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28 La Pompadour Son siècle, son genre Avant de voir s'effondrer l'Ancien Régime, restons un instant encore sur un nom du temps : la marquise de Pompadour.

Publié le 06/01/2014

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pompadour
28 La Pompadour Son siècle, son genre Avant de voir s'effondrer l'Ancien Régime, restons un instant encore sur un nom du temps : la marquise de Pompadour. Nous n'avons fait jusqu'ici que l'évoquer au passage. Revenons-y, elle va nous servir. Cadrons brièvement les choses, pour la clarté du propos. La Pompadour est née en 1721 Jeanne Antoinette Poisson dans un milieu assez modeste dont elle change vite : elle est élevée par le riche amant de sa mère, un financier qui lui donne une bonne éducation et un petit titre, en lui faisant épouser son neveu. Sa beauté, son esprit, la font remarquer dans les salons. Le petit clan qui l'entoure cherche un moyen de se rapprocher du pouvoir, il la lance comme un appât dans les pattes du roi. Le monarque est un gibier facile quand le chasseur a de tels charmes : il succombe. Elle n'a que vingt-trois ans, il en fait sa maîtresse et la présente à Versailles. Elle y régnera vingt ans en véritable vice-roi, sur tous et sur tout, jusqu'à sa mort en 1764. Repères - 1740-1780 : règne de l'impératrice Marie-Thérèse de Habsbourg - 1745 : Jeanne Antoinette Poisson élevée au titre de marquise de Pompadour - 1762-1796 : règne de Catherine II de Russie - 1774 : Marie-Antoinette reine de France - 1791 : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, par Olympe de Gouges Détachons-nous maintenant des détails de la biographie pour nous intéresser au poids symbolique du personnage. Mieux que quiconque, la belle marquise nous offre un condensé de son siècle. Elle le représente même d'une double manière, par son style et par son genre. Les deux éclairent le temps d'une façon différente, lumières et ombres. Liberté des moeurs La Pompadour, ses joues teintées de rose, sa taille fine, ses bijoux, ses robes somptueuses, son style, tout de courbes et de matériaux précieux, bois de rose et palissandre. Une rumeur persistante affirme que l'on a inventé les premières coupes à champagne en les moulant sur son sein. Peu importe qu'elle soit vraie. En nous amenant sur un plateau d'argent la blancheur d'une gorge et le pétillant d'une bulle, elle nous conduit où nous voulions aller, au coeur d'une certaine légende de ce siècle, celui des marquises, des boudoirs et des perruques poudrées, celui de la belle société, du raffinement, de la grâce, de l'esprit. C'est l'aspect lumineux de notre chapitre. Cela va de soi, il n'éclaire qu'une partie infime de la société. La vie dans les campagnes a fort peu bougé depuis le Moyen Âge. Les agronomes, en cette période de grande inventivité, travaillent d'arrache-pied à imposer de nouvelles techniques et de nouvelles cultures (la plus célèbre est celle de la pomme de terre), mais les progrès qui augmenteront les rendements et amélioreront l'ordinaire sont lents à se mettre en place. En ville, et pas seulement dans les faubourgs, règnent une saleté et une misère dont on n'a pas idée. Le malheur du peuple est grand même si, hélas, il ne sait pas qu'il connaîtra encore pire : la vie de l'apprenti d'un artisan, du commis d'un gantier, du garçon d'un ébéniste dans une bourgade du temps de Louis XV devait être dure, mais elle le fut assurément moins que celle d'un ouvrier assommé par les cadences et le bruit des machines dans les immenses usines du xixe siècle. L'effervescence culturelle, de la même manière, ne dépasse pas les limites d'un tout petit public. L'Europe cultivée, on l'a dit, lit avec passion et parle français. La France dans sa majorité ne le parle pas et ne l'écrit guère : la plupart des paysans, des humbles, s'expriment dans les patois, dialectes, ou langues différentes attachés à chaque province. Il n'empêche, pour ceux qui ont eu le privilège d'en jouir, ce temps a porté haut une élégance que l'on ne retrouvera pas de sitôt. C'est le siècle de l'esprit, du mot, de la saillie, celui du moraliste Chamfort, celui du polémiste