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impatiente de parvenir à la fin de son récit.

Publié le 06/01/2014

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impatiente de parvenir à la fin de son récit. Elle ne veut pas tout vous raconter parce que ce serait une trop longue histoire, a dit Ewa. Klara a repris sa feuille de papier. Elle a lu : Et en plus de ces gens dans le bunker, nous avions la compagnie des souris, des rats et d'autres choses encore. Elle a dit, Nous avons survécu dans cette situation horrible jusqu'à ce que la guerre soit terminée. Elle a dit, Je dois vous dire qu'en 1942 les Allemands ont tué mes parents, ma soeur et mes frères. J'ai dit à Ewa après un silence, Demandez-lui si c'était au cours de la deuxième Aktion. Elles ont parlé et Ewa a dit, C'était la dernière Aktion. Son père avait survécu aussi longtemps parce qu'il était un spécialiste dont les Allemands avaient besoin. Et elle dit que plus tard, ça ne servait plus à rien, ça n'avait plus aucune importance. Juste après, alors que j'étais en train de parler avec Ewa, Klara nous a brusquement interrompus et lui a parlé très vite en polonais. Ewa l'a écoutée et a traduit. Klara vient de se souvenir de quelque chose qui s'est passé au cours de la première Aktion, lorsque sa famille et elle essayaient de se cacher pendant la rafle. Ils étaient chez des Polonais, chez un homme qui s'appelait Szymanski, il avait une tannerie. Szymanski ? Mais cet homme avait une tannerie et le père de Ciszko était boucher, je l'avais toujours entendu dire, avec un petit magasin de delicatessen à côté de sa maison. Bon, me suis-je dit, Szymanski était un nom très répandu. Et elle était sortie pour secouer un tapis, a poursuivi Ewa, mais ce type, peut-être que c'était Szymanski, a crié : Klara, les Allemands arrivent, va te cacher ! Elle est donc allée dans cet endroit de la maison où ils entreposaient le bois. La cloison n'était pas serrée et on pouvait voir à travers. Et elle vient de se souvenir, à l'instant, qu'un Allemand se tenait devant elle, regardait dans sa direction, mais ne l'avait pas vue. Et il avait un berger allemand avec lui, les nazis en avaient toujours avec eux - et elle était assise sur un morceau de bois et ils la regardaient, l'Allemand et le berger allemand, et elle les regardait, mais ils ne l'ont pas vue. Klara s'est calée contre le dossier de sa chaise et a dit à Ewa qu'elle voulait faire une pause.     Au bout d'un moment, Klara s'est levée et nous a servi un énorme déjeuner. Gefilte fish, borscht, saumon poché froid avec une sauce aux raisins, un pain délicieux. Oui, a-t-elle dit en souriant, elle avait fait le pain elle-même, et elle avait dû le faire hier, parce qu'elle n'aurait pas eu le temps de le faire aujourd'hui. En guise de rafraîchissement, elle a servi de la vodka dans des petits verres et s'est assurée que nos verres soient toujours pleins. Elle a fait une plaisanterie en polonais qu'Ewa, en souriant, a traduite : les poissons aiment nager, il faut donc boire de la vodka ! Pendant le déjeuner, nous avons pris soin de ne parler que de choses plaisantes : combien nos précédents voyages avaient été intéressants et excitants, combien nous avions apprécié de rencontrer les autres anciens de Bolechow. Nous avons parlé de Meg, de Jack et de Bob. Jack Greene avait été l'ami de son frère, a dit Klara. Elle a souri lorsque nous avons mentionné le nom de Shlomo : tout le monde connaissait, semblait-il, « le