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FREUD (Sigmund)

Publié le 02/04/2015

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FREUD (Sigmund)

Né en 1856 à Freiberg (Moravie), premier enfant du second mariage de son père, il vient à Vienne à quatre ans et ne quitte cette ville que sous l'occupation nazie pour se réfugier à Londres où il meurt en 1939. Il fait de brillantes études au lycée (où il commence à ressentir sa condition 'de juif) et choisit la médecine sans vocation. Diplômé en neuropathologie, il est chargé de cours libre à l'université. Il entreprend dans le laboratoire de Brücke des recherches sur l'histo‑

logie du système nerveux. La nécessité de gagner sa vie l'oblige à quitter le laboratoire pour les consultations médicales où il rencontre pour la première fois cette catégorie de maladies qu'on appelle mentales. Des stages de psychiatrie à Paris, où il travaille avec Charcot et Breuer, à Nancy où il travaille avec Bernheim le mettent peu à peu sur la voie d'une nouvelle méthode d'approche des maladies mentales, dont l'élaboration qui donnera lieu à la psycha‑

nalyse, ne sera véritablement achevée que lorsqu'il en aura appliqué les premières ébauches sur lui-même vers l'âge de quarante ans.

D'une oeuvre immense, (l'édition standard anglaise réalisée de 1953 à 1956, et incluant la correspondance, comprend vingt-quatre volumes)

on retiendra les titres suivants caractéristiques des diverses périodes par lesquelles passe la constitution de la théorie psychanalytique :

1 — Première approche : Esquisse pour une psychologie scientifique (inachevée, composée en 1895), Études sur l'hystérie, en collaboration avec Breuer, 1895.

2 — Thèses fondamentales : l'Interprétation des rêves, 1900 ; Le Rêve et son interprétation, 1901 ; Psychopathologie de la vie quotidienne, 1901 ; Trois Essais sur la théorie de la sexualité, 1905.

3 — Maturation et pratique de la psychanalyse : La Technique psychanalytique (articles 1904 — 1918), Cinq Psychanalyses (articles 1905 — 1918), Cinq leçons de psychanalyse, 1909 ; Totem et Tabou, 1912 ; Introduction à la psychanalyse, 1917 ; la fin de cette période est marquée par la rédaction des articles publiés sous le nom de

Métapsychologie, 1915 (1), concernant essentiellement les notions de pulsion, refoulement et inconscient.

4 — Le tournant en 1920 : dans une série d'articles, Au-delà du

principe du plaisir, 1920, Psychologie collective et analyse du moi,

1921, Le Moi et le ça, 1923, regroupés sous le titre Essais de Psycha­nalyse, trad. franç. 1951, Freud remanie sa théorie de l'inconscient. Ces nouvelles conceptions commandent toute une série d'articles(Le

Ploblème économique du masochisme, 1924, La Négation, 1925,

Inhibition, symptôme, angoisse, 1926, etc.) et un ouvrage inachevé l'Abrogé de psychanalyse, 1938 (2).

1 . L'attitude d'une patiente de Breuer — Anna O. — qui cessait de manifester des symptômes hystériques lorsqu'elle évoquait un enchaînement de faits précis relatifs à son passé, mène Freud à l'idée selon laquelle les hystériques souffrent de réminiscences. La névrose est une défense volontaire contre des souvenirs intolérables, liés à un traumatisme infantile réel subi par le malade ; ce traumatisme serait une entreprise de séduction sexuelle effectuée par un proche (généralement le père). D'où pour la thérapeutique l'atta­chement à l'expression verbale du malade, et cette cure étrange qui, négligeant parfois les symptômes visibles, vise sous le nom de « catharsis « à débarrasser le malade du poids de ses souvenirs, en le faisant remonter jusqu'au passé infantile. De là à la psychanalyse, le chemin est encore long ;. Il faudra que par son auto-analyse, Freud remarque la géné­ralité du processus, et qu'il découvre dans l'attribution au père de la séduction, le voile du désir incestueux de l'enfant, pour que soient mis en place les concepts essentiels de cette pratique médicale.