Rivarol, si méchant et si brillant. Il a débuté avec les comédies de Marivaux (La Surprise de l'amour, 1722), il se ferme avec celles de Beaumarchais, personnage multifaces, espion, vendeur d'armes aux insurgés d'Amérique, horloger, inventeur et même dramaturge, nul n'est parfait. Le triomphe de son Mariage de Figaro (1784) sonne le dernier acte de l'Ancien Régime, dans les rires et le pétillement. La pièce avait été interdite pendant six ans. Du point de vue des six censeurs successifs que le pouvoir dut nommer pour trouver un moyen de se débarrasser de ce bâton breneux, cela pouvait se comprendre : la charge était aussi brillante que ravageuse pour la société qu'ils étaient censés défendre. Une seule réplique, pour mémoire. Le comte, un peu énervé : « Les domestiques ici... sont plus longs à s'habiller que les maîtres ! » Et Figaro, malicieux serviteur : « C'est qu'ils n'ont point de valets pour les y aider. » L'époque, enfin, professe une liberté étonnante dans un domaine que le siècle suivant s'emploiera à serrer dans un corset étouffant : les moeurs. L'exemple vient de haut. On a déjà parlé des orgies de Philippe, duc d'Orléans, régent du royaume durant la minorité de Louis XV (1715-1723) et homme fort sympathique au demeurant. Dans son Histoire du libertinage1, Didier Foucault nous rappelle la morale qu'il s'était donnée : « Par le penchant de mon coeur, je voudrais rendre tout le monde heureux. » Quelle meilleure ligne politique ? Arrivant après lui, Louis XV a moins d'humanité - pour ses sujets, il n'en a même aucune -, mais il surpasse vite l'oncle sur le plan sexuel. Aujourd'hui, sauf son respect, on l'enverrait sans doute soigner ce qui passerait pour une addiction : son goût de la chair a quelque chose de compulsif. Au fameux « Parc aux cerfs », la discrète petite maison de ville que la Pompadour elle-même lui avait fait installer à Versailles, il lui fallait chaque jour son content de chair fraîche, soubrettes ou filles de famille offertes en obole en échange de faveurs espérées, tout lui était bon pourvu que cela portât jupon. Au moins, il avait le panache de donner certaines liaisons une publicité impensable cent ans plus tard pour n'importe quel dirigeant. Elle choquait déjà, il est vrai, même à l'époque. En 1744, alors qu'il assiste au siège de Metz avec sa maîtresse du moment - la quatrième de quatre soeurs d'une famille de petite aristocratie qu'il a séduites à la suite ! -, il tombe gravement malade et se croit perdu. L'évêque de Soissons, son aumônier, profite de sa terreur pour en finir avec tant de désordre et faire revenir la royale brebis à la vertu : il le contraint à une confession humiliante. Elle sera lue au prêche dans toutes les églises de France. La reine, le parti dévot triomphent. De fait, ce sera une erreur politique majeure : en rendant ainsi publique l'inconduite du roi, l'évêque imbécile a lancé une machine à rumeurs qui ne s'arrêtera plus, et il a surtout contribué à discréditer la monarchie qu'il croyait défendre. Cela n'a même pas servi à sauver une âme : sitôt rétabli, Louis XV reprend la vie qu'il entend mener, il chasse les dévots et rappelle la maîtresse du jour. Il y en aura beaucoup, beaucoup d'autres. La dernière favorite célèbre, arrivant bien après la mort de la Pompadour, est Mme Du Barry, frivole, charmante, qui venait de loin, elle avait commencé sa carrière dans la « galanterie ». En langue moderne, on appelle cela la prostitution. Le couple formé par Louis XVI et Marie-Antoinette est un peu plus plan-plan, c'est le moins que l'on puisse dire : le pauvre Louis s'est marié trop jeune, il est contrarié par un petit problème mécanique à un endroit stratégique, mais personne ne l'aide à s'en débarrasser. Il faudra l'intervention énergique du frère de la reine, maître du Saint Empire, venu quasi spécialement de Vienne à Versailles, pour que l'affaire soit résolue et qu'enfin l'époux honore l'épouse : il était temps, le mariage avait été célébré sept ans avant. La haute société, de son côté, continue de vivre dans la plus grande liberté. « Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c'est que la douceur de