roi des anciens de Bolechow ». Elle allait souvent en Israël autrefois, a-t-elle dit, parce que sa fille, qui était morte d'un cancer depuis, y vivait. Nous avons parlé des anciens de Bolechow en Israël. Elle n'avait pas l'air de connaître les Reinharz et je lui ai donc raconté l'histoire remarquable de leur survie, cachés sous le plafond d'un club d'officiers allemands. Elle avait essayé de rencontrer Anna Heller Stern lors d'un de ses séjours en Israël, mais Anna était tombée malade et avait annulé au dernier moment. Comme Klara paraissait plus détendue, j'ai délicatement sondé ses souvenirs de la vie à Bolechow avant la guerre. N'importe quoi, ai-je dit, vraiment, et dans n'importe quel ordre. Estce que, par exemple, ses parents étaient très religieux ? Ses parents n'étaient pas particulièrement pratiquants, a-t-elle dit au bout d'une minute, même s'ils respectaient évidemment les grandes fêtes, Pesach, Rosh Hashanah et Yom Kippour. Ils se rendaient à la grande synagogue du Rynek, celle qui fut ensuite transformée en club pour les ouvriers des tanneries, seulement pour Rosh Hashanah et Yom Kippour. Matt m'a jeté un regard qui voulait dire, Exactement comme nous, et j'ai hoché la tête. J'ai demandé à Klara si elle se souvenait du genre de plats que sa mère préparait pour les fêtes. Challah, a-t-elle dit ; gefilte fish, a-t-elle dit. Tsimmes, s'est-elle rappelée en souriant au souvenir de ce savoureux plat de viande, de patates douces, de carottes et de pruneaux, servi pour le Nouvel An. Ma mère mettait du miel dedans parfois, disait autrefois ma propre mère en parlant de ce plat. Du miel ! Et j'ai pensé, avec cette tendresse protectrice particulière que, jusqu'à ce jour, je réservais à ma grand-mère morte, à la mère de ma mère, Nana : Tout ce travail pour un plat qu'elle ne pouvait pas manger. Nous avons mangé les mets délicieux de Klara et nous avons parlé du lycée commercial que Frydka et elle avaient fréquenté, des cours qui se déroulaient de huit heures du matin à deux heures de l'après-midi, du nombre de cours qu'elles avaient suivi et de leur difficulté respective. Toutes ces matières différentes ! s'est-elle exclamée. L'ukrainien, le polonais, les mathématiques, les sciences naturelles, la physique, la géographie, l'histoire. Ce qu'elle mangeait à Bolechow quand elle était petite : toujours du poisson le vendredi soir, de la carpe ou de la truite ; sinon, du poulet, de la viande ou même de la dinde. Sa mère était une cuisinière merveilleuse, a-t-elle dit. Mais comment pourrait-elle ne pas dire que sa mère avait été une grande cuisinière ! Elle a parlé des rencontres des garçons et des filles après l'école au Hanoar HaZioni. Du couvre-feu pour les adolescents, à huit heures, dans les années d'avantguerre. Du fait que, en y repensant, Frydka Jäger était une des filles qui ne venaient pas régulièrement aux réunions du Hanoar. Des films qu'elle avait vus, adolescente, au cinéma du Dom Katolicki. Je me souviens encore des films muets ! a-t-elle dit, presque fière. Charlie Chaplin ! Gary Cooper ! Ramon Novarro ! Les gens disaient qu'il était tellement beau ! Klara m'a proposé encore un morceau de gefilte fish. J'ai refusé poliment, j'en avais déjà mangé deux fois. Pourquoi compter ? a-t-elle dit. Elle a parlé des séances de ski dans les montagnes proches de Bolechow, des parties de volleyball à l'école, des parties de ping-pong (Matt et moi avons échangé un rapide regard : Pingpong ! ?). Elle s'est