doit pas nous tromper : pour Françoise Héritier, l’inégalité n’est pas du à la nature, mais est le fruit d’une symbolisation à partir des faits biologiques, qui impliquent des différences entre les deux sexes. Cette féministe convaincue refuse de justifier une hiérarchie entre l’homme et la femme  D’autre part, le mépris de la femme est lié a des enjeux culturels : Le passage archaïque de la différenciation des sexes à leur hiérarchisation est une étape essentielle dans l’histoire des représentations : aujourd'hui, le dépassement de cette hiérarchie passe donc d’abord par la distinction la plus nette entre l’ordre de la nature et celui de la culture. Or, l’appel à une prétendue vérité naturelle apparaît comme un discours de légitimation de l’ordre établi. Ce discours, on l’appelle la doxa, c’est-à-dire l’opinion courant, telle qu’elle est définie par Roland Barthes dans son ouvrage. La doxa apparaît donc comme des constructions intellectuelles, des visions du monde qui ont été parfaitement intériorisées, au point qu’elles en sont devenues invisibles et que les répétons sans jamais les contester. La première secousse est donc de démystifier. Pierre Bourdieu témoigne lui aussi dans cette analyse, dans plusieurs de ces ouvrages, comme Le sens pratique ou La distinction. Bourdieu voit dans la domination masculine, le paradoxe de la doxa, c’est-à-dire le fait que le monde continue à se perpétrer, et à être respecter tel quel. Ce que révèle presque de manière caricaturale la domination masculine, parce qu’elle se fonde d’abord sur l’affirmation d’une nature féminine, exprimant que la domination se masque en se naturalisant et plus précisément en se biologisant.  De plus, on trouvera la confirmation de cette conception, chez tous les auteurs, qui étudie l’intériorisation et la pérennité chez les femmes elles-mêmes de l’idée de leur infériorité par rapport à l’homme. C’est ce Virginia Woolf nomme le « pouvoir hypnotique de la domination «. Ainsi, Simone de Beauvoir note combien « l’homme qui constitue la femme comme Autre rencontrera donc en elle de profon...

« L'infériorité de la femme est « naturelle » :   D'une part, le mépris de la femme s'apparente de manière fréquente voire récurrente au mépris de la nature.

La femme est réputée plus proche de la nature que l'homme, qui est vu comme l'incarnation de la culture.

C'est cette idée que résume Charles Beaudelaire lorsqu'il écrit Mon coeur mis à nu que «la femme est naturelle, c'est-à-dire abominable» .

La femme est inféondée à son propre corps, reprenant ainsi la distinction entre corps et esprit : l'homme étant l'esprit et la femme n'étant que chair.

Comme le rappelle Clément Rosset, la métaphore de la féminité est la plus répandue pour décrire la nature, l'expression « mère nature » en est d'ailleurs un exemple équivoque.

Ainsi, Diderot, dans de l'interprétation de la nature, décrira la nature comme « c'est une femme qui aime à se travestir, et dont les différents déguisements laissant échapper tantôt une partie, tantôt une autre, donnent quelque espérance à ceux qui la suivent avec assiduité de connaître un jour toute sa personne » .

Rosset dira même que « dans la plupart des civilisations connues, l'image de la nature a été volontiers associée à des personnalités du sexe féminin » .  C'est l'argument de la faiblesse féminine, de la vulnérabilité du corps féminin qui semble justifier cette thèse.

Françoise Héritier insiste d'ailleurs sur le lien du sang : c'est parce que la femme perd son sang sans pouvoir l'empêcher tandis que l'homme perd le sien volontairement : la femme est donc associée à la passivité, contrairement à l'homme qui est associé à l'activité. Néanmoins, cette observation ne doit pas nous tromper : pour Françoise Héritier, l'inégalité n'est pas du à la nature, mais est le fruit d'une symbolisation à partir des faits biologiques, qui impliquent des différences entre les deux sexes.

Cette féministe convaincue refuse de justifier une hiérarchie entre l'homme et la femme  D'autre part, le mépris de la femme est lié a des enjeux culturels : Le passage archaïque de la différenciation des sexes à leur hiérarchisation est une étape essentielle dans l'histoire des représentations : aujourd'hui, le dépassement de cette hiérarchie passe donc d'abord par la distinction la plus nette entre l'ordre de la nature et celui de la culture.

Or, l'appel à une prétendue vérité naturelle apparaît comme un discours de légitimation de l'ordre établi.

Ce discours, on l'appelle la doxa, c'est-à-dire l'opinion courant, telle qu'elle est définie par Roland. »

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