2.  Les théories essentielles

1 — Le rêve et l'inconscient. En s'attachant aux rêves — les siens et ceux de ses patients — Freud est amené à considérer au-delà du contenu manifeste, dont on conserve le souvenir et qu'on peut raconter, un contenu latent qui en constitue le véritable sens. Pour l'analyste, le rêve manifeste est un rébus : il paraît absurde, mais on peut le décoder ; c'est qu'à l'inverse il y a un travail du rêve qui, s'effectuant sur les souvenirs, ou restes diurnes, les condense, les déplace, et en fait un texte apparemment vide de sens. L'analyse du rêve en vue du décodage de ce texte dispose de deux moyens : un fond universel de symboles, et l'association libre qui consiste à demander au patient d'exposer toutes les idées lui venant à l'esprit à propos de son rêve ; il est possible de reconstituer à partir de là les déplacements, condensations et symboli­sations par où s'est élaboré le contenu manifeste et de mettre au jour le contenu latent originel. Ceci conduit à trois postulats fondamentaux :

a — Il y a un déterminisme psychologique (les idées ne surgissent pas n'importe comment à l'esprit).

b — Tout acte d'un sujet humain possède une signification.

c — L'apparence absurde de certains actes (le rêve) provient de ce que cette signification n'est pas présente à la conscience du sujet.

La généralisation de ces thèses aboutit à la postulation d'un ensemble de processus inconscients, et par conséquent d'une instance psychique inconsciente, où non seulement le rêve (réalisation d'un désir inconscient), mais bon nombre d'actes de la vie quotidienne (lapsus, actes manqués, mots d'esprit) ont leur source.

2 — Les pulsions. Dès ses premières oeuvres, Freud tentait d'expliquer le fonctionnement du psychisme humain en termes d'énergie, susceptible d'être investie de diverses façons. En 1905, après avoir remarqué la constance des problèmes sexuels chez ses malades, il conçoit cette énergie sous la forme originaire de la pulsion sexuelle (libido) ; la pulsion, contrairement à l'instinct, n'est pas déterminée d'avance, elle a une histoire, passe par différents états : elle a une source (l'excitation de l'organe sur laquelle elle s'étaye), un objet (ex. : une personne de sexe opposé, de même sexe), un but (l'acte auquel elle pousse), voire une quantité. En déterminant une histoire « normale « (3) de la pulsion depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, Freud se donne le moyen d'expliquer les perversions sexuelles (déviations par rapport soit à l'objet, soit au but, soit à la source), a partir de l'histoire du sujet, et même de montrer comment certains traumatismes fixent la libido à des stades antérieurs à sa maturation normale.

3 — Les représentations de l'appareil psychique. Le problème fondamental posé par la démarche freudienne est alors de déterminer une théorie de l'appareil psychique,

susceptible d'en intégrer tous les aspects, et de permettre une explication des comportements pathologiques. Freud en donne deux descriptions à la fois dynamiques et topiques. La description la plus ancienne (première topique) consiste à concevoir le psychisme humain comme un système spatial composé de l'inconscient d'une part, et du préconscient-conscient d'autre part ; entre les deux, une censure (intério­risation des interdits) refoule certaines représentations. Les différents agencements possibles entre les différents types de représentations constituent autant d'équilibrations et de conflits dont la solution donne parfois lieu à la maladie (4). Ces équilibrations sont réglées par le principe de plaisir posant que l'ensemble de l'activité psychique a pour but de procurer le plaisir (et d'éviter le déplaisir), et par le principe de réalité posant que cette même activité, dans la mesure où elle est réglée par ce dernier principe, recherche la satis­faction en fonction des conditions imposées par le monde extérieur. Cependant, en. remarquant que :

1 — le sujet se donne une représentation du moi, susceptible d'être identifiée à diverses représentations, ou d'être défendue par rapport à d'autres ;

2 — que ces mécanismes « d'identification «, de défense sont aussi inconscients, Freud admet que l'inconscient ne peut coïncider avec le seul refoulé, ni le moi avec le préconscient-conscient. Ceci l'amène à concevoir une seconde topique, matérialisée par trois instances : le ça (lieu des pulsions), le moi, et le sur-moi (intériorisation des exigences et interdits parentaux) dont les rapports et les conflits constituent la vie psychique. Par là, il accroît le rôle des pulsions (accordant la meme place à côté de la libido — Eros — à un instinct de mort — Thanatos), dont les conflits représentent mythi-quement la vie psychique.