souvenue des uniformes de l'école : bérets pour les filles, casquettes pour les garçons. Chaque école avait des couleurs différentes. Elle a parlé des devoirs qu'elle et ses amies avaient à faire afin de se libérer pour les réunions du Hanoar. A quoi est-ce que vous vous attendiez ? a-t-elle dit tout à coup. Les gens vivaient normalement, vaquaient à leurs affaires normalement ; nous nous efforcions d'avoir des bonnes notes à l'école parce que c'était important pour nos parents, et c'est tout ! La vie normale ! Elle a parlé du jour de son mariage, pendant l'Occupation soviétique. C'était en mai, une matinée splendide. Elle portait une robe bleu pâle avec un manteau bleu foncé, et un petit chapeau. Et soudain, la neige et la pluie ! Ils avaient fait le trajet jusqu'au restaurant sur le Rynek dans un chariot tiré par des chevaux ; ils avaient invité tous leurs amis et parents dans ce restaurant. Mais Klara n'avait pas pu assister au dîner du mariage parce qu'elle avait de la température. Elle était malade, nous a-t-elle dit en hochant la tête au souvenir de cette étrange journée de joie, de neige et de fièvre. Qui était là ? ai-je demandé, content de la voir se détendre avec ces souvenirs heureux. Mes amis, a-t-elle répondu, les amis de mon mari, ma famille, mes frères, ma soeur. Chez le rabbin, c'était seulement la famille, et pour le dîner, toute la famille et tous les amis. Mais cela a été un dîner très modeste pour moi parce que j'étais malade. Comment s'appelait le rabbin ? ai-je demandé. S'en souvenait-elle ? Klara a réfléchi un moment et s'est écriée, Perlov ! Perlov ! Elle a fait un grand sourire et elle a ajouté. Je m'en souviens maintenant ! C'est un miracle ! Je me suis demandé si d'autres miracles allaient se produire. Au moment où Klara s'est levée pour aller chercher le dessert et où elle est revenue avec un énorme gâteau, j'ai demandé si elle se souvenait d'autre chose à propos des Jäger. La boucherie où elle allait acheter sa viande, par exemple. Est-ce qu'elle se souvenait qu'il y avait deux frères Jäger ? Elle a réfléchi et s'est écriée de nouveau, Oui ! Oui ! Je m'en souviens. J'étais une petite fille. Je me souviens des deux Jäger, l'un avait la boucherie et l'autre, c'était le père de Fryda... (Fryda, avait-elle dit : le nom sur le certificat de naissance, et non Frydka, le surnom ; pour une raison quelconque, cette infime variation semblait donner une autre dimension au souvenir, semblait rendre plus réelle la fille que je connaissais uniquement sous le nom de Frydka) ... ma mère m'envoyait acheter de la viande chez un des frères Jäger, mais j'allais chez un autre parce qu'il était plus près de chez nous. L'un d'eux était-il religieux ? Le propriétaire de ce petit magasin ? Puis, soudain, son visage a pris l'expression de quelqu'un qui sait. Tak, tak. Skandal ! Elle a dit quelque chose à Ewa qui s'est tournée vers moi avec un air mi-inquisiteur, mi amusé. Elle a dit, Les Juifs religieux ont commencé à boycotter cette boucherie ?   A CE point de la conversation, la nuit est tombée brusquement dehors et, sans doute à cause du repas pantagruélique et de la disparition de la lumière, l'atmosphère dans la pièce est devenue, semblait-il, plus lourde et plus sombre. Marek, je l'avais remarqué, avait écouté attentivement et courtoisement sa mère parler des jours de son enfance et de son adolescence, de la vie normale au cours des années qui avaient précédé la guerre, mais au moment où nous