vivre. » Tout le xixe répétera en rêvant ce mot de Talleyrand. Au vu de la rigueur de la sinistre morale bourgeoise qui règne alors, cela se conçoit aisément. Maupassant mettra en scène ce décalage dans une nouvelle trop peu connue intitulée Jadis. Vers les années 1840, une grand-mère dialogue avec sa petite-fille et est horrifiée par les propos de la gamine. L'idiote croit au mariage et à l'amour unique ! L'aïeule, vieille aristocrate, s'en étrangle : « On vous dit aujourd'hui : il ne faut aimer qu'un homme ! Comme si on voulait me forcer à ne manger toute ma vie que du dindon ! » Et elle rappelle les sages préceptes avec lesquels elle a été élevée, elle, soixante ans plus tôt : « Si une de nous était restée sans amant... toute la Cour en aurait ri ! » Peutêtre Maupassant force-t-il le trait. Il est nouvelliste, pas historien. Il souligne toutefois un fait auquel nous pensons trop peu. De notre point de vue du xxie siècle, compte tenu de l'histoire qui fut la nôtre dans les années 19601970, il est entendu que les jeunes générations sont plus libres que les anciennes, que la libération des moeurs suit forcément le sens d'un progrès constant. La confrontation du xixe et du xviiie nous rappelle que cela n'est pas vrai. Il y a des raisons politiques à cela : si le xixe affecte à ce point cette rigueur bourgeoise et pincée, c'est aussi par réaction au précédent. Dès 1789, le libertinage est associé à l'aristocratie, aux mauvais rois, à ce que l'on appelle désormais la débauche d'une société dont on a voulu se débarrasser. N'empêche, sous ce seul angle, la leçon est sans appel : comparer le siècle qui joue infiniment les « fêtes galantes » de Watteau à celui qui fait un procès à Madame Bovary pour attentat aux bonnes moeurs, c'est faire la preuve qu'il est des domaines où l'on n'avance pas toujours dans le bon sens. Importance des femmes Maintenant l'ombre. La belle Pompadour n'en a sans doute jamais eu conscience, elle a rendu un fort mauvais service à son genre en jetant pour longtemps l'opprobre sur un domaine particulier : le rapport au pouvoir. A priori, son siècle est celui des femmes. La vie intellectuelle, au temps des philosophes, se passe dans les salons. Qui règne sur ces endroits où se font et se défont les réputations, les carrières, les succès ? Des femmes. Les puristes tempéreront l'assertion : de nombreux salons furent aussi tenus par des hommes. Qu'importe. Les noms retenus par la postérité sont presque tous féminins : citons, pour la première moitié du siècle, celui de Mme de Lambert ou celui de Mme de Tencin, redoutable personnage au bras fort long. Elle était - entre autres amants - la maîtresse du Premier ministre du Régent, un cardinal. Ses mardis étaient réservés à ses amis des lettres, Fontenelle, Marivaux, tant d'autres. On lui prête ce mot fort juste : « À la façon dont il nous a traitées, on voit bien que Dieu était un homme. » Dans les années 1750, Mme Du Deffand prend la relève : fameuse est sa rivalité avec Julie de Lespinasse, pauvre jeune fille de province timide et douce qu'elle recueille par charité, et qui bientôt lui vole un à un tous ses invités de marque, les d'Alembert et les Diderot, pour monter, dans sa propre chambre sans grâce, un salon concurrent... Il ne faut pas se méprendre néanmoins. Ces reines de Paris ont un rôle important, mais qui ne sort jamais de la fonction qui leur est assignée : l'influence. Les femmes font et défont les carrières, mais ce sont toujours les hommes qui en ont les bénéfices. On admire toujours les oeuvres de ceux qu'elles recevaient. Qui se souvient des livres qu'elles aussi ont pu écrire ? Ou plutôt de ceux que les mentalités du temps les empêchèrent d'écrire. Parmi les contributeurs de l'Encyclopédie, nous rappelle André Zysberg, on trouve une seule contributrice : on lui fit écrire un article sur les bébés et un autre intitulé « Falbalas ». Diderot en a écrit 5 000. Rares sont les philosophes qui cherchèrent à repenser clairement la place des femmes dans la société : Condorcet, sans doute sous l'influence de son épouse, la brillante Sophie, est un de ceux-là. Les autres s'accommodèrent fort bien de l'état des choses. Mais au moins le rôle joué par les femmes dans la république des lettres ne fut pas remis en question par les époques suivantes : de grands salons tenus par d'autres femmes continuèrent à jouer leur rôle d'animation de la vie intellectuelle française jusqu'au milieu du xxe siècle. L'histoire est moins rose pour ce qui concerne un domaine encore plus névralgique : le pouvoir politique. Notre Pompadour y joue son rôle, en négatif, on l'aura compris. Pendant ses vingt ans à Versailles, son emprise venait des coulisses, mais elle était réelle. La marquise fit et défit les carrières de tel ou tel ministre, influa sur la politique étrangère, contrôla la politique tout court, représenta si bien le règne qu'on finit dans l'opinion du temps et la mémoire qu'on en garda par lui faire porter la responsabilité de ses pires défauts. Cette femme eut effectivement beaucoup d'influence auprès d'un très mauvais monarque. On en arriva à tordre le raisonnement pour en arriver à ce sophisme : voyez à quoi le pouvoir est conduit quand il est sous l'influence d'une femme. Elle ne fut pas la seule sur la liste noire des grandes impopulaires. Une autre après elle fut encore plus haïe : MarieAntoinette, l'Autrichienne conspuée par le peuple, celle que l'on appelait Madame Déficit à cause de sa propension (réelle) à creuser des trous un peu plus profonds dans des caisses déjà vides. Deuxième exemple qui tombait à pic pour discréditer un peu plus l'Ancien Régime et justifier ce à quoi le nouveau, après 89, va aboutir : exclure les femmes de la vie publique de la cité. Soyons bien clair : le procès qui est fait en particulier à nos deux antihéroïnes n'est pas sans fondement. La Pompadour, protégeant les arts et les artistes (Voltaire en tête), fut un vrai mécène. Elle ne fut pas une politique de grande ampleur, ne songeant qu'à servir son clan, jouant des carrières sur des caprices, poussant la France à un renversement d'alliances catastrophique juste avant la guerre de Sept Ans, se piquant de stratégie militaire, à laquelle elle ne connaissait rien : on prétend qu'elle suivait les mouvements des armées en posant ses mouches sur les cartes pour y faire des repères. Et dépensière avec ça. Il lui fallait des résidences et des palais, dont le plus célèbre, offert par le roi, se trouve toujours à Paris, rue du Faubourg-Saint-Honoré : l'Élysée. Marie-Antoinette le fut encore plus. Ses malheurs pendant la Révolution la transformèrent : elle n'entendit rien aux aspirations profondes du pays, elle poussa à des décisions catastrophiques mais elle eut, au moment de la prison, du procès, de l'échafaud, une attitude d'une indéniable dignité. Que d'inconséquence, que de frivolité avant 89 ! Elle joue, elle dépense, elle rit, elle s'amuse sans rien comprendre de ce qui se passe dans le pays dont elle est reine et fait tout pour l'empêcher de changer. Elle prend part à la cabale contre le réformateur Turgot et sa vertueuse volonté de mettre un peu d'austérité à la tête de l'État : il a osé demander au roi de refuser les pensions énormes qu'elle espérait pour sa grande amie la Polignac. Turgot est remplacé par Necker. Elle se déchaîne contre Necker parce que, en rendant publics les comptes du royaume, l'impudent a osé publier aussi le détail des dépenses de la Cour. Et après ? En quoi toutes les femmes devraient payer pour deux exemples ? L'injustice du raisonnement tient bien sûr à ce qu'on fait porter les défauts de deux individus à un genre tout entier. Louis XV était un gouvernant encore plus pathétique que ne l'était sa favorite ; les aristocrates bornés qui formaient la Cour au temps de Louis XVI étaient encore plus acharnés que la reine à faire barrage au changement : tous étaient des hommes. Personne n'en a jamais déduit qu'il aurait donc été raisonnable d'écarter à jamais le genre masculin d'un pouvoir dont tout montre qu'il est incapable de le gérer. Bien entendu, les raisons profondes qui expliquent la domination masculine sont complexes et viennent de loin : ni notre marquise ni notre reine ne suffisent à l'expliquer. Mais leurs exemples serviront beaucoup pour le justifier au
pompadour

