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La justice et l’égalité des personnes. — La charité. — Solidarité et communauté.

Publié le 12/11/2016

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compris : on fait un lourd contre-sens sur l’égalité réclamée par les démocraties. En démocratie, les prescriptions, défenses et peines légales sont les mêmes pour tous les citoyens, sans considération de naissance, de situation et de fortune. Cette égalité juridique se complète par une égalité politique : dans la mesure des capacités, l’accession aux fonctions, grades et dignités publiques appartient à tous )es citoyens (cf. Déclar. Dr. de l’Homme).

 

Mais l'élément appréciatif s’est manifesté, se manifeste encore dans les conceptions de la justice sociale. Il y a deux thèses différentes, qui se traduisent d’ailleurs dans la politique et J’économique (cf. notre chap. ^^XIII, la question sociale) :

 

La première, dite  conservatrice ou « libérale » veut attribuer à chacun ce qui lui revient, selon son habileté, ses forces, ses « œuvres », c’est-à-dire le laisser libre d’accumuler et de transmettre les richesses qu’il a su acquérir. A chacun selon ses œuvres, ou à chacun selon son mérite. La deuxième préoccupation, c’est d’assurer à chacun, dans la mesure du possible, le droit à la vie : soit du travail, soit des subsides, et aussi des soins (hospitalisation, médicaments, etc.), à ceux qui, par la maladie, le chômage, la vieillesse, ne peuvent subvenir à leurs besoins.

 

A chacun selon ses besoins. (Entendre, ici, besoins dans le sens de ce que l’on nomme aujourd’hui le minimum vital). Cette deuxième préoccupation de plus en plus répandue datas le monde civilisé s’appuie sur la notion d’égalité des personnes devant ce que nous venons d’appeler le droit à la vie. Elle réclame, en somme, que les homml!s, dans une certaine mesure, soient également traités, en dépit de leur valeur inégale. Il y a, répétons-le, en pareille matière, un élément appréciatif qui évolue, cherchant son équilibre entre un égoïsme conservateur et un égalitarisme jaloux...

 

V. — JUSTICE ET CHARITÉ.

 

Quelles que soient les éminentes vertus de la charité, on ne saurait s’en remettre à elle — c’est-à-dire à des initiatives privées — pour régler la « question sociale ».

 

Dans la première thèse exposée plus haut (thèse dite « libérale ») la charité est une faveur accordée par le riche au misérable, par le fort au faible. Or, cette bienveillance n’étant, par définition, nullement obligatoire, risque de ne pas se manifester toujours là où il le faudrait et quand il le faudrait... Et puis, elle implique souvent, de la part du déshérité une sorte de mendicité qui, non seulement est dégradante, mais qui surtout entraîne toutes sortes d’erreurs et d’omissions. Des pauvres honteux périraient faute de subsides, tandis que des mendiants professionnels mettraient en coupe réglée la charité privée.

 

La thèse dite socialiste s’est insurgée contre la conception qui faisait, par exemple, qu’avant la loi sur les accidents du travail, un ouvrier mutilé était abandonné aux incertitudes, aux hasards de la

I. — LA JUSTICE EST UNE VERTU.

 

Les quatre vertus cardinales considérées par Platon comme constituant la perfection morale. sont : la sagesse (liée à l’idée de savoir), le courage, la tempérance et la justice.

 

Si nous insistons, dès le début du chapitre, sur l’idée de vertu, c’est pour que l'étudiant ne confonde pas (comme cela se produit trop souvent à l’examen) le principe moral à étudier ici avec le pouvoir judiciaire, avec l’ensemble des magistrats.

 

Et puisque nous parlons de confusions possibles, précisons, pour n’avoir pas à y revenir, que l’égalité, telle que nous avons à l’envisager (au sens, d’ailleurs, où elle figure dans la devise républicaine) ne concerne pas une égalité de fait, mais une égalité de valeur entre les personnes notamment une égalité devant la loi (suppression des privilèges).

 

Enfin, l’on ne confondra pas la charité avec l’aumône : c'est l'amour du prochain, c’est la vertu de bonté.

L’homme juste est, d'abord, celui qui respecte la loi. Mais notre définition serait insuffisante si elle se bornait à cela. Ajoutons donc que l’homme juste se préoccupe de ce qui est équitable, et non pas seulement de ce qui est légal. Dans ses rapports avec autrui, il ne se laisse guider par aucune partialité égoïste. Sa règle est de ne faire tort à personne, de ne pas abuser d’un avantage, de rendre à chacun ce qui lui est dû.

 

Si l’idée de justice, étymologiquement, se rapproche de l'idée de Droit, c’est que, dans son principe même, la loi c’est la moralité rendue obligatoire. Et les progrès du Droit consistent — nous aurons l’occasion d’y revenir — à intégrer dans la Loi positive ce qui, antérieurement, était considéré comme équitable mais n’était pas exigible.

justice

« 210 PHILOSOPHIE MORALE autrui ce que lui-même ne voudrait pas qu'il lui fût fait ; ou, disait Kant, à traiter autrui comme une fin et jamais comme un moyen.

En second lieu, dans une libre démocratie, l'idée de justice motivera, chez le citoyen, son option en faveur de réfo rmes, de dispositions légales nouvelles qu'il jugera équitables.

On s'accorde à distinguer, de manière pour ainsi dire classique : une justice concernant les personnes, une justice concernant les choses, une justice concernant le respect des contrats.

Mais, en résumé, il s'agit touj ours de respecter autrui, dans ses idées, dans ses sentiments, sa liberté, ses biens ...

« Toute action est juste qui permet à la liberté de chacun de s' accorder, selon une loi général e, avec la liberté de tous » (Kant).

Proudhon dira, unissant motivation et régulation : « La jus.tice, c'est le respect spontanément éprouvé et réciproquement garanti, de la dignité humaine, en quelque circonstance qu'elle se trouve compro­ mise et à quelque risque que nous expose sa défens e.

» II I.

- DIVERS ASPECTS DE L'IDÉE DE JUSTIC E.

Encore une subdivision, non moins classique, des aspects de l'idée de justice : 1° justice idéale, principe formel du devoir humain.

2° justice distribu tive, principe de proportionnalité du mérite et du démérite ; principe des sanctions organisées (y compris les récom­ penses).

3° justice commutative, qui, selon Aristote, s'exerce entre égaux, alors que la justice distributive s'exercerait entre «inégaux ».

C'est un principe de réciprocité, fondement des contrats.

4° justice sociale :principe d'égalité devant la loi, devant les charges ; principe d'organisation du grou pe, de façon à assurer le droit au travai l, à la subsistance, etc ...

5° justice politique : droits et devoirs civiques, liberté d'opinion, etc.

6° justice internationale : droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ; rapports juridiques entre nations ...

IV.

-JUSTICE ET ÉGALITÉ.

Dans un régime politique fondé sur le rang social, la justice con­ sistait dans le respect des inégalités établies.

Car il y a, nous le verrons à d'a utres propos, un élément apprécia tif dans l'idée de justice.

En régime démocratique, si l'on parle d'égalité, c'est, redisons-le, l'égalité des droits, et non l'identité de fait (ce qui serait absurde) entre indi­ vidus.

Il ne doit y avoir de privilèges pour personne.

C'est l'égalité des possibilités.

Quand on invoque contre ce pri�cipe les différences que l'on remarque, et que n'importe qui peut remarquer entre les hommes (force, intelligence, etc.) c'est que l'on n'a pas. »

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