« précédents voyagesavaientétéintéressants etexcitants, combiennousavions apprécié de rencontrer lesautres anciens deBolechow.

Nousavons parlédeMeg, deJack etde Bob.

Jack Greene avaitétél'ami deson frère, adit Klara.

Elleasouri lorsque nousavons mentionné le nom deShlomo :tout lemonde connaissait, semblait-il,« leroides anciens deBolechow ».

Elle allait souvent enIsraël autrefois, a-t-elledit,parce quesafille, quiétait morte d'uncancer depuis, yvivait.

Nousavons parlédesanciens deBolechow enIsraël.

Ellen'avait pasl'air de connaître lesReinharz etjelui aidonc raconté l'histoire remarquable deleur survie, cachés sous leplafond d'unclubd'officiers allemands.

Elleavait essayé derencontrer AnnaHeller Stern lorsd'un deses séjours enIsraël, maisAnna étaittombée maladeetavait annulé au dernier moment. Comme Klaraparaissait plusdétendue, j'aidélicatement sondésessouvenirs delavie à Bolechow avantlaguerre.

N'importe quoi,ai-jedit,vraiment, etdans n'importe quelordre.

Est- ce que, parexemple, sesparents étaienttrèsreligieux ? Ses parents n'étaient pasparticulièrement pratiquants,a-t-elleditaubout d'une minute, même s'ils respectaient évidemment lesgrandes fêtes,Pesach, RoshHashanah etYom Kippour.

Ilsse rendaient àla grande synagogue duRynek, cellequifutensuite transformée enclub pour les ouvriers destanneries, seulement pourRosh Hashanah etYom Kippour.

Mattm'ajeté un regard quivoulait dire, Exactement commenous, et j'ai hoché latête.

J'aidemandé àKlara si elle sesouvenait dugenre deplats quesamère préparait pourlesfêtes.

Challah, a-t-elle dit; gefilte fish, a-t-elle dit.

Tsimmes, s'est-elle rappelée ensouriant ausouvenir decesavoureux plat deviande, depatates douces, decarottes etde pruneaux, servipour leNouvel An.

Ma mère mettait dumiel dedans parfois, disait autrefois mapropre mèreenparlant deceplat.

Du miel ! Et j'ai pensé, aveccette tendresse protectrice particulière que,jusqu'à cejour, je réservais àma grand-mère morte,àla mère dema mère, Nana: Tout cetravail pourunplat qu'elle nepouvait pasmanger.

Nous avons mangé lesmets délicieux deKlara etnous avons parlédulycée commercial que Frydka etelle avaient fréquenté, descours quisedéroulaient dehuit heures dumatin àdeux heures del'après-midi, dunombre decours qu'elles avaientsuivietde leur difficulté respective. Toutes cesmatières différentes ! s'est-elleexclamée.

L'ukrainien, lepolonais, les mathématiques, lessciences naturelles, laphysique, lagéographie, l'histoire.Cequ'elle mangeait àBolechow quandelleétait petite :toujours dupoisson levendredi soir,delacarpe ou delatruite ;sinon, dupoulet, delaviande oumême deladinde.

Samère étaitune cuisinière merveilleuse, a-t-elledit.Mais comment pourrait-elle ne pas dire quesamère avait été une grande cuisinière ! Elleaparlé desrencontres desgarçons etdes filles après l'école au Hanoar HaZioni.

Ducouvre-feu pourlesadolescents, àhuit heures, danslesannées d'avant- guerre.

Dufait que, enyrepensant, FrydkaJägerétaitunedesfilles quinevenaient pas régulièrement auxréunions duHanoar.

Desfilms qu'elle avaitvus,adolescente, aucinéma du Dom Katolicki.

Jeme souviens encoredesfilms muets ! a-t-elledit,presque fière.Charlie Chaplin ! GaryCooper ! RamonNovarro ! Lesgens disaient qu'ilétait tellement beau ! Klara m'aproposé encoreunmorceau de gefilte fish.

J'ai refusé poliment, j'enavais déjà mangé deuxfois. Pourquoi compter?a-t-elle dit. Elle aparlé desséances deski dans lesmontagnes prochesdeBolechow, desparties devolley- ball àl'école, desparties deping-pong (Mattetmoi avons échangé unrapide regard : Ping- pong ! ? ). Elle s'est souvenue desuniformes del'école :bérets pourlesfilles, casquettes pour. »

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