Ces deux topiques n'ont pas le même sens ; dans la première, l'inconscient se constitue à partir du refoulement qui est originaire ; dans la seconde, il y a émergence et différen­ciation progressive des diverses instances à partir d'un système de pulsions originaires (tout ce qui est conscient a d'abord été inconscient), et plongeant ses racines dans l'orga­nisation biologique. Freud n'a cependant jamais renoncé à concilier les deux points de vue (cf. le chapitre IV de l'Abrégé de psychanalyse).

·        La psychanalyse est avant tout une thérapeutique médi­cale, qui vise à guérir certaines maladies par l'intervention de relations personnelles entre le médecin et son malade, suscep­tibles de changer les investissements psychiques de ce dernier ; juger des valeurs et des limites de sa technique appartient à la médecine. C'est aussi une révolution dans les sciences humaines et la conception de l'homme. Les problèmes posés sont alors d'ordre épistémologique, voire ontologique (qu'est-ce que l'inconscient ? ). Mais Freud a lui-même appliqué la psychanalyse hors du domaine de la médecine, en montrant par exemple que l'art se constituait

par sublimation des pulsions. Dans Totem et Tabou, il explique comment la vie sociale est structurée par le mythe oedipien du meurtre du père ; dans l'Avenir d'une illusion, 1927, et dans Malaise dans la Civilisation, 1930, il essaie de montrer comment se constituent la société et les phéno­mènes religieux. La dualité des représentations psychiques signalée plus haut devient alors une ambiguïté essentielle. Si le refoulement est premier (Lacan), la société est par essence répressive, si c'est la pulsion, il convient d'atteindre la libération de l'homme par celle de ses instincts (Marcuse).

1.  Il faut concevoir ce que Freud entend, par métapsychologie, par rapport au sens du mot métaphysique (voir Anstote) ; il s'agit pour lui d'étudier les premiers principes, « d'éclaircir et d'approfondir les hypothèses théoriques qu'on peut mettre au fondement d'un système psychanalytique «.

2.  On trouvera une définition des principales notions de psycha­nalyse dans le Vocabulaire ; pour plus de précisions on pourra se reporter au Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis, P. U. F., 1967.

3.1 — Période dite de prime enfance (jusqu'à cinq ou six ans) durant laquelle la libido passe par trois phases : a — le stade oral marqué par un investissement narcissique de la libido fixé aur la zone orale ; b — le stade anal (2e et 3e année), la libido à la fois objectale et narcissique se fixe sur les fonctions d'excrétion ; c — le stade phallique (4e et 5e année) où les zones génitales sont le centre d'intérêt avant que les passions ne s'orientent vers les parents.

2 — La période de latence où entrent en jeu des barrières psychiques de répression. Les désirs enfantins sont refoulés, naissance de la pudeur, et des activités socialisées.

3 — Le stade génital qui est une récurrence du stade phallique, la libido est réinvestie dans des conduites sexuelles qui prennent leur forme adulte (source : organes génitaux ; objet : personne de sexe opposé ; but : coït).

 

4. Celle-ci a donc sa source dans l'histoire du patient et dans la structure de son appareil psychique. La maturation des pulsions fait par exemple qu'à un moment donné l'enfant investit sa libido sur le parent de sexe opposé, et doit alors composer avec les interdits. Si ce complexe de représentations (OEdipe) n'est pas surmonté, la solution du conflit sera trouvée dans la maladie.

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