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DÉSIR

Publié le 02/04/2015

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DÉSIR

L'exégèse médiévale que reprendra Kant définissait la tâche de la philosophie par les questions : que puis-je savoir, que dois-je faire, que

m'est-il permis d'espérer ? Aucun philosophe classique n'a posé la question, que puis-je désirer ou pourquoi dois-je désirer ? C'est que pour tous, la réponse était claire je ne dois rien désirer, je dois simplement espérer ce qu'il est légitime d'attendre. Le désir est

étranger à la philosophie classique, comme la concupiscence de la chair l'est à la liberté de l'esprit. Cette exclusion, le désir la doit

sans doute à l'ambiguïté de sa nature ; c'est donc celle-ci qui fait problème.

Le désir est ambigu car il est à la fois relation d'un sujet à l'objet et abolition de cette relation.

1 — Dans le désir, la chose s'offre comme ce qui est situé à une distance telle que l'être qui vit le désir ne peut s'y porter immédiatement. Cette impossibilité d'abolir la diffé­rence se révèle dans le besoin qui manifeste l'altérité de l'objet et engage le processus du désir. Celui-ci peut paraître alors comme expérience d'une temporalité manifestant justement la distance à l'objet.

2 — Dans le désir, l'objet s'offre comme désirable, son absence est manifestée comme une présence : celle de l'objet

en tant que désiré, c'est-à-dire avant tout comme antici­pation de la consommation.

3 — Ces deux aspects s'impliquent l'un l'autre, car dans le fond rien ne s'institue comme présence objective dans le désir s'il n'est susceptible de manquer : si l'homme a faim, c'est qu'il a toujours mangé, mais que par ailleurs, sa nourri­ture n'est pas à sa portée, donnée dans l'immédiateté d'une présence naturelle. Le propre du désir est d'être illimité : dans la satisfaction, l'objet désiré se trouve détruit comme objet du désir ; la fin du désir paraît être son abolition : son être réside dans l'absence de l'objet, sa réalisation dans la présence de l'objet qui le fait disparaître. Mais par là il renaît, puisqu'à nouveau l'objet manque : la fin du désir n'est dans le fond rien d'autre que le desir.

·      C'est l'illimité du désir qui, pour les Grecs, l'excluait de l'Etre, c'est-à-dire de la dignité de l'achevé. C'est peut-être ce qui en fait la valeur aux yeux des contemporains ; comme manque, le désir est marque de la, finitude humaine, mais il est aussi la marque de l'infinité. Cette infinité est le propre de l'homme existant dans l'intersubjectivité, puisque dans autrui, ce que je désire c'est le désir qu'il peut avoir pour moi. Plus qu'un être pensant, l'homme ne serait-il pas une machine désirante ?

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