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DÉCHOIR, verbe intransitif.

Publié le 09/12/2015

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DÉCHOIR, verbe intransitif.  

Littéraire. 

A.—  Tomber dans un état inférieur à celui où l'on était, s'abaisser. Déchoir de; faire déchoir; ce serait déchoir. La préoccupation du rang, le souci de ne pas déchoir, hantaient ces familles (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, À cheval, 1883, page 398 ). Le bourg n'accepterait pas (...) qu'elle [Noémi] déchût de son rang de veuve admirable (FRANÇOIS MAURIAC, Le Baiser du lépreux,  1922, page 213) : 

Ø 1. De bonne heure ceux-ci [les enfants] sont sevrés de merveilleux, et plus tard, ne gardent pas une assez grande virginité d'esprit pour prendre un plaisir extrême à Peau d'Âne. Si charmants soient-ils, l'homme croirait déchoir à se nourrir de contes de fées...

ANDRÉ BRETON, Les Manifestes du Surréalisme, 1er.  Manifeste, 1924, page 31. 

—  En particulier.  Tomber en décrépitude avec l'âge. La bonne fille (...). A déchu dans l'horreur d'une immonde vieillarde (PAUL VERLAINE, Œuvres complètes, tome 3, Invectives, 1896, page 346 ). 

·    Commencer à déchoir. Synonyme usuel : décliner (confer Dictionnaire de l'Académie Française 1932). 

—  THÉOLOGIE.  Perdre l'état de grâce (originelle). Tu fis tomber Adam et tu fis déchoir Ève (VICTOR HUGO, La Fin de Satan, 1885, page 929 ). 

B.—  Au figuré.  Se dégrader, se défraîchir, s'altérer. Vaucogne n'en trouverait pas cinq mille francs, tellement il l'avait laissée déchoir [la maison] (ÉMILE ZOLA, La Terre,  1887, page 486) : 

Ø 2.... on pouvoit s'en fatiguer quelquefois [de Weimar] , mais on n'y dégradoit pas son esprit par des intérêts futiles et vulgaires; et si l'on manquoit de plaisirs, on ne sentoit pas du moins déchoir ses facultés.

GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 1, 1810, page 217. 

—  Par métaphore littéraire, avec recours au sens étymologique. Ce délire de croire que l'on peut cueillir son rêve, sans que la brusque cueillaison de ce corymbe chimérique n'en fasse déchoir les pétales au froid vent de la réalité (ANDRÉ GIDE, Correspondance avec Paul Valéry, 1891, page 77 ). 

Remarque : 1. Déchoir est un verbe défectif qui se rencontre surtout à l'infinitif et au participe passé. Cependant, outre l'exemple du subjonctif chez Mauriac supra, on rencontre chez Flaubert (Correspondance, 1852, page 421) je ne déchoirai pas, et chez Proudhon (Guerre et paix, 1861, page 91) une nation (...) ne périra, ne décherra même pas. 2. Le verbe se conjugue avec l'auxiliaire avoir quand il exprime une action et avec l'auxiliaire être quand il exprime un état résultant d'une action antérieure. État primitif de perfection, d'où la nature humaine est ensuite déchue par sa faute (François-René de Chateaubriand, Le Génie du Christianisme, tome 1, 1803, page 29). Comme j'ai déchu de moi-même depuis l'an dernier! (Colette, Claudine à Paris, 1901, page 197). 3. On rencontre dans la documentation l'emploi transitif, rare. Se consoler de leur déchéance avec ce qui les [les convertis] a déchus (François Mauriac, Vie Racine, 1928, page 239). Cet emploi n'est pas attesté par les dictionnaires généraux du XIXe.  et du XXe.  siècle, à l'exception de Davau-Cohen 1972. Dans Le Français moderne, tome 16, 1948, n° 2, page 93, A. Thérive le signale comme un fait \" d'observation courante, au moins depuis quelques années (...) au sens transitif de destituer ou, plus exactement, frapper de déchéance \". 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 15 

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