« ravageuse pourlasociété qu’ilsétaient censésdéfendre.

Uneseule réplique, pourmémoire.

Lecomte, unpeu énervé : « Lesdomestiques ici…sont pluslongs às’habiller quelesmaîtres ! » EtFigaro, malicieux serviteur : « C’est qu’ilsn’ont pointdevalets pourlesyaider. » L’époque, enfin,professe uneliberté étonnante dansundomaine quelesiècle suivant s’emploiera àserrer dans un corset étouffant : lesmœurs.

L’exemple vientdehaut.

Onadéjà parlé desorgies dePhilippe, ducd’Orléans, régent duroyaume durantlaminorité deLouis XV (1715-1723) ethomme fortsympathique audemeurant.

Dans son Histoire dulibertinage 1 , Didier Foucault nousrappelle lamorale qu’ils’était donnée : « Parlepenchant de mon cœur, jevoudrais rendretoutlemonde heureux. » Quellemeilleure lignepolitique ? Arrivantaprèslui, Louis XV amoins d’humanité –pour sessujets, iln’en amême aucune –,mais ilsurpasse vitel’oncle surleplan sexuel.

Aujourd’hui, saufsonrespect, onl’enverrait sansdoute soigner cequi passerait pouruneaddiction : son goût delachair aquelque chosedecompulsif.

Aufameux « Parcauxcerfs », ladiscrète petitemaison deville que la Pompadour elle-mêmeluiavait faitinstaller àVersailles, illui fallait chaque joursoncontent dechair fraîche, soubrettes oufilles defamille offertes enobole enéchange defaveurs espérées, toutluiétait bonpourvu quecela portât jupon.

Aumoins, ilavait lepanache dedonner certaines liaisonsunepublicité impensable centansplus tard pour n’importe queldirigeant.

Ellechoquait déjà,ilest vrai, même àl’époque.

En1744, alorsqu’ilassiste ausiège de Metz avecsamaîtresse dumoment –la quatrième dequatre sœursd’unefamille depetite aristocratie qu’ila séduites àla suite ! –,iltombe gravement maladeetse croit perdu.

L’évêque deSoissons, sonaumônier, profitede sa terreur pourenfinir avec tantdedésordre etfaire revenir laroyale brebisàla vertu : ille contraint àune confession humiliante.

Ellesera lueauprêche danstoutes leséglises deFrance.

Lareine, leparti dévot triomphent. De fait, cesera uneerreur politique majeure : enrendant ainsipublique l’inconduite duroi, l’évêque imbécilea lancé unemachine àrumeurs quines’arrêtera plus,etila surtout contribué àdiscréditer lamonarchie qu’ilcroyait défendre.

Celan’amême passervi àsauver uneâme : sitôtrétabli, Louis XV reprendlavie qu’il entend mener, il chasse lesdévots etrappelle lamaîtresse dujour.

Ilyen aura beaucoup, beaucoupd’autres.Ladernière favorite célèbre, arrivantbienaprès lamort delaPompadour, estMme DuBarry, frivole, charmante, quivenait deloin, elle avait commencé sacarrière dansla« galanterie ».

Enlangue moderne, onappelle celalaprostitution. Le couple forméparLouis XVI etMarie-Antoinette estunpeu plus plan-plan, c’estlemoins quel’onpuisse dire :le pauvre Louiss’estmarié tropjeune, ilest contrarié parunpetit problème mécanique àun endroit stratégique, mais personne nel’aide às’en débarrasser.

Ilfaudra l’intervention énergiquedufrère delareine, maître duSaint Empire, venuquasi spécialement deVienne àVersailles, pourquel’affaire soitrésolue etqu’enfin l’épouxhonore l’épouse : ilétait temps, lemariage avaitétécélébré septansavant.

Lahaute société, deson côté, continue de vivre danslaplus grande liberté.

« Quin’apas vécu dans lesannées voisines de1789 nesait pasceque c’est quela douceur devivre. » Toutlexixe répétera enrêvant cemot deTalleyrand.

Auvude larigueur delasinistre morale bourgeoise qui règne alors,celaseconçoit aisément.

Maupassant mettraenscène cedécalage dans une nouvelle troppeuconnue intitulée Jadis . Vers lesannées 1840,unegrand-mère dialogueavecsapetite-fille et est horrifiée parlespropos delagamine.

L’idiotecroitaumariage etàl’amour unique ! L’aïeule,vieille aristocrate, s’enétrangle : « Onvousditaujourd’hui : ilne faut aimer qu’unhomme ! Commesion voulait me forcer àne manger toutemavieque dudindon ! » Etelle rappelle lessages préceptes aveclesquels elleaété élevée, elle,soixante ansplus tôt : « Siune denous étaitrestée sansamant… toutelaCour enaurait ri ! »Peut- être Maupassant force-t-illetrait.

Ilest nouvelliste, pashistorien.

Ilsouligne toutefois unfait auquel nouspensons trop peu.

Denotre pointdevue duxxie  siècle, compte tenudel’histoire quifutlanôtre danslesannées 1960- 1970, ilest entendu quelesjeunes générations sontpluslibres quelesanciennes, quelalibération desmœurs suit forcément lesens d’un progrès constant.

Laconfrontation duxixe et du xviii e nous rappelle quecela n’est pas vrai.

Ilya des raisons politiques àcela : sile xix e affecte àce point cetterigueur bourgeoise etpincée, c’estaussi par réaction auprécédent.

Dès1789, lelibertinage estassocié àl’aristocratie, auxmauvais rois,àce que l’on appelle désormais la débauche d’une société dontonavoulu sedébarrasser.

N’empêche,sousceseul angle, la leçon estsans appel : comparer lesiècle quijoue infiniment les« fêtes galantes » deWatteau àcelui quifait un procès à Madame Bovary pour attentat auxbonnes mœurs, c’estfairelapreuve qu’ilestdes domaines oùl’on n’avance pastoujours danslebon sens.

Importance desfemmes Maintenant l’ombre.Labelle Pompadour n’enasans doute jamais euconscience, ellearendu unfort mauvais service àson genre enjetant pourlongtemps l’opprobre surundomaine particulier : lerapport aupouvoir.

A priori , son siècle estcelui desfemmes.

Lavie intellectuelle, autemps desphilosophes, sepasse danslessalons. Qui règne surces endroits oùsefont etse défont lesréputations, lescarrières, lessuccès ? Desfemmes.

Les puristes tempéreront l’assertion :denombreux salonsfurentaussitenus pardes hommes.

Qu’importe.

Lesnoms retenus parlapostérité sontpresque tousféminins : citons,pourlapremière moitiédusiècle, celuideMme